Nous sommes à Londres, et Je suis assis en compagnie de Philippe Desimeur, le producteur manager autoproclamé des UFR. Nous sommes attablés, c’est le matin, nous avons bu notre café et nous apprêtons à partir pour le match Angleterre France dans le Tournoi des Six Nations à Twickenham. Il fait une belle journée printanière, ce qui est assez inhabituel à cette date. Les Rooke sont allés promener le chien, nous avons achevé la confection de notre traditionnelle bannière, il nous reste quelques instants pour une interview. Cette dernière va débuter de manière assez laborieuse et chaotique. Il faut toute l’opiniâtreté de votre serviteur pour la mener à bien.
Mitch : Philou, de quel évènement rapproches-tu ton année de naissance ?
Philou : (Silence).
Mitch : Tu es né quand d’abord ?
Philou : (Silence).
Il faut signaler qu’outre Philippe, Pierre et Pounet sont dans les parages qui discutent entre eux et observent le dialogue, puis rentrent et sortent pour fumer.
Pierre : Tu réponds ?!
Philou : Je suis né en 1900 (il réfléchit)…. 60 !
Mitch : Bon, alors qu’est-ce qui s’est passé en soixante qui te….
Philou : A part moi euh…. : Rien !
Pounet : La guerre d’Algérie !
Philou : J’étais trop petit, je me rappelle pas.
Mitch : (En aparté : ça commence mal !). Peux-tu nous raconter une anecdote de ton enfance ?
Philou : (Silence).
Mitch : (ramant pour amorcer le dialogue) Un évènement qui t’a marqué… un évènement familial ?
Philou : On a souffert, c’était triste.
Mitch : (ouf ! enfin un os à ronger) Pourquoi ? Vous avez souffert de quoi ?
Philou : (sans doute pudique à l’évocation des évènements terribles qu’il a vécus) ‘Tin, on est là pour voir un marche de rugby, qu’est-ce que tu nous casse les couilles avec tes questions ? Parle nous rugby Michel, tu n’as pas des questions sur le rugby ?
…….
Mitch : Troisième question (c’est pas gagné !), parle nous de ton premier 33 tour ?
Philou : (Silence).
Mitch : D’abord est-ce que tu l’as acheté ou est-ce que tu l’as volé ?
Philou : (Il s'emporte) Mais, mais, mais… Il est vraiment très con ce mec ! Est-ce que j’ai une gueule à voler des 33 tours ?
Pounet : Oui !
Philou : (offusqué) Des 45 tours oui, mais pas des 33. J’étais tout maigre à l’époque, ou tu voulais que je mette les 33 tours ?
Mitch : Moi j’ai un copain, il arrivait à piquer des 33 tours.
Philou : Il était gros ton copain.
Mitch : Non il était tout maigre aussi.
Philou : Alors il les cassait en morceaux pour pouvoir les emporter !
Pounet : Il les mettait dans son slip !
Mitch : Bon, alors ton premier 33 tours ?
Philou : Je ne m’en souviens pas. Pose moi des questions sur le rugby !
Mitch : (un peu excédé) ‘Tin, super interview ! Je sens qu’on va apprendre beaucoup de choses sur Philippe Desimeur. Alors quel a été ton premier contact avec un instrument ?
Pierrot : hé, hé, hé, il jouait à touche-pipi !
Philou : Un instrument… de musique ?
Mitch : Oui
Philou : Ah, pas de cuisine ! Silence. Je n’ai jamais joué d’un instrument.
Mitch : Jamais, même pas de la flûte à bec quand tu étais gosse ?
Philou : Ma première calculatrice ! Je l’ai eue très tôt.
Mitch : Alors.. est ce que ce premier contact avec un instrument t’a aidé à emballer les filles ?
Philou : Je viens de te dire que je n’ai jamais eu de contact avec un instrument : j’avais pas besoin de ça pour emballer les filles. La nature ma doté d’un instrument, je le dis pas trop fort, que je porte sur moi.
Mitch : (attéré, replongeant dans ses notes) As-tu des influences, des références musicales ?
Philou : Oui, les Undertakers.
Mitch : Excellente réponse
Philou : (lyrique) Là je pense qu’on va bientôt passer un cap avec ce groupe. J’ai décidé de prendre leur destinée en main ce matin. C’est donc une interview exclusive. Et je pense que la promition va partir très très fort.
Mitch : Est-ce que tu es plutôt Eddie Mitchell ou Dick Rivers ?
Philou : Alors pour la réussite, Eddie Mitchell, mais pour le Rock, Dick rivers.
Mitch : Penses-tu que les UFR soient un boys band ?
Philou : Boys peut-être mais vieillissants, et bande…pas trop.
Pounet : c’est gentil pour ta femme.
Mitch : En tant que producteur, comment travailles-tu, quelles sont tes sources d’inspiration, as-tu des habitudes, des rituels avant de travailler ?
Philou : (sur un ton pontifiant) Le problème, quand tu prends un groupe en mains, déjà il faut casser les personnalités des uns et des autres pour n’en faire plus qu’une. Ils ne sont pas tous d’accord. Là j’ai trois exemplaires du groupe avec moi, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une chanson. Alors il faut que je prenne les choses en mains et que je décide la chanson qui à mon avis est aujourd hui la plus capable de faire adhérer le public le plus large possible. Euh.. je ne peux pas le dire, là à l’interview la chanson. C’est une surprise, vous la découvrirez dans les bacs et on va la faire presser sur vinyle avec photos du groupe.. on est en train de trouver un truc sympa. Ca va être bien. Le concept est lancé, ce soir il y aura une communication du groupe à Twickenham, pendant le match de rugby.
Mitch : A ton avis, qu’est ce qui est le plus important pour les UFR, le studio ou la scène ?
Philou : La scène. Ça ils en ont même abusé à certains moments, au printemps dernier, parce qu’ils ont enchaîné concert sur concert ; ils se sont même usés. (Silence). Usés. Je pense que maintenant il va falloir faire un gros travail de studio parce qu’en définitive c’est le studio qui va déclencher des scènes : (il conclut, enthousiaste) On va travailler le studio !
Mitch : Et, est-ce que tu penses que pour eux il soit préférable de jouer dans des petites ou des grandes salles ?
Philou : Je pense que pour le chanteur il faut des grandes scènes surtout. Pas forcément des grandes salles, mais des grandes scènes. Pour les autres, bon, comme ils sont chacun dans leur bulle, ils s’en tapent un peu. (Rires). Mais bon on tachera de travailler tout ça, on va faire quelque chose de pas mal.
Mitch : En tant que producteur, tu es souvent en contact avec des fans du groupe, à ton avis il vaut mieux une petite ou une grande fan ?
Philou : Alors les fans c’est un peu comme les poireaux : il vaut mieux qu’elles soient grandes. Rires
Mitch : Rires… mais ça a des poils, les poireaux, en bas.
Oui, il faudra les épiler. fou-rire.
Mitch : Euh.. (rires).. Qu’est-ce que tu préfères chez les UFR, les reprises ou les compos ?
Philou : Ma femme ! (Rires).
Mitch : C’est pas une reprise ta femme. (rires).
Philou : (Rires). C’est pas une compo non plus ! (Sérieux) Non, c’est leurs compositions. Les reprises… D’abord les reprises, à mon avis, malgré tout leur talent, ils n’ont jamais réussi à atteindre le niveau des premiers. Par contre leurs compos, c’est un travail, on sent quelque chose, ils laissent transparaître quelque chose, et c’est là-dessus qu’on va travailler. Maintenant il faut que la compo prenne le pas. Les reprises c’est terminé, il faut tourner la page. On a tourné la page. C’est fini !
Mitch : D’accord. Tu connais bien les Undertakers maintenant, tu les as vu plusieurs fois en concert, quel a été ton moment de pied total en les écoutant ?
Philou : A la fin !
Mitch : Quand ils se sont arrêtés de jouer ?!
Philou : (rassurant) Noooon ! Quand le public a applaudi bien sûr!
Mitch : Et raconte nous ton pire moment en écoutant les UFR.
Philou : Alors on a touché le fond ! Mais il n’était pas très profond en plus, on l’a vite atteint, c’était pendant la féria. Dans un cinéma désaffecté, durant la deuxième soirée. Je me demande même si ils avaient branché les amplis. Ils sont arrivés, ils étaient en vrac. Je pense que là, ils ont eu un problème d’hygiène de vie, ils ont manqué de professionnalisme. Ils sont venus ils étaient déjà imbibés d’alcool : (faussement compatissant) c’était minable !
Mitch : Justement ça m’amène à la question suivante : Est-ce que tu penses que les UFR puissent jouer à l’eau claire ?
Philou : C’est le titre de la prochaine chanson ? Je pense qu’ils sont tout à fait capables, ils ont quand même un certain talent, et même un talent certain, pour certains, pas pour tous, mais bon, je ne voudrais pas semer la polémique dans le groupe. Mais il faut qu’ils s’entraînent à jouer à l’eau claire, parce que si on enchaîne et si on devient professionnel, bon…
On sait ce que sont devenus les groupes qui buvaient et se shootaient complètement ils n’ont pas pu durer. Regarde un Paul McCartney, il a toujours joué à l’eau claire, et il est toujours là.
Mitch : Oui, mais enfin par exemple si on prend les Status Quo, ils sont passé par des périodes comme ça.. Mais comme le phénix, ils renaissent de leurs cendres.
Philou : Ouais mais bon pffff. Prend les grands, Jimmy Hendrix, Janis Joplin, ils ne sont plus là. Jim Morrisson, il n’est plus là ! DALIDA et CLAUDE FRANCOIS (des larmes perlent à ses yeux), ils sont plus là. Je ne voudrais pas que ça arrive aux Undertakers. Il ne faut pas que ça leur arrive.
Mitch : Est-ce qu’en tant que producteur, tu te considères comme un artiste ?
Philou : (Silence). Ca c’est une question…Non, j’aime bien trop les artistes.
Mitch : Moi il me semble quand même que tu as un coté artistique.. D’abord tu es un mécène. Il y a un art à déceler l’artiste derrière le peintre en devenir.
Philou : Le peintre, ça c’est fait, maintenant je vais avoir l’art de faire découvrir les UFR.
Mitch : L’amitié, est-ce un moteur dans un groupe de rock ?
Philou : Au départ oui. Mais après, justement, il va falloir bien les encadrer, il va falloir être présent, on ne pourra pas les laisser tomber parce que après je pense que le groupe peut se déchirer facilement, je vois des personnalités différentes qui apportent toutes quelque chose de différent, il faut arriver à les laisser unis, et c’est là que je vais avoir le gros travail à faire. Mon travail ça va être de les garder ensemble pour ne pas que les personnalités des uns et des autres débordent.
Mitch : Un vrai travail de manager.
Philou : Voilà. Ils ont tous de grosses personnalités. Et c’est vrai que c’est difficile de mettre tous ces garçons qui se connaissent depuis fort longtemps ensemble. A un moment je ne voudrais pas que le succès fasse exploser le groupe. On a vu tellement de groupe exploser à cause du succès. Il va falloir construire un succès maîtrisé. On va monter crescendo. Par exemple par rapport à la presse etc.. il va falloir qu’ils soient au minimum en contact avec la presse. (Didactique, façon Sarkosy) Pourquoi ? Parce que certains risquent de déraper. C’est quand même des esprits fragiles, les artistes, il faut les protéger, il faut les accompagner, (il se désigne) et ça c’est le rôle de Philippe qui fait rien dans le groupe, il est là pour ça.
Mitch : Leurs thèmes, on les connaît : ils chantent la vieillesse, les années qui passent, la fatigue et le spleen, est-ce que tu penses qu’ils doivent continuer dans le rock gériatrique et dépressif ; ou bien qu’ils doivent aborder d’autres sujets ?
Philou : Le coté « vieux » ça les concerne un peu quand même, donc ils préparent leur avenir proche. Il faut être clair, appeler un chat un chat, ils leur reste quoi ? Il leur reste dix ans de bon devant eux !
Pounet : tu vas pas rester producteur longtemps, toi !
Philou : (imperturbable) Donc il faut en profiter. Le but est quand même qu’ils produisent. On les presse au maximum pendant très peu de temps. Parce que ce sont des citrons qui sont très murs !
Mitch : Oui d’ailleurs comme le disent les paroles : « du citron je prends le zeste, et de l’amour je garde le sexe ! »
Philou : Ce sont de très belles paroles.
Pounet et Pierrot (montrant des signes de fébrilité) : Bon, va falloir y aller maintenant, c’est pas là que ça touche comme dirait certain !
Mitch : (apaisant) Il reste trois questions… Quel est celui des membres du groupe que tu détestes le plus ?
Philou : Aucun, moi je les aime tous. Ils ont tous leur personnalité, ils ont tous du talent, le problème c’est qu’il fait mettre ces talents en commun. Ca souvent, c’est le petit problème, mais ça s’améliore, on voit qu’ils font touts de gros efforts pour y arriver. Naturellement certains sont obligés de travailler très dur pour y arriver, mais ils y arrivent et c’est ce qui fait plaisir.
Mitch : A ton avis, laquelle de tes qualités est indispensable au groupe ?
Philou : (surpris) J’ai des qualités ?
Mitch : (dubitatif) Tu dois bien en avoir une ?
Philou : Ah, c’est peut-être d’être le ciment de ce groupe. Il faut qu’on arrive à le lier. C’est un groupe important, qui comporte quand même beaucoup d’éléments. Il y en a qui sont âgés. Ca devient compliqué.
Mitch : Oui, sans compter le choriste intérimaire qu’on ne voit jamais.
Philou : Oui, alors lui on ne le sort que le printemps, une fois par an. Mais on peut le considérer aussi dans le groupe. Là il est en pleine période de bilan. Et après il faudra qu’on fasse le bilan nous aussi, pour savoir où on en est. Petit message personnel à Alain : garde un peu de voix, un brin de voix.
Mitch : Maintenant tu as quartier libre pour déverser ton venin, défoule-toi.
Philou : Je ne peux pas. Tu ne peux pas envisager l’avenir des Undertakers si tu as du venin en toi. (Paraphrasant Jean Claude Vandame) Il faut avoir des ondes positives, il faut être positif. Donc si tu es positif, tu y arrives. Il faut rester AWARE. Je les trouve formidable, ils s’éclatent. Il faut que ça dure !
C’est la fin de l’enregistrement. Tout le monde se lève, récupère son morceau de banderole et se précipite dehors pour attraper le train vers Twickenham.
Bags est désormais seul dans l’appartement. IL se dresse sur ses petites pattes arrières et vérifie que le vérou est poussé, puis se dirige en trottinant vers le salon. "Il love that guy, the bald one" songe-t-il. Il se verse un thé, avec un demi sucre, et s’allonge sur le canapé en lisant un bouquin sur François Truffaut que lui a prêté Simon. Les scones sont à portée de patte, il fait bon. Il se gratte."Oh my god, those frenchies", soupire-t-il…
dimanche 22 mars 2009
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21 commentaires:
je te lis souvent et comme tu rales du manque de commentaires je t' envoie un encouragement ou plutôt les félicitations , j' aime bien tes interviews
catou
Ah ça ! Ces interviews, on peut dire que c'est du vécu.
Surtout la toute dernière. Elle a été particulièrement vécue !
Parfois on vole de succès en succès, dans la hantise de la victoire de trop. je me demande en l'occurence si ce n'était pas l'interview de trop. Auquel cas, on peut dire avec la satisfaction du devoir accompli : Ca c'est fait !
Maintenant que l'interview de trop est derrière nous, on va pouvoir reprendre le cours normal de nos émissions et s'intéresser à ce que les guitaristes et autres bassistes voudront bien nous dire.
Et je ne parle pas du mystérieux batteur pépitophile. comme la boite de pandore trop longtemps restée close, j'imagine la logorrhée qu'il va nous déverser afin d'éclairer de sa lucide acuité notre groupe d'un jour nouveau.
En tous cas merci Catou pour tes encouragements, je sais que tu n'es pas prolixe, ceux-ci n'en ont que plus de prix. Mais outre des commentaires, nous attendons toujours des textes de ta part..
Des textes de femme pour apporter un peu de sens à ce blog de brutes.
bon, ben on a au moins appris une chose, c'est philou le ciment du groupe!
voila pourquoi, comme dirait un de mes amis belges,de temps en temps, ça s'est frite!
tout juste auguste!
c'est quand qu'on attaque les reprises de dalida?
tu l'as dit bouffi,et faudrait voir à bucher le cloclo aussi!
et comment gaetan!
et comme il faut un slowwww
on pourrait p'tet tenter un sheila ringo des familles non? du genre les gondoles.....qu'on rigole
pour sur arthur!
on va sacrement etoffer notre repertoire,y nous manque plus qu'un bon brant (mike) et en route pour la gloire!
T'as pas tors hector!
On est la pour rendre les gens heureux,faudrait p'tet qu'on s'ballade du coté de la normandie pour faire plaisir a gerard
Au fait, p'tite tête, y'a bien des vaches en normandie?
ouais,mais là, les gens vont dire qu'on en fait des stones!
absolument gontran!
mais les stones, faut les eviter! c'est un peu trop "rocky" comme dirait stalone
Bien vu l'aveugle!
t'as l'oeil du tigre
poun
poun
poun
poun
p o u n
p o u n e
p
o
u
n
e
désolé,j'avais fait plein d'effets rigolo sur poun, mais ça les a pas enregistré. crotte!
C'est tout de toi les messages Poun ? ou bien juste les "poun" ?
Moi je pense qu'un petit Daniel Guichard "mon vieux", ça irait bien dans notre répertoire, non ?
Et un Marcel Amont, peut-être ? le chapeau de Mireille, ou blond blond le soleil de provence ? ou l'inoubliable Mexicain Basané, un sombre héraut sur le nez ?
J'aime assez le coté Lafarge moi aussi, mais également je ne déteste pas le passage sur le concassage des personnalités..
Pour concasser des personnalités,
il faut avoir à faire des poulets, mais nous, mitch,ne l'oublions pas, nous sommes des aigles!
poun
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