Ce matin, alors que le jour dardait à peine sous un manteau lourd de nuages gris, je poussai mes volets dans l’air acide et biseux.
La nuit avait été cruelle avec moi, m’entraînant dans de longues songeries insomniaques dont je n’avais pas éprouvé le poids depuis de longs mois. De fait le moment est charnière : à la poursuite que je suis de buts sans cesse renouvelés, je me débats dans une promotion difficile, une cinquantaine fébrile de frénésie contenue, et un groupe de Rock dont j’ai plaisir à avouer qu’il m’habite comme rarement j’ai eu une passion dans ma chienne d’existence.
Il était 10 heures donc ce samedi matin, lorsque ouvrant la fenêtre je constatai qu’un essaim de flocons virevoltait indolemment dans ce silence particulier propre aux temps neigeux. Le Palmier en face, en bute déjà aux affres de l’agonie due à la gourmandise assassine d’un papillon tueur, portait sur ses palmes le poids de cet hiver septimanique comme une prémonition d’une mort annoncée.
La veille au soir j’avais reçu mon aîné, la chair de ma chair, pressé qu’il était de m’exhiber sa nouvelle conquête. Elle était vêtue de noir dans un fourreau ajusté, et je ne la reconnus pas tout de suite dans la pénombre d’un hall chichement éclairé dans ces heures vespérales qui précèdent la cérémonie patriarcale du dîner.
Avec infiniment de pudeur contenue, il me la présenta gauchement, hésitant, troublé, mais fier, comme un jeune juif présente son prépuce circoncis aux hommes de la famille le jour de sa bar mistva.
Devant mes yeux incrédules, il fit jouer la fermeture éclair du fourreau de sa promise, et lentement dénuda cette dernière. Odile détourna les yeux, j’écarquillai les miens. Sa peau était de lait, comme la jeune bourgeoise longtemps cachée du soleil par une mère trop possessive et désireuse de préserver ses trésors du regard cupide des hommes.
Avec infiniment de précautions, il la dégagea enfin. Elle ne faisait aucun bruit. Elle se tenait là, au milieu du hall, silencieuse, un peu gauche.
Enhardi, un sourire radieux découvrant des dents parfaites, son beau visage baigné de larmes, il la caressa doucement, lui arrachant quelques harmoniques discordantes qui s’évanouirent aussitôt que sonnées, dans la lourde pesanteur de notre silence stupéfait.
Je l’ai achetée à Milonga cet après midi, nous précisa le fils prodigue. Elle déchire, hein ? ajouta-t-il dans son langage fleuri. 99 euros. Je pensai à Begbéder, qui lui pensait en francs.
J’y suis allé avec mon pote Fabrice. Lui aussi il s’est remis à la guitare. Je songeai par devers moi que je n’avais pas souvenir que mon fils se fut « mis » à la guitare à un quelconque moment de son existence, mais que bon, aux âmes bien nées etc..
Une « style Fender » d’un blanc immaculé, polie comme la Bentley du King, avec un manche en bois blond et une visserie étincelante. Des micros cuivrés, plus la housse, plus le support pour la poser, plus le bidule pour accorder la guitare, plus l’onglet : 99€ !
Qui dit que la musique ne se démocratise pas ?
Ceci dit la musique se démocratise, mais pas l’apprentissage. Car pour l’instant, difficile de déchiffrer au-delà des gratouillages généreux et frénétiques, le thème majeur de Trust dont il voulut me régaler.
De mon coté, fort de mon expérience trentenaire je produisis avec aisance un sol de très bonne facture, que j’enchaînai d’un ré péremptoire. Je conclus ma composition d’un remarquable barré, un fa me semble-til, qui arracha des larmes à l’assistance et alluma dans les yeux de mes enfants cette lueur d’admiration que j’aime à y trouver.
Me voici donc enfin prêt pour mon prochain outing. En effet quoi de plus noble qu’un chanteur de Rock, balançant avec désinvolture un mi, puis d’un mouvement souple faisant basculer la guitare dans le dos pour le reste du concert ? Ca va me plaire je crois !
Par ailleurs répétition sans histoires ce mercredi dernier, qui a réunie les musiciens et le chanteur autour d’un marathon correct mais peu inspiré.
Par chance j’avais pris la précaution de monter le son de mon micro afin qu’à l’enregistrement on prête moins l’attentions aux nécessaires imperfections du jeu de mes acolytes peu frénétiques.
Jésou nous a indiqué qu’il avait fait passer le CD à l’organisatrice du festival de Sainte Nitouche (comme aime l’appeler le Kéké). Espérons que le système auditif de la personne ne sera pas trop aiguisé, ainsi que sa capacité de jugement, ou que par égard pour Bruno, élève de son fils au cours de guitare, et compte tenu de la participation financière non négligeable nécessaire à cet apprentissage, elle abaisse un peu la barre des admissions en notre faveur.
Ce qui nous amène à Jako…
On peut raisonnablement pense que c’est grillé pour le CD dans les bacs à Noël, mais il reste un espoir pour Pacques, ou au pire pour la féria, bien qu’elle tombe un peu tôt en mai cette année. En effet depuis la captation du couple bassbatt, et quelques drops ici ou là, il reste les deux guitares, et accessoirement les voix à enregistrer. Sans compter la post-production.
Mais nous gardons le moral !
En même temps ça nous laisse du temps pour travailler les 14 compositions perso à notre actif, d’autant que Pierrot traîne un peu ces temps-ci, arguant qu’on l’inonde de textes. Textes au demeurant exceptionnels, tout le monde en atteste.
Bête de scène en tous cas est en très bonne voi(e-x). On en est au stade du calage, ça fait une dizaine de fois qu’on le joue, ça commence à bien couler.
D’autre part le leader maximo a dans sa musette deux Rocks, qui s’annoncent sous d’excellents auspices (ce qui est de bon augure).
samedi 15 décembre 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
2h du matin, de retour de chez les Desimeur. grôôsse soirée. très bonne boisson ambrée, jurançon, vin rouge de bonne facture, foie gras, truffes de la propriété. gigot de sept heures, patates aux cèpes, gateau croustillant au chocolat. rien à dire !
on a écouté le CD des Undertakers sur la poire du Mas du Juge. Ca passe bien...
Coco Landra et Daniel Deroc se laissent bercer par mos ritournelles...
Enregistrer un commentaire