J’ai bien aimé la répète de ce mercredi. Au premier chef parce que le groupe était au complet, choriste et pianiste comprises.
Mais je vous en dirai plus sur celle-ci ; il me faut d’abord remettre les bœufs devant la charrue en précisant que nous sommes arrivés au Smith’s Hall en même temps que Phil le K qui (entre parenthèses) roule assez dangereusement dans son Audi TT puisqu’il nous a talonné en plein phares durant toute l’approche finale du lieu depuis la route de Sauve. Ma petite 107 n’était pas de taille, d’autant que j’avais charge d’âme en la présence à bord de deux frêles personnes, Odile et Lolo. Ce n’est pas très prudent, Phil, et à la descente du véhicule, dans l’allée, j’allais t’en faire la remarque, courtoise mais pressante lorsque je te vis sortir du gigantesque coffre de ta voiture de luxe un sac à cymbales en papier, décoré de couleurs vives. L’intérêt je l’avoue, prit le pas sur l’indignation. Tiens, me dis-je il a commandé une nouvelle Zingaro. On le sait Zingaro (ou est-ce Zildjian ?) est une marque réputée d’instruments pour batteurs et je me fis la réflexion, par devers moi, que la kinésithérapie décidément était un métier bien lucratif. Quand on y songe(et ce serait là le songe d'une nuit d'hiver), c’est un étrange boulot, qui permet de passer ses nerfs sur des gens en toute impunité tout en a-massant somme toute agréablement des fortunes considérables.
On se rappelle Stalone « Rocky » s’acharnant sur des quartiers de bœuf dans un abattoir pour raffermir ses poings ; Phil, lui, se défoule sur des fessiers et des épaules pour calmer ses nerfs, ce qui explique en grande partie son flegme légendaire en séance malgré la frénésie qui règne en général lors de nos sessions. Je ne te jetterai pas la pierre, Phil, chacun a besoin d’un défouloir, d’un exutoire, le tien vaut bien tous les psychotropes que la médecine nous propose. Par contre Rocky avait l’habitude, dans ses moments d’exultation de crier Adriannnnnneee ! le nom de son épouse, la bouche déformée par un rictus rageur, les veines de son cou gonflée par l’émotion. J’aimerais bien qu’à son exemple, lorsque tu exécutes avec succès un enchaînement particulièrement difficile, tu te laisses un peu aller et hurles Maaarie-Françoiiiiiiiiise. Je crois que tu devrais travailler cela, ce serait en quelque sorte la marque des UFR. Je te verrais bien à la fin de « cent balles » au moment où Jésou se lâche et laisse traîner interminablement la note finale et saturée de sa Fender, te lever soudain, dans une transe extatique, jeter comme tu le fais si bien tes baguettes derrière toi et hurler Maaarie-Françoiiiiiiiiise au public soudain tétanisé. Réfléchs-y. Prends ton temps, repasse le film dans ta tête, au besoin visionne à nouveau l’intégrale des Rocky, mais à mon sens ça apporterait un réel plus pour l’image du groupe.
Quoiqu’il en soit je regardais cet étui à cymbales lorsque tu précisas, notant mon regard, « j’ai apporté une galette des rois ». Magie de l’instant.
Et de la galette il y en eut. Après que nous eûmes installés le matos à la SJM où déjà travaillaient Pascou et Jésou, nous rejoignîmes à l’étage Sylvie. Le café était déjà prêt, et notre hôtesse s’affairait à servir des assiettes de galettes et de pognes agrémentées d’une sorte de barre chocolatée confectionnée par Cyril. Le tout était accompagné de Cidre. Du Cidre traditionnel, « naturellement trouble » comme le précisait l’étiquette, et ce, « depuis 1824 ». On sait la difficulté que nous avons à contrôler la turbidité de l’eau de nos piscines en été, qui vire en un rien de temps sous les chaleurs moites du mois d’août malgré l’efficacité du filtre a diatomé, on comprend aisément que le cidre qui a passé presque deux siècles sans qu’on s’en occupe présente un léger aspect trouble lors de sa consommation. D’autant que le breuvage était conditionné en bouteilles plastique d’un litre et demi.
« Je me suis dit : 1,5 l ça correspond à deux bouteilles normales, et comme je savais que deux bouteilles ça ne suffirait pas, j’ai pris deux bouteilles plastique, c’est moins encombrant, et en plus moins lourd, ça fait le poids du verre en moins » précisa Sylvie. Inutile d’ajouter qu’après deux parts de galettes, et la barre chocolatée, plus le café, et les trois verres de cidre, surtout si on précise que pour le dîner nous avions eu des pâtes à la carbonara, nous étions « couffle comme la reine d’Arles » comme on le dit chez nous, et un peu inquiets quant au déroulement de la séance à venir.
Cependant le quinquagénaire en a vu d’autres. Nous nous installâmes bravement afin d’affronter cette répète avec la pugnacité qui nous caractérise. Là je me dois de faire une petite digression. Ce n’était pas la première fois que nous rentrions à sept dans l’alcôve qui nous sert de salle de répétition. Ceci sans offense Jésou, le coté intimiste et la proximité des corps, dans une ambiance fraîche en hiver, surtout depuis que nous prônons la mixité favorise le travail en commun, et contribue pour beaucoup dans le foisonnement de notre inspiration.
Depuis le temps nous avions pris nos marques et chacun savait où se placer. Les musiciens occupant la majorité du terrain, les chanteurs se tassant tant bien que mal dans l’espace exigu qu’on voulait bien leur abandonner.
Inexplicablement, ce soir ça ne rentrait pas. Pascou surtout, et son instrument démesuré, ne « passaient pas ». Je le regardai, dans la cacophonie habituelle qui préside au début de nos travaux, se tourner, se retourner, tenter d’introduire son imposante anatomie dans l’espace jusqu’ici suffisant à l’expression de son art, sans succès. Que s’était-il passé depuis la dernière fois ? Nul ne le sait. Sans doute une expansion du périmètre de notre guitariste solo, dont l’ego déjà démesuré exprimait ainsi sa soif de puissance. On relégua donc l’infrabassiste près du guitariste rythmique, qui lui-même joua près de la porte, tandis que le Leader Maximo, marquant son territoire, s’adjugea quasiment un mètre carré pour lui tout seul !
Une fois que chacun se fut calé dans l’espace restant, nous pûmes commencer. Je me souviens encore de la consigne de départ : « On va jour doucement, car ce soir nous allons travailler les voix, les harmonies, les choeurs ». Je m’en rappelle bien, et ce matin, à l’heure où j’écris ces lignes, j’ai encore au travers des bourdonnements qui en affectent quelque peu la sensibilité, cette recommandation de Pierrot dans les oreilles.
On me fit interpréter « cent balles ». Lolo repérait au piano les notes que je chantais : en sol, puis en mi. Odile et Pierrot se distribuèrent les tons dans lesquels placer leurs voix. Pendant ce temps je m’émerveillais : j’étais capable de chanter en sol, et même en mi. Je devenais un pro. Pour la première fois de ma vie, je savais très précisément ce qu’était un sol. J’en avais entendu parler, bien sur, comme tout le monde, et d’un point de vue intellectuel je savais que le sol se situait entre le fa et le la ; mais là, j’avais enfin dans ma tête une représentation précise du sol. Si on me demande un sol désormais, je suis capable de le reproduire : je sais que quand je chante « cent balles » c’est un sol. C’était magique, j’avais appris la première lettre de mon alphabet musical. Plus que 6 !
Bon après ça s’est gâté, et j’aurais pu chanter en si 7ème diminué que personne ne se serait aperçu de rien : La marée sonore a déferlée. Mais tout de même, en prêtant l’oreille attentivement, on percevait bien l’harmonie des voix distribuée sur la portée, et c’était très plaisant.
Nous avons longuement travaillé sur « Cent Balles ».
Quand je chante, en général, j’aime bien faire parler l’instinct. J’aime cette liberté de m’adapter aux circonstances du moment, de faire passer de l’émotion. Pendant le refrain surtout, j’agrémente le texte de petites variations a type de « wuaouhhhrrrh » que j’estime du meilleur effet. « On » me fit comprendre que si je pouvais en diminuer les occurrences, ce ne serait pas plus mal. Je me pliai donc difficilement à l’exercice, produisant selon moi un chant plus neutre, mais qui sembla satisfaire mes partenaires. Je crus même déceler dans leur regard un certain soulagement. Je m’astreignis donc à policer mes vocalises. J’avais dans l’idée que le chanteur était comme un « freelance » qui peut se permettre certains écarts d’interprétation du moment que la base des chœurs eux assurent la voie mélodique. Un peu comme le font le guitariste solo et le guitariste rythmique. Mais il semble que le chanteur n’ai pas la possibilité d’explorer la gamme pentatonique durant ses refrains, à la différence du guitariste solo qui peut broder un peu ce qu’il veut tandis que les autres assurent derrière. En fait j’ai surtout dans l’idée qu’un bon chanteur peut le faire, mais que pour le moment je n’en suis pas à ce niveau.
Sur « Oublie » nous chantâmes une première version dans laquelle les choristes se joignaient à moi sur l’ensemble du refrain. On trouva ça brouillon : nous épurâmes. On le voit il n’est pas aisé de placer les voix, et ça me conforte dans l’idée que les Shadows étaient dans le vrai, qui ne jouaient que de l’instrumental. Non, je plaisante. Lors de l’écoute de la captation de la soirée, sur l’enregistreur de Pierrot, on vit bien que ce dernier avait raison.
En fin de séance, comme il était 23 heures, nous commencions à plier bagages par respect pour notre hôtesse, mais Jésou ne l’entendit pas de cette oreille (ni de l’autre d’ailleurs !) et insista pour qu’on exécute le traditionnel marathon, enchaînant les titres avec une jubilation qui faisait plaisir à voir.
Pour le reste soulignons la quasi perfection des finaux.
jeudi 15 janvier 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Et ben voilà les poteaux ,je vous envoie donc comme convenu les Oeuvres musicales dont nous sommes coupables.
Vous conviendrez sans doute avec moi que quelques conclusions s'imposent :
¤ On est prèts pour Bercy
¤ Nous avons là enfin la preuve flagrante que , contrairement à ce dont se plaint régulièrement notre vénéré chanteur, on entend bien les voix !
¤ 'Faîtes chier j'entends pas ma gratte
¤ C'est con mais je ne serais pas disponible le soir où on doit jouer au Haddoc (Une tante subitement malade )
si tu ne roulais pas dans une microcar surbaissee tu te serais aperçu que je n'etais pas en phares mais en codes, il est vrai que je n'avais pas de mal a te suivre,en premiere c'est pas difficile(meme si c'etait une option tu aurais pu prendre la boite a deux rapports)
quant au cri primaire je vais y reflechir..............longtemps!!!
phil le k
oui en effet, on entend bien les voix, juché sur le rebord de l'étagère du fond à la SJM, à presque deux mètres de haut. va falloir que je chante de là haut, l'acoustique est top. tu m'as rassuré Pierrot.
Enregistrer un commentaire