Déjà le 500ème message. Le temps file, le temps fuit, chaque nouvelle saison chassant la précédente comme sous l’action de ce mistral qui balaie la vallée du Rhône quand je passe le barrage de Vallabrègue chaque matin pour me rendre au travail. Combien de lignes ai-je noircies, laissant filer mes pensées comme on lâche la bride à son jeune chien au bout de sa laisse extensible. Tiens, ça me plait bien cette image : des idées canines tout à tour dociles et aventureuses, vagabondant sur le trottoir de l’esprit, furetant ici et là, tirant sur la laisse puis stoppant pour gratter une puce agressive, avant d’être violemment tiré par le maître impatient, puis levant la patte sur le tronc lépreux de quelque platane malade poussant comme par habitude au milieu d’une grille en fonte circulaire envahie de mégots et de chewing gums écrasés et se lançant enfin en zigzag prudent à la suite d’une pensée-chienne au cul frétillant.
Des pensées la truffe au vent, des pensées printanières, trottinant à hauteur de jambes légères, avec pour zénith les jupes désinvoltes de leurs insouciantes propriétaires. Pensées libidineuses pour rocker sénile ? Pas si sénile pourtant le senior, qui se souvient encore comme si c’était hier des certitudes, des colères, des emportements, de la violence des sentiments qui agitaient son jeune corps tout juste sorti de sa chrysalide et impatient de tester ces émotions toutes neuves qui l’agitaient sans qu’il en maîtrise les outrances. Sans qu’il en ait même l’intention. Il voulait tout explorer, tout boire et manger, se gaver, dans sa boulimie de découverte dans son désir violent de repousser les murs, d’en abolir les limites et d’embrasser l’univers qui s’offrait à lui.
Depuis il a appris que si la science détermine un univers infini, le sien est beaucoup plus restreint, et les limites ne sont pas bien au-delà de la portée de son œil dont il s’aperçoit que l’acuité diminue sensiblement. Il est tenté de se résigner, et de se conformer aux attentes de ceux qui sont payés pour penser à sa place.
Mais il est un UNDERTAKER ! Et il se fout de ce qu’on attend de lui. Même s’il fait le dos rond, même s’il donne le change et fait mine de rentrer dans le rang, c’est un Rocker, un rebelle, un enfant des années soixante qui n’a pas oublié que sur les murs de son enfance on pouvait lire « il est interdit d’interdire », et que ses parents, ou en tous des cas des gens de leur âge avaient eu d’autres rêves de liberté, d’autres espoirs romantiques dont le souffle puissant balayait leur époque, comme le mistral qui souffle toujours plus fort quand on a passé le barrage de Vallabrègue.
Et quand dans la salle Jim Morrison il chante « A vous tous de la terre » il y met tout son cœur, il lui semble qu’il retrouve cette candeur, cette naïveté, cette tranquille assurance de l’innocence retrouvée que les jeunes actuels n’ont plus, emprisonnés qu’ils sont déjà dans le carcan pitoyable d’une société sans idéal. Les idéaux ne sont plus, remplacés par un pragmatisme étriqué. On ne s’indigne plus quand on est ado, à part peut-être parce que c’est Kévin qui aurait dû gagner la Star Acc, et que Julien Doré ils l’aiment « trop pas ». Le rêve se termine dès 15 ans, c’est déjà le moment de l’orientation, anonyme et bâclé où l’on décide en quelques minutes de l’avenir d’une jeune pousse. Où sont les rites initiatiques des tribus anciennes, terribles et flamboyants, mêlant jeunes et vieux, hommes et femmes, en une fête orgiaque, mémorable, qui faisaient de ce moment, de ce passage, un évènement exceptionnel ? Adulte avant que d’avoir été ado. On ne fait pas des études pour apprendre ou s’élever, mais pour se conformer aux futurs standards du marché du travail. L’élève est un produit standardisé, bientôt estampillé CE, soumis aux critères de la production de masse, élevé pour être productif. C’est un poulet de batterie, nourri au fast food pour une croissance plus efficiente et destiné à une consommation rapide. Comme son cousin aviaire, le poulet humain est sélectionné, conditionné par son environnement. Certains poulets sont parqués dans de meilleures conditions, bénéficient d’une cour plus grande, d’une alimentation plus équilibrée. Ces poulets là encadreront les autres, plus tard. Mais au final, ils restent des poulets.
Nous les Undertakers, nous sommes des aigles. Les derniers aigles des sept collines de Nîmes et du plateau de Garons. Nous planons, indifférents et fiers, au dessus de la masse des poulets. Notre regard porte loin, nos serres sont acérées et notre bec puissant. Nous sommes les seigneurs des costières, nous régnons sur la faune, formidables et magnanimes, protégeant les nôtres, indifférents aux clameurs des troupeaux et aux glapissements haineux des charognards.
Nous planons haut dans le ciel, nos rémiges frémissant aux forts courants, lorsque le Mistral se met à souffler sur le plateau de Garons, et que les airbus s’écartent de notre passage.
lundi 23 mars 2009
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3 commentaires:
Comme dirait mon chien adoré, moi l'aigle poun, j'me taperai bien une jolie brebis pour mon quatre heure
Putain,Mitch c'est tellement beau que j'ai pleuré toute la nuit mon légionnaire...
Non sérieusement il faut arréter la fumette à l'hospital car les singes vont revenir sur les eucalyptus de Bouillargues.
Le baou defenseur des animaux
ds la vizirette banale il y avait autrefois de la lessive ,mais ds celle de michel c'était une lessive spécial cerveau,plus blanche que blanche, et très efficace ,effets (bienfaits)garantis 20 ans (et plus).
ça plane pour lui
ktou
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