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samedi 31 janvier 2009

Quand le Chat N'Est Pas Là

J’attendis Antoine Sarkis vingt minutes en écoutant les Undertakers, seul dans ma discomobile version XL alors que le froid mordant attaquait l’hévéa des joints de portières sous la chiche et lugubre clarté d’un lampadaire près de l’école de Valdegour. J’étais seul car Odile et Lolo avaient préféré faire le voyage à Montpellier pour écouter Julien Clerc plutôt que remplir leur devoir musical hebdomadaire. J’appris plus tard, de retour de la séance, que le concert avait été « pas mal », le Zénith étant comble pour l’occasion, et que Julien avait chanté sans entracte durant deux heures pleines, confessant au public son trac et ses trous de mémoires, mais aussi son apprentissage de la guitare et de l’harmonica. Malgré ces informations essentielles, cela ne me donna pas de regrets rétrospectifs, car de notre coté la soirée fut riche et productive.

Vous vous souvenez peut-être d’Antoine Sarkis, collègue de travail, excellent musicien, aussi à l’aise avec les touches qu’avec les cordes, bien que son instrument de prédilection soit la batterie. Il était venu il y a un an assister à nos premiers balbutiements. J’étais impatient de connaître son avis après tout ce temps. C’est à sa demande que je m’étais permis de le convier à cette répète du mercredi, avec l’approbation de Jésou.
En arrivant dans l’allée de Smith’s Hall, je fus surpris de ne pas trouver l’Audi de Phil le K. Il dispute d’ordinaire à Pascou la place enviée de premier arrivé. Nous montâmes l’escalier et plongeâmes dans la chaude atmosphère de la cuisine des Fabre, accueillis avec affection par Kaïa La chienne des Carpates. J’introduisis « Odile formule enrichie » auprès de la maisonnée, m’étonnant de l’absence du Carré. C’est alors que je me souvins qu’il nous avait averti, la semaine précédente de cette défection conjoncturelle.
Alors que Pierrot faisait son entrée, constatant avec nous la carence de batteur, nous nous lamentions de cette catastrophe lorsque soudain je pris conscience qu’Antoine, par ailleurs remarquable vidéaste, qualité pour laquelle il avait été requis en première intention, était également et surtout, parmi les multiples cordes tendues à son arc artistique, un batteur de première bourre, il nous l’avait démontré quelques mois auparavant déclenchant une pandémie dépressive au sein du groupe.
C’est totalement apaisés donc, que nous rejoignîmes l’Antre, l’immuable SJM et en investîmes l’espace.

Antoine joue et anime une formation « chrétienne », d’inspiration jazzy et Gospel. Son répertoire est par conséquent sensiblement différent du notre tant au niveau de la forme que du fond (et j’insisterai particulièrement sur ce dernier élément !). Cela ne l’empêcha pas cependant, après s’être assis et avoir réglé sa position, d’attendre sereinement que la répète commence. Nous débutâmes par les « morceaux faciles » c'est-à-dire les plus anciens, Ecolo, Protest et Spam. Non pas par égard pour Antoine, mais plutôt afin que nous puissions nous décontracter. Même si tous connaissaient « Tonio » Et appréciaient sa présence, il n’en restait pas moins qu’il était l’élément extérieur de la soirée, spectateur attentif de nos gesticulations, et que nous redoutions ses observations.

Nous plongeâmes finalement dans le grand bain, Pierrot entraînant Antoine à sa suite dans le riff d’intro sur Ecolo. Tandis que je chantais, je notai qu’Antoine donnait l’impression de connaître le morceau, battant sans hésitation, marquant les reprises et les ponts. Je me dis aussi par la suite que tout de même la structure d’un rock est assez codifiée et qu’un bon musicien n’a pas grand-peine à se couler dans notre moule : Pierrot a fait en sorte dans ses compos « à l’usage des nuls » que le chemin soit balisé et sans trop de difficultés majeures, surtout dans ses premiers arrangements. Seuls des titres comme « Marre » prirent Tonio en défaut : Il ne pouvait savoir qu’il y avait plusieurs breaks. Mais même dans ces circonstances, son tempo ne varia pas, et il soutint efficacement l’ensemble.

Par contre je fus à plusieurs reprises dérouté par le toucher particulier de « l’Arménien » (Antoine est en partie d’origine Arménienne). Il utilise beaucoup les cymbales et à un toucher très léger, très swing, assez syncopé, utilisant par exemple le contre-temps. Nos compos prirent une couleur nettement plus jazz, au point que par instant, j’avais l’impression de découvrir un titre nouveau.
En tous cas cela démontre s’il en était besoin l’importance du batteur. Phil a un phrasé moins désinvolte, plus sûr, qu’il a su adapter au tempo binaire du Rock. On imagine qu’il doit se faire violence, lui qui est aussi issu du jazz, pour s’adapter.

Pierrot, je ne su si c’était sous le coup de la chaleur ou de l’émotion, eut plusieurs trous de mémoire, des passages à vide, et quelques solos firent les frais de sa distraction. Le léger rhum coca inaugural en fut-il un facteur, une fatigue résiduelle, ou bien la présence d’Antoine furent-elles les éléments déclencheurs ?

Il était amusant d’observer les musiciens en présence de ce corps étranger que constituait Antoine. On aurait pu craindre que comme pour toute greffe, quelque système immunitaire tenta de l’éliminer. Qu’un phénomène de rejet se manifesta d’une quelconque manière. Il n’en fut rien, au contraire. Je notai une forme de déférence amicale chez mes amis à l’endroit de notre batteur d’un soir. Même Pierrot, dont les regards enrichis au carborundum transperceraient la carapace du plus endurci des musiciens de studio, écoutait avec attention les diverses et courtoises remarques de notre invité lorsque ce fut le moment du débriefing et de l’écoute de l’enregistrement effectué au cours de la répète, dont voici à la suite, un condensé :

Nous avons tendance à jouer fort ; même si le niveau initial est acceptable, il augmente sensiblement au cours de la séance. Bon, là notre Tonio ne s’est pas foulé, le simple bon sens et un décibel-mètre correctement étalonnés eussent fourni la même information. Pour une fois cependant, je m’associai aux contrevenants : j’avais sournoisement monté le son de mon micro en prévision.

Pour pallier ce problème de nuisance sonore, nous devrions acquérir un système d’oreillettes. Elles sont moulées individuellement, directement sur l’organe et ne coûtent que 2500€ pièce. Nous actâmes le coût. Nous le traduisîmes en « bridges » pour notre bassiste, qui convint qu’il en ferait son affaire.
A défaut, deux ou trois « bains de pieds » judicieusement répartis suffiraient à ce que chacun puisse entendre les autres.
Antoine, qui entendait mal la basse et la guitare solo nota sur l’enregistrement un léger décalage dans le tempo. Il pensa que ce qu’il préconisait réglerait à la fois le problème d’audition, et de synchro de l’ensemble.

Dans sa mission d’audit au sein de notre formation, il accorda également, et ce fut une surprise, un satisfecit remarqué à notre guitariste rythmique. La prestation de ce dernier ne fut entachée d’aucune faute majeure, et il fut crédité d’une attention particulière dans l’exécution des titres, ceci traduisant selon notre expert, un travail particulier en amont. Pour faire simple, Le Barde cacherait bien son jeu et s’exercerait en cachette le soir.

J’eu des remarques sur ma respiration, que je devrais travailler, me retrouvant parfois en bout de souffle au terme de certains passages longs ; en revanche aux dires de notre visiteur, ma justesse s’était améliorée.

Il aborda les chœurs.
Sans bouleverser notre propre opinion, il confirma que ceux-ci étaient très importants et qu’il convenait de les travailler. Ainsi était il intéressant à ses yeux qu’on puisse différencier les voix, en s’attachant aux harmonies. Ce dont nous étions déjà conscients. Il évoqua l’apport très positif que constitue le recours à un professeur de chant. Nous lui répondîmes que nous avions déjà caressé cette idée, mais que le professeur pressenti ne pouvait se libérer dans les créneaux horaires dont nous disposions. Antoine se proposa de nous fournir les coordonnées du sien, ajoutant que les tarifs étaient de 10€ par élève. J’objectai pour ma part des soucis d’organisation, Odile étant réticente à occuper plus d’une soirée hebdomadaire aux travaux vocaux.

Il s’enquit également de la tonalité générale de nos œuvres : « était-ce en La ou en Mi, plus ? »
Jésou et moi convînmes que cela se situait plutôt « entre le Fa plus et le Sol moins ». Plus respectueux, Pierrot donna une réponse plus technique, dont je ne me souviens pas de la teneur, mais qui sembla satisfaire Tonio.

Pour conclure ce tour de table, Antoine observa que nous avions bien progressé, et que notre niveau s’était nettement amélioré depuis son dernier passage "c'était génial" conclut-il, enthousiaste. Ce qui nous combla d’aise comme on pouvait s’y attendre. Bien entendu nous jouâmes les modestes, minimisant nos progrès et faisant assaut de remerciements.

Nous nous quittâmes dans les meilleures dispositions du monde, attendant avec impatience notre prochaine réunion avec Phil le K. Car il nous manque notre batteur, et tous les experts du monde ne sauraient le remplacer, lui qui a su contribuer à structurer le groupe et à le porter sur scène dans les bons et les mauvais moments.

mercredi 28 janvier 2009

Rock'n Broc

Rock'n broques



Quand midi a sonné, quand le démon s'est pointé

On n'savait pas quoi faire avant qu'on nous enterre

On a tenté l'jogging ,le stretching , le booling,

Comme on est doué pour rien ,on a fait musicien

Jacquot nous avait dit:"vous verrez, c'est easy/

Puis on l'sait, les rockeurs ce n'sont rien qu'des branleurs.

'Suffit d'faire trois accords tout en bougeant son corps

En remuant la tête et vous s'rez des vedettes."



Refrain:

Mais c'est dur de faire du rock (bis)

Pour une bande de viocs

Mais c'est dur de faire du rock (bis)

Quand on joue comme des broques.



D'abord il y a ces guitares avec des cordes partout

Faut mettre les doigts dessus ,mais pas n'importe où.

Le tandem basse-bat' doit rester dans l'tempo

Faut surtout pas qu'il s'rate ,sinon ça fait pas beau.

Puis faut trouver des riffs , des rythmiques , des solos

Et surtout pas pomper, faut faire son truc perso.

Après soixante années où tout a été fait ,

Difficile de jouer l'originalité.



Refrain



Comme si c'était pas assez, par dessus, faut chanter

En prenant l'air cool, un rien détaché.

Affronter les regards souvent désabusés

D'un public exigeant qu'en veut pour son argent.

Jacquot nous avait dit:"vous verrez, c'est easy.

Puis on l'sait, les rockeurs ce n'sont rien qu'des branleurs.

Suffit d'faire trois accords tout en bougeant son corps

En remuant la tête et vous s'rez des vedettes."



Refrain

mardi 27 janvier 2009

Compartiment Rêveur

Dans le train de toute ma vie
J’ai grimpé et me suis assis
Dans le compartiment rêveur
J’étais un petit peu flâneur

Au fil des voies l’aiguilleur
Avait dessiné la route
Me protégeant des doutes
Il était manipulateur

J’avais pris un one way ticket
Au guichet où une affichette
Précisait : non remboursable
Je n’étais pas raisonnable

Dans le train de toute ma vie
J’ai grimpé et me suis assis
Dans le compartiment rêveur


Je n’avais pour tout bagage
Que ma pure insouciance
Et mon désir de partance
Je ne voulais pas de cage


A travers la vitre sale
Défilaient les paysages
S’éloignaient toutes les gares
Je n’étais pas chef de gare

Dans le train de toute ma vie
J’ai grimpé et me suis assis
Dans le compartiment rêveur


Dans les couloirs le contrôleur
Un jour m’annoncera la couleur
Au-delà de cette limite
Ton ticket n’est plus valable

Et je descendrai sur le quai
Avec juste assez de regrets
Pour racheter un ticket
Et puis refaire le trajet.

Dans le train de toute ma vie
J’ai grimpé et me suis assis
Dans le compartiment rêveur

lundi 26 janvier 2009

Esthétisme : Ma conception


Mariage pictural de l'esthétisme et du jeune bovin.

Variante

Les Zakouskis et L'Epurée de Pommes de Terre

Quand on modère un blog, il est parfois des moments de solitude extrême. Ainsi samedi soir, afin de rédiger le traditionnel billet de répétition du mercredi, me suis-je privé du plaisir de partager avec mes amis un repas à la Datcha, restaurant russe. Je les imaginai, dans la chaude ambiance slave, se régalant de zakouskis à grandes rasades de vodka, tandis que des serveurs en tenue traditionnelle de cosaques du Don, les mains brandissant des brochettes enflammées, présentaient ces dernières en virevoltant dans les airs sur un kasatchok débridé interprétés à la balalaïka par quelque accorte et blonde jeunette fraîchement débarquée de son kolkhoze. Tout cel me rappelait en outre notre tout premier concert, que nous avions donné au Délirium Tzigane, théâtre de notre plus gros succès, dont l'ambiance slave et les jolies serveuses resteront gravés dans ma mémoire au fer rouge de mon souvenir ardent.

J’en faisais la réflexion à Pascou ce dimanche midi, après qu’il m’eût raconté la vraie soirée à la Datcha, finalement pas si éloignée de ce que j’avais imaginé dans mon délire solitaire, les cosaques et une grande partie du groupe en moins, mais avec de la vodka en plus semble-t-il puisqu’il s’en consomma une bouteille entière, ce qui serait presque anodin, bien qu’il faille considérer qu’elle le fut à quatre, dont deux femmes.

En effet, passant chez les Richebois afin d’y laisser le livre que Ktoo doit donner à Odile dans le cadre de la prochaine réunion de la « bibliothèque », ces derniers avaient eu la gentillesse de nous « garder à manger » comme on dit. Pascou en profita pour me raconter la virée musicale de la section cordes vendredi dernier, avec une tournée des lieux traditionnels : Haddock Café, Pélican, et un bar musical situé au nouveau centre commercial des 7 Collines. D’après l’Ultrabassiste, le Haddock fut sans surprise, puisque la soirée se révéla un calque presque superposable à celle de la semaine précédente : tour de chant, appel aux amateurs, ritournelles à l’harmonica. Le Pélican retint leur attention grâce à la fréquentation massivement féminine du bar. Malgré l’absence de concert, le spectacle féminin dont les membres semblaient excitées par l’appel du rut suscita tant l’intérêt de nos trois larrons qu’ils y restèrent un long moment. Allant fumer une cigarette dans l’arrière cour aménagée, ils eurent même durant un moment un léger sentiment de malaise, tant la tension sexuelle était à son comble. Craignant pour leur sécurité, ils battirent en retraite pour la dernière destination de leur virée nocturne, où ils purent écouter un groupe de quatre musiciens et un chanteur. Ce dernier était le petit jeune du groupe, n’affichant que 55 ans au compteur, alors que certains de ses comparses frôlaient les soixante-dix au bas mot. Un répertoire Rock, centré sur les années 70 avec une prédominance Rolling Stones. Pascou m’en montra un court extrait, capté par son nokia, qui me fit regretter de n’y avoir pas assisté. Peut être dans vingt ans pourrons nous également régaler ainsi le public et lui donner du plaisir.

Mais du plaisir il y en eut mercredi. Nous étions en formation restreinte en l’absence de Lolo, clouée sur son lit de douleur par une angine intestinale à type de débâcle, dans le sens qu’il prend au printemps quand fondent les glaciers, qui entraînent avec eux des torrents de boue et de rochers, avant d’inonder la vallée en contrebas. Je ne m’étendrai pas plus, Philou vous en parlerait mieux que moi avec la synthétique précision qu’on lui connaît.

Avant de rentrer en séance, il me fallut prendre le temps de dissuader Alexis d’envisager la préparation du concours d’entrée à l’école de manipulateurs en radiologie (« mais tu es fou Alex, ce métier est une impasse, et puis épuisant, tu vas te taper des horaires pas possibles avec des nuits et des week-ends à côtoyer que des gens malades pour un salaire de misère, SURTOUT , ne fais pas cette connerie, tiens, fais n’importe quoi, pourquoi pas expert comptable, mais PAS manipulateur, je t’en conjure, Satan, sors de ce corps ! »). Parfois, on se demande ce qui passe par la tête des gosses, je vous jure. Les jeunes ont de ces idées… Et c’est à désespérer de se saigner aux quatre veines en les portant à bout de bras, pour arriver à ce triste constat.

Encore sous le coup de cette inattendue vocation, dont j’espérais que j’avais tué dans l’œuf l’embryon d’un quelconque désir de la mettre en application, je rejoignis les autres dans l’antre des possibles musicaux. Musicien, ça c’est un métier honnête et sûr ; va Alexis, je ne te hais point, pensai-je pendant que mes amis s’installaient.
Je ne peux cacher qu’un brin d’appréhension m’étreignait. La séance précédente avait un peu entamée mes enthousiasmes vocaux, et je redoutais le début de cette répétition. J’avais l’impression de ne plus savoir chanter, si tant est que je ne l’ai jamais su. Dans ma tête tournait surtout la mélodie de « Juke Box » qui m’avait tant perturbé lors de notre « séance des chœurs ». J’essayai de me la fredonner, au milieu de la classique agitation de début de séance. Du coin de l’œil j’observais Phil le K, énigmatique comme à l’accoutumée, régler ses toms et faire quelques roulements de caisse claire, de l’autre coté Pierrot et Pascou étaient en plein conciliabule au sujet d’une modification dans la partition basse, et tandis qu’Odile posait son cahier de chant, le Barde jouait les accords de titres qui comme d’habitue n’avaient strictement rien à voir avec notre répertoire. Tous semblaient sereins, et je ressentais avec la plus grande acuité ma propre nervosité que je tentai de juguler, une fois n’est pas coutume, avec un fond de boisson ambrée.

Las, ce fut le moment de débuter. On se tourna vers moi pour que j’indique le premier morceau. Prudemment, j’évitai Juke Box, et proposai « Oublie » moins polémique. Entre temps Pierrot avait suggéré qu’on joue moins fort « afin que tout le monde puisse s’entendre ». Je dois dire que cela changea tout. De mon coté j’avais décidé de chanter le plus naturellement possible, rester au plus près du texte et de la mélodie, revenir dans la scansion originale et limiter les effets de voix au maximum. Ces derniers temps, j’avais expérimenté plusieurs voies (voix ?) et je m’apercevais qu’insensiblement je m’étais éloigné des versions originales. Même si tout n’était pas à jeter, je sentais qu’il fallait que je retrouve les fondamentaux. Je pense que chacun dans sa partie avait un peu le même sentiment : il fallait épurer. « L’épurée, c’est bien, mais l’épuré de pomme de terre c’est meilleur » commenta le Barde. Après quelques tours de chauffe, épaulé par Odile très en forme sur les chœurs, le groupe trouva son rythme de croisière. Et prit du plaisir. Les morceaux s’enchaînèrent très proprement, nous retrouvâmes les bonnes vibrations qui justifient tous nos errements en égrainant nos compos puis les reprises.

A la pause, je demandai au Leader Maximo des nouvelles de notre professeur de chant. J’appris d’une part que Coraya n’était pas libre en soirée, et que d’autre part tout cela n’était qu’un joke : La jeune femme n’avait pas la plastique invoquée par Pierrot, et son chant n’était pas si extraordinaire que ça. Pierrot conclut avec des accents de sincérité qui ne trompent pas : « et de toute façon, pourquoi aurions nous besoin de cours de chant, nous sommes parfaits comme ça ». Rasséréné, c’est beaucoup plus détendu que je donnai le coup d’envoi du réglementaire marathon musical. Ce dernier se courut en 45 minutes chrono, notre guitare solo enchaînant les titres à mesure que j’en faisais l’annonce. Je notai la fluidité de notre interprétation. J’appréciai aussi l’utilisation minimale des distorsions des amplis. J’avais la sensation d’un jeu plus limpide et dépouillé qui éclairait et soutenait mieux mon interprétation.

En fin de session, nous discutâmes du concert de crémaillère de Sylvaine. Les impératifs des uns et des autres, et aussi le fait que nous devrons jouer en plein air, dans la cour intérieure en contrebas de l’appartement , nous amena à repousser la date vers fin février, début mars.

Ce qui nous laisse le temps de consolider notre bagage musical et nous présenter dans les meilleures dispositions à cette importante échéance.

mardi 20 janvier 2009

Le dernier Président Noir


Juste un petit mot pour saluer L'investiture de Barak Obama 44ème président des Etats Unis. "Le dernier président noir" comme le commentait très justement Ramatsoulaye Yade (Rama pour les intimes) sur TF1, en ce que c'est la dernière fois qu'on s'étonnera de voir à la tête d'un pays occidental un homme de couleur.
Cérémonie émouvante que seul un fonctionnaire pouvait suivre de bout en bout puisque la retransmission depuis le mall du Capitole à Washington débuta vers 16h.
Soulignons, et nous rejoignons ici le propos de ce blog, la prestation émouvante de Aretha Franklin, dans une interprétation très soul d'un hymne américain.
On se souvient d'elle en étourdissante barmaid dans le film des Blues Brothers, interprétant l'inoubliable "Think".

dimanche 18 janvier 2009

La Vérité sur l'Incident Jako

Nous nous sommes retrouvés ce samedi après midi pour une pure séance de travail. Rendez-vous en avait été donné mercredi dernier après une soirée plutôt ludique et plaisante. En préambule toutefois, il me faut mentionner que le vendredi soir Jésou et moi avons rejoint Pascou et Pierrot au Haddock Café. Comme l’indiquait le flyer publié tantôt, la soirée du vendredi est consacrée aux amateurs. Nos amis étaient donc allés en repérage afin d’étudier la possibilité de s’y produire. Cependant la formule retenue par les organisateurs ne correspond pas vraiment à ce que nous recherchons. En effet il s’agit d’un groupe qui met à disposition ses compétences et sa sono pour accompagner des chanteurs qui peuvent interpréter des titres d’un cahier de chant qu’on fait circuler dans la salle. Une sorte de karaoké, finalement, sans l’écran de télé.

Lorsque nous sommes arrivés, Jésou et moi, nous sortions du match de foot. Nîmes recevait Sedan, et le crocodile n’a fait qu’une bouchée du sanglier des Ardennes. C’est donc éperdus d’allégresse face à cette nécessaire victoire des rouges sous peine de relégation annoncée, que nous avons quitté le stade et nos acolytes habituels. Durant le parcours mes pensées vagabondaient dans la forêt des évènements musicaux que nous avons partagés depuis deux ans (rappelons que notre première répète a eu lieu le 13 janvier 2007). Je me rappelai notamment le concert donné par les Blue Bit de Jako au Hadock Café quelques mois auparavant. J’avais cette image de Jako dans la tête, et il m’est arrivé une chose assez effrayante. A mon sens, et j’en ai discuté par la suite avec mes camarades, il s’agit d’un phénomène d’autohypnose. Mon cerveau s’est leurré lui-même. Après le rapide et approximatif résumé que vous avez pu en lire dans ces colonnes dans un commentaire de Jésou, je vais tenter de vous en narrer la chronologie.

A notre arrivée, sur la scène, les blue dream s’activaient mollement devant une assistance très clairsemée. Il était tard déjà et la majeure partie de la clientèle avait déserté le lieu. A droite de l’entrée nous aperçumes , attablés, Pascou, Pierrot, un type dont je sus par la suite qu’il se prénommait Rémy et… Jako. Me précipitant vers eux, je serrai distraitement les mains de mes amis et me jetai sur Jako comme un banc de sauterelles sur un champ de manioc. Je trouvais que c’était une incroyable coïncidence, ayant pensé à lui dans la voiture, de le rencontrer là. Il était un peu dans le fond, mal éclairé, mais je reconnaissais clairement sa silhouette malgré l’absence de mes lunettes, ce qui m’avait d’ailleurs un peu handicapé durant le match pour observer l’heure au gigantesque tableau d’affichage du stade.

J’allais vers lui, et tout en l’assurant de ma joie de le voir je lui souhaitai une bonne année, poursuivant, dans un flot volubile sur le souvenir qu’il nous avait laissé lors de son dernier concert, et sur le fait que nous serions bientôt prêts pour retourner en studio et enfin sortir ce CD dont nous parlons depuis un an, celui de nos compos persos. Il me regardait avec bienveillance, écoutant ma logorrhée. Je m’assis en face de lui tout en ôtant mon blouson et continuai à l’inonder d’infos diverses et variées sur les activités des UFR. Tout le monde me regardait, je sentais Jako préoccupé, et mes amis très silencieux. Une main se posa alors délicatement sur mon épaule, et le visage de Jésou se pencha vers moi. Il me murmura à l’oreille, comme un médecin compatissant qui aurait avec ménagement annoncé quelque pathologie terrible à son patient :
« Michel, c’est pas Jako !
« Hein ?
« C’est pas Jako michel. C’est Pedro !
Je regardai Jésou, je regardai Jako.
Et là tout soudain il y eut un basculement. Comme si j’émergeais de la gigantesque lessiveuse à tourbillon circulaire de la porte des étoiles après un voyage sous narco-cryogénie.
« Pedro ! Enchaînai-je, à peine perturbé par l’info, comment vas-tu ?
Pedro est un personnage assez flegmatique, il avait suivi mon délire avec une courtoise prudence, tandis que ses compagnons de tables moins charitables y allaient, chacun, de leur commentaire à peine amène.

Bon, bien sûr on connaît leur potentiel imaginatif débordant : il soupçonnèrent d’emblée l’ébriété post-troisième mi-temps. Il ne fallait pas en attendre beaucoup plus, et je ne relevai même pas. De mon coté j’étais surtout intrigué par ma méprise. Qui n’était pas la première. J’ai déjà une paire de fois été dans ce genre de situation où la réalité bascule, où je me sens un court instant à la dérive. Ainsi une fois au Canada, j’avais erré durant plusieurs heures dans un complexe commercial, ne reconnaissant plus les allées ni les magasins, avant de comprendre que j’avais été piégé : il existait en fait DEUX complexes quasiment identiques, séparés par une passerelle que je me souvenais plus avoir empruntée. Et plusieurs fois j’ai pris une personne pour une autre, ou bien discuté longuement et péniblement avec des personnes qui semblaient bien me connaître mais dont je n’avais pas la plus petite idée sur leur identité. Je n’ai pas la mémoire des visages, et dans certaines situations au contexte flou ou inhabituel j’ai du mal à discriminer.

Voilà, je crois que j’ai mis le doigt dessus : tout ça c’est une histoire de contexte mental, et d’une réalité que le cerveau veut faire rentrer dedans, même si pour ça comme le sujet de test peine à faire rentrer la pièce carrée dans un trou rond, le dit cerveau force un peu aux encoignures à coup de marteau pour que ça rentre. Je « voulais » que ce soit Jako, la machine inconsciente a fait le reste. Et j’ai eu Jako. Bon, un jako un peu mal fichu, pas tout à fait standard, avec pas exactement la même tête ni les mêmes proportions ; mais si on analyse bien, de toutes les personnes attablées, c’était celui dont l’aspect général était le MOINS ELOIGNE de Jako.

C’est ce que j’ai tenté d’expliquer samedi à mes copains qui ne se privèrent pas de me demander des nouvelles de Jako. Pour éclaircir les raisons de ma méprise j’utilisai une analogie :
Ainsi, invité par des amis à l’apéritif, tu demandes un jus d’ananas. Tu discutes de choses et d’autres en pensant à ton jus d’ananas. Tu le visualises. Tu en as le goût dans la bouche. On te tend un verre. Tu bois : hummmm, c’est bon l’ananas ! Mais soudain quelque chose t’alerte : ce n’est pas l’ananas de d’habitude, celui dont tu te souviens de la saveur. Au début tu ne faisais pas très attention, ça avait vraiment le goût d’ananas, mais en goûtant à nouveau, tu t’aperçois que c’est du pamplemousse, et pas de l’ananas. Ca n’a rien à voir avec l’ananas, même. Et tu te dis : comment j’ai pu me tromper, lors de la première gorgée ? : Autosuggestion !

Mais laissons cela. Les oubliettes de l’histoire feront leur œuvre, et dans quelques jours plus personne ne s’en souviendra.
Cette conversation se poursuivait dans la SJM, alors que de discrets plumets de vapeur s’exhalaient de nos bouches tandis que nous parlions. A l’extérieur, à travers les fenêtres recouvertes de givre sur leur surface interne, je pouvais distinguer le jardin ensoleillé. Heureusement, je portais mes mitaines. Le contact du métal froid du micro est très pénible. Ca perturbe mon chant, qui perd de sa clarté cristalline et m’entraîne inconsciemment à chanter dans un autre ton.

C’est d’ailleurs sur ce sujet que porta l’entame de la répète. Pierrot me fit travailler la mélodie de « cent balles » également connue sous le titre "Juke Box". J’étais un peu perdu, entre les consignes données le mercredi par Lolo, et les conseils du jour de Pierrot, en matière d’harmonie. J’avais l’impression qu’on me disait tout et son contraire. Encore sous le coup de l’incident Jako, je me pliai toutefois à ce qu’on m’indiqua. Après tout, quand on prend Pedro pour Jako, on peut confondre un Sol et un La. Je leur laissai donc le bénéfice du doute. Profil bas, on ne fait pas le mariole ! cependant cela me perturba quelque peu, m'amenant à réfléchir sur chaque note alors que je chantai, me demandant cosntamment si je n'étais pas en train de passer à la tierce sans m'en apercevoir. Je dis "à la tierce" comme je dirais "en configuration course" : je ne sais pas bien ce que ça signifie concrètement, sinon que quand on chante ainsi en duo, ça fait joli. Evidemment, chanter tout en lisant le texte pour être sûr, et contrôler scupuleusement chaque vibration de sa gorge, ça ne facilite pas le transit sonore, et tempère singulièrement la spontanéité.
Pascou fut de son coté conseillé sur un tempo approximatif pour lequel il avait été contrôlé positif, et Jésou bénéficia d’une approche pédagogique personnalisée afin de travailler un enchaînement différent. C’est en ce sens que je parlais en introduction, de séance de travail. On n’était pas là pour rigoler mais pour progresser.

Cependant il n’est pas facile de se remettre en question. On se dit : bon, s’il trouve que « ça c’est à reprendre » peut-être au final que « tout » est à reprendre.
Et de là à se dire : « intrinsèquement je n’ai aucune valeur, je ne suis là que par un concours de circonstance » - ce qui au fond est la pure réalité- il n’y a qu’un pas, qui n’est pas difficile à franchir. Je suis conscient que ces temps pédagogiques sont nécessaires, mais ils sont très perturbants, car je me prends à tout mettre en doute. Mais jouer « propre et carré » est à ce prix. C’est Pascou d’ailleurs qui m’en fit la remarque, au cours d’un petit dialogue que nous eûmes, il conclut, sur le ton de l’évidence : « Michel, Je fais ce qu’on me dit de faire ». Il avait raison. Jouer ensemble est suffisamment difficile à notre niveau sans qu’on ajoute encore à la complexité en se permettant des variations non prévues.

Nous avons repris tous les titres du répertoire perso, nous attachant à la plus grande rigueur. Ce fut payant.
Expérience bénéfique, nécessaire, qui permit de se recentrer sur l’essentiel.

Blues in G, or in Jean's

Si tu connais Jako tu ne peux l’oublier
Sur la Rock Scène Nîmoise, il a régné
Dans mon panthéon des guitar’Heroes
En un c’est Status Quo* et en deux Jako

Jako guitar’Héro
Jako guitare solo
Sur le métal tes doigts dansent
Insolents d'élégance


Sa silhouette son visage,restent gravés
Dans la mémoire de ceux qui l'ont croisé
Il est Jako sur le blues il assure
il sait enflammer les douze mesures

Jako c’est aussi le King des ingé-son
On connait son studio et sa réputation
Le White Stone Records, disent les anglais
Studio de la Pierre Blanche en bon français

Le son garage pour lui n’a plus de secrets
D’ailleurs c’est au garage qu’il fait répéter
Ambiance conviviale et sans prise de tête
Jako prend son temps car c’est un esthète

Par-dessus tout c’est sa courtoisie
Et sa modestie qu’on salue ici
La marque, Jako, des élus, des géants
Qui ne se construit que sur le talent

De la prise de son Jako es le mage
Les ridicules besogneux des boutons
Tous ces techniciens donneurs de leçons
Seraient inspirés de lui rendre hommage.


*pour faire plaisir à Pascou.
par ailleurs le blues est "in G" car comme nous le savons tous, G se prononce j, en anglais. J pour Jako bien sûr.
enfin, ici, des infos intéressantes et simples sur la structure du blues

samedi 17 janvier 2009

Open Bar

jeudi 15 janvier 2009

Sol en Si

J’ai bien aimé la répète de ce mercredi. Au premier chef parce que le groupe était au complet, choriste et pianiste comprises.

Mais je vous en dirai plus sur celle-ci ; il me faut d’abord remettre les bœufs devant la charrue en précisant que nous sommes arrivés au Smith’s Hall en même temps que Phil le K qui (entre parenthèses) roule assez dangereusement dans son Audi TT puisqu’il nous a talonné en plein phares durant toute l’approche finale du lieu depuis la route de Sauve. Ma petite 107 n’était pas de taille, d’autant que j’avais charge d’âme en la présence à bord de deux frêles personnes, Odile et Lolo. Ce n’est pas très prudent, Phil, et à la descente du véhicule, dans l’allée, j’allais t’en faire la remarque, courtoise mais pressante lorsque je te vis sortir du gigantesque coffre de ta voiture de luxe un sac à cymbales en papier, décoré de couleurs vives. L’intérêt je l’avoue, prit le pas sur l’indignation. Tiens, me dis-je il a commandé une nouvelle Zingaro. On le sait Zingaro (ou est-ce Zildjian ?) est une marque réputée d’instruments pour batteurs et je me fis la réflexion, par devers moi, que la kinésithérapie décidément était un métier bien lucratif. Quand on y songe(et ce serait là le songe d'une nuit d'hiver), c’est un étrange boulot, qui permet de passer ses nerfs sur des gens en toute impunité tout en a-massant somme toute agréablement des fortunes considérables.

On se rappelle Stalone « Rocky » s’acharnant sur des quartiers de bœuf dans un abattoir pour raffermir ses poings ; Phil, lui, se défoule sur des fessiers et des épaules pour calmer ses nerfs, ce qui explique en grande partie son flegme légendaire en séance malgré la frénésie qui règne en général lors de nos sessions. Je ne te jetterai pas la pierre, Phil, chacun a besoin d’un défouloir, d’un exutoire, le tien vaut bien tous les psychotropes que la médecine nous propose. Par contre Rocky avait l’habitude, dans ses moments d’exultation de crier Adriannnnnneee ! le nom de son épouse, la bouche déformée par un rictus rageur, les veines de son cou gonflée par l’émotion. J’aimerais bien qu’à son exemple, lorsque tu exécutes avec succès un enchaînement particulièrement difficile, tu te laisses un peu aller et hurles Maaarie-Françoiiiiiiiiise. Je crois que tu devrais travailler cela, ce serait en quelque sorte la marque des UFR. Je te verrais bien à la fin de « cent balles » au moment où Jésou se lâche et laisse traîner interminablement la note finale et saturée de sa Fender, te lever soudain, dans une transe extatique, jeter comme tu le fais si bien tes baguettes derrière toi et hurler Maaarie-Françoiiiiiiiiise au public soudain tétanisé. Réfléchs-y. Prends ton temps, repasse le film dans ta tête, au besoin visionne à nouveau l’intégrale des Rocky, mais à mon sens ça apporterait un réel plus pour l’image du groupe.

Quoiqu’il en soit je regardais cet étui à cymbales lorsque tu précisas, notant mon regard, « j’ai apporté une galette des rois ». Magie de l’instant.
Et de la galette il y en eut. Après que nous eûmes installés le matos à la SJM où déjà travaillaient Pascou et Jésou, nous rejoignîmes à l’étage Sylvie. Le café était déjà prêt, et notre hôtesse s’affairait à servir des assiettes de galettes et de pognes agrémentées d’une sorte de barre chocolatée confectionnée par Cyril. Le tout était accompagné de Cidre. Du Cidre traditionnel, « naturellement trouble » comme le précisait l’étiquette, et ce, « depuis 1824 ». On sait la difficulté que nous avons à contrôler la turbidité de l’eau de nos piscines en été, qui vire en un rien de temps sous les chaleurs moites du mois d’août malgré l’efficacité du filtre a diatomé, on comprend aisément que le cidre qui a passé presque deux siècles sans qu’on s’en occupe présente un léger aspect trouble lors de sa consommation. D’autant que le breuvage était conditionné en bouteilles plastique d’un litre et demi.
« Je me suis dit : 1,5 l ça correspond à deux bouteilles normales, et comme je savais que deux bouteilles ça ne suffirait pas, j’ai pris deux bouteilles plastique, c’est moins encombrant, et en plus moins lourd, ça fait le poids du verre en moins » précisa Sylvie. Inutile d’ajouter qu’après deux parts de galettes, et la barre chocolatée, plus le café, et les trois verres de cidre, surtout si on précise que pour le dîner nous avions eu des pâtes à la carbonara, nous étions « couffle comme la reine d’Arles » comme on le dit chez nous, et un peu inquiets quant au déroulement de la séance à venir.

Cependant le quinquagénaire en a vu d’autres. Nous nous installâmes bravement afin d’affronter cette répète avec la pugnacité qui nous caractérise. Là je me dois de faire une petite digression. Ce n’était pas la première fois que nous rentrions à sept dans l’alcôve qui nous sert de salle de répétition. Ceci sans offense Jésou, le coté intimiste et la proximité des corps, dans une ambiance fraîche en hiver, surtout depuis que nous prônons la mixité favorise le travail en commun, et contribue pour beaucoup dans le foisonnement de notre inspiration.
Depuis le temps nous avions pris nos marques et chacun savait où se placer. Les musiciens occupant la majorité du terrain, les chanteurs se tassant tant bien que mal dans l’espace exigu qu’on voulait bien leur abandonner.

Inexplicablement, ce soir ça ne rentrait pas. Pascou surtout, et son instrument démesuré, ne « passaient pas ». Je le regardai, dans la cacophonie habituelle qui préside au début de nos travaux, se tourner, se retourner, tenter d’introduire son imposante anatomie dans l’espace jusqu’ici suffisant à l’expression de son art, sans succès. Que s’était-il passé depuis la dernière fois ? Nul ne le sait. Sans doute une expansion du périmètre de notre guitariste solo, dont l’ego déjà démesuré exprimait ainsi sa soif de puissance. On relégua donc l’infrabassiste près du guitariste rythmique, qui lui-même joua près de la porte, tandis que le Leader Maximo, marquant son territoire, s’adjugea quasiment un mètre carré pour lui tout seul !

Une fois que chacun se fut calé dans l’espace restant, nous pûmes commencer. Je me souviens encore de la consigne de départ : « On va jour doucement, car ce soir nous allons travailler les voix, les harmonies, les choeurs ». Je m’en rappelle bien, et ce matin, à l’heure où j’écris ces lignes, j’ai encore au travers des bourdonnements qui en affectent quelque peu la sensibilité, cette recommandation de Pierrot dans les oreilles.
On me fit interpréter « cent balles ». Lolo repérait au piano les notes que je chantais : en sol, puis en mi. Odile et Pierrot se distribuèrent les tons dans lesquels placer leurs voix. Pendant ce temps je m’émerveillais : j’étais capable de chanter en sol, et même en mi. Je devenais un pro. Pour la première fois de ma vie, je savais très précisément ce qu’était un sol. J’en avais entendu parler, bien sur, comme tout le monde, et d’un point de vue intellectuel je savais que le sol se situait entre le fa et le la ; mais là, j’avais enfin dans ma tête une représentation précise du sol. Si on me demande un sol désormais, je suis capable de le reproduire : je sais que quand je chante « cent balles » c’est un sol. C’était magique, j’avais appris la première lettre de mon alphabet musical. Plus que 6 !

Bon après ça s’est gâté, et j’aurais pu chanter en si 7ème diminué que personne ne se serait aperçu de rien : La marée sonore a déferlée. Mais tout de même, en prêtant l’oreille attentivement, on percevait bien l’harmonie des voix distribuée sur la portée, et c’était très plaisant.
Nous avons longuement travaillé sur « Cent Balles ».
Quand je chante, en général, j’aime bien faire parler l’instinct. J’aime cette liberté de m’adapter aux circonstances du moment, de faire passer de l’émotion. Pendant le refrain surtout, j’agrémente le texte de petites variations a type de « wuaouhhhrrrh » que j’estime du meilleur effet. « On » me fit comprendre que si je pouvais en diminuer les occurrences, ce ne serait pas plus mal. Je me pliai donc difficilement à l’exercice, produisant selon moi un chant plus neutre, mais qui sembla satisfaire mes partenaires. Je crus même déceler dans leur regard un certain soulagement. Je m’astreignis donc à policer mes vocalises. J’avais dans l’idée que le chanteur était comme un « freelance » qui peut se permettre certains écarts d’interprétation du moment que la base des chœurs eux assurent la voie mélodique. Un peu comme le font le guitariste solo et le guitariste rythmique. Mais il semble que le chanteur n’ai pas la possibilité d’explorer la gamme pentatonique durant ses refrains, à la différence du guitariste solo qui peut broder un peu ce qu’il veut tandis que les autres assurent derrière. En fait j’ai surtout dans l’idée qu’un bon chanteur peut le faire, mais que pour le moment je n’en suis pas à ce niveau.

Sur « Oublie » nous chantâmes une première version dans laquelle les choristes se joignaient à moi sur l’ensemble du refrain. On trouva ça brouillon : nous épurâmes. On le voit il n’est pas aisé de placer les voix, et ça me conforte dans l’idée que les Shadows étaient dans le vrai, qui ne jouaient que de l’instrumental. Non, je plaisante. Lors de l’écoute de la captation de la soirée, sur l’enregistreur de Pierrot, on vit bien que ce dernier avait raison.
En fin de séance, comme il était 23 heures, nous commencions à plier bagages par respect pour notre hôtesse, mais Jésou ne l’entendit pas de cette oreille (ni de l’autre d’ailleurs !) et insista pour qu’on exécute le traditionnel marathon, enchaînant les titres avec une jubilation qui faisait plaisir à voir.

Pour le reste soulignons la quasi perfection des finaux.

mercredi 14 janvier 2009

C'est la rentrée !

Je suis toujours surpris par le processus d’écriture. Il est comme indépendant de la volonté. Il se manifeste impérieusement le plus souvent, poussant le plumitif à étaler à longueur de pages des propos parfois ineptes pour le simple plaisir compulsif de noircir des pages de la même manière que la boulimique se remplit le corps de nourritures jusqu’à la nausée. C’est un phénomène compulsif, incontrôlable, qui s’alimente de sa propre existence, et qui entraîne « l’écrivain » sur des chemins dont son Moi conscient est ignorant quelques secondes encore avant que les mots se fixent sur le papier. Pas de GPS pour le malheureux logographe, mais une navigation à vue, intuitive, un louvoiement permanent au hasard de courants non répertoriés sur les cartes classiques.

Je parle ici de narration, de compte-rendu : de journalisme en définitive. Pour les textes de chanson, c’est encore pire. L’exercice est compliqué par des contraintes liées au genre musical qui est le notre : le Rock. Il faut être plutôt concis, percutant, accrocheur, il faut faire simple, compact : ça doit tenir en trois minutes, ça doit se retenir et s’imposer à l’auditeur.

L’un et l’autre de ces exercices, le narratif et le « poétique » sont parfois fastidieux. Clairement on se retrouve dans une situation de sécheresse mentale. On n’a pas envie, on n’a pas de sujet. Faire un compte rendu se transforme en pensum insipide, et trouver quatre rimes devient une corvée.
On a le sentiment que tout a déjà été dit, que ce qu’on raconte l’a déjà été de multiples fois et mieux, par d’autres.

Soudain : tout s’arrête. On ne peut plus rien produire, on n’en a plus l’envie, ni la force. On prend conscience de l’inanité de l’entreprise. A quoi bon ? Pourquoi s’installer devant un clavier et attendre que quelque étincelle s’allume pour donner vie au néant ? Après tout il y a des activités beaucoup plus gratifiantes et plus directement utiles, comme le bricolage, le jardinage, la marche à pied. On se prend à douter, on ne veut plus s’investir, tout cela est si vain. Et d’ailleurs pourquoi, pour qui écrit-on ? D’abord on pense que c’est pour soi. Mais en fait on écrit pour être lu, on écrit pour être écouté. Et on a le sentiment de s’exprimer dans l’indifférence générale, et subitement la conviction s’impose à soi que cette dernière est due essentiellement à l’inintérêt du propos.

Et puis ça repart. Une idée traverse l’esprit, qu’on a envie de creuser. Des connexions s’opèrent, des associations ; ces dernières en entraînent d’autres, comme le liquide se met à couler après qu’on ait aspiré à l’extrémité du tuyau, et reçu en plein visage une flaque vaguement fétide avant que de mettre le flexible en dépression, amorçant ainsi la pompe de l’inspiration.

Ainsi..

Samedi dernier nous nous sommes retrouvés pour la première répète de l’année.
Pour ma part je n’avais pas participé depuis presque trois semaines, avec cette succession de fêtes de fin d’année. « Une répète secrète » souligna Sylvie alors que je la croisai dans la cote des clématites tandis qu’elle se rendait à la séance d’agility avec Kaia, comme tous les samedi. A l’instar des championnes sportives, la chienne doit s’entraîner chaque semaines afin de conserver son meilleur niveau dans les réunions canines qui l’amènent bien au-delà des limites du département.

Odile, malade, était restée à la maison, et Lolo assurait la permanence à l’atelier d’encadrement. C’était donc une répète d’hommes.
J’arrivai le premier, vers 14h30. Alors que j’attendais au portillon, les voitures de l’Ultrabassiste et du Maximo me talonnaient. En attendant que Phil le K arrive, Pierre commença de nous raconter sa virée nocturne de la veille. Tout en parlant, il sortit un fllyer de sa poche précisant que les trois derniers vendredis du mois, chacun pouvait se produire sur la scène du Haddock Café. Nous connaissons ce lieu, c’est là que nous avions écouté les Blue Bit, le groupe de Jako. Pierrot nous expliqua qu’il avait vu trois formations se succéder. La première, composée de choristes chantant a capela le laissa dubitatif. Il écouta avec consternation le second, un couple guitare-chant. Le guitariste avait un instrument magnifique dont il ne tira pas le meilleur parti semble-t-il, quant au chanteur c’était le style « artiste très beau qui se la pète ». Ça ne l’empêcha pas de massacrer consciencieusement (ça me rappelle quelque chose) le sublimissime « Sud » de Nino Ferer au point que Pierrot eut du mal à reconnaître le morceau. Ce qui amena notre ami à la conclusion que finalement, nous n’aurions aucun mal à faire largement aussi bien si nous nous inscrivions pour un vendredi.

J’avais tellement entendu jusqu’ici que « nous n’étions pas prêts » que Cela me réjouit. Si Pierrot, pourtant d’une rare prudence quant à la valeur de notre groupe, estimait qu’on pouvait sans honte se produire devant des inconnus, c’était que nous avions fait de réels progrès. Nous évoquâmes aussi le prochain concert pour la pendaison de crémaillère de Sylvaine, la sœur de Ktoo. Pour des raisons de disponibilité, ce rendez vous a été reporté à la mi février. Ce qui ne nous laissera tout de même pas plus de deux ou trois séances, compte tenu des défections pour cause de congés de l’un ou l’autre membre du groupe, pour se caler et notamment décider du nouvel enchaînement des titres. J’appris aussi qu’Eric Almansa nous avait réservé pour une soirée au Garage pour la Féria prochaine. A mon sens il a bien fait, car je ne doute pas que les contrats pour cette période vont commencer à pleuvoir au regard de notre notoriété grandissante.
Nous parlâmes également du prochain CD. Devions nous retourner en studio avec les huit compos actuelles, ou bien devions nous attendre d’atteindre le chiffre 10 pour faire un compte rond ? Le débat resta ouvert.

Nous entamâmes un marathon, travaillant en priorité nos titres perso, nous arrêtant plus particulièrement sur « juke box » notre dernier rejeton. Nous avions décidé de travailler plutôt les finaux. Vous le savez, vous qui suivez ces chroniques, et je suis d’accord avec Jésou en cela : On est vraiment très bon sur les finaux ! Mais sur les deux ou trois derniers morceaux, les fins étaient demeurées en l’état : un peu en friche. Nous nous attelâmes à la difficile tache de choisir un final pour chacun et de travailler assidûment dessus. Malgré un arrêt de trois semaines en formation complète, notre travail fut plutôt satisfaisant. Après la pause jus de fruits, nous pûmes même entreprendre un deuxième marathon non stop, en enchaînant quasiment sans temps mort les titres, comme dans une configuration concert.

Je regardais récemment sur le blog la rubrique « song » qui regroupe tous nos textes. J’en ai compté une trentaine. Ils sont de valeur inégale, et pas tous transposable dans un environnement Rock, mais ce serait bien le diable si on n’en trouvait pas deux pour compléter notre répertoire. D’autant que Pierrot nous a laissé entendre qu’il avait une nouvelle chanson dans ses cartons.
Par conséquent, avec les perspectives de concerts, celle du CD, l’année 2009 s’annonce très prometteuse.

lundi 12 janvier 2009

Boogie 2

On a déjà pas mal bourlingué
Beaucoup trop trimé.
On a aussi tourné viré
Beaucoup trop zoné

Tout ça pour le seul plaisir
De juste saisir
Dans ton regard le désir

Voir ton corps réagir
Tes bras se lever
Ta bouche hurler


On a déjà tant de fois répété
Beaucoup trop marné
On a aussi bien massacré
Beaucoup trop nos aînés

Tout ça pour le seul plaisir
De juste saisir
Dans ton regard le désir

Voir ton corps réagir
Tes bras se lever
Tes hanches onduler


On a déjà pas mal espéré
Beaucoup trop rêvé
On a aussi grave divagué
Beaucoup trop déliré

Tout ça pour le seul plaisir
De juste saisir
Dans ton regard le désir

Voir ton corps réagir
Tes bras se lever
Tes seins palpiter

boogie 1

Je suis vidé, cassé
Complètement largué
Je suis groggy, parti
A l’ouest d’ici

Je ne me rappelle plus d’où je viens
Je ne me souviens plus du refrain
J’ai oublié les mots qu’on murmure

Ceux qu’on souffle à l’oreille, qui apaisent et rassurent

Je suis fatigué, crevé
Complètement lessivé
Je suis assis, sans vie
Inerte et sans envie

Je ne me rappelle plus mon destin
Je ne me souviens plus de la fin
J’ai oublié tous les gestes qu’on fait

Ceux qui caressent avec tendresse, qui font chavirer

Je suis éreinté, sonné
Complètement vanné
Je suis sans appétit
Vide dans mon esprit

Je ne me rappelle plus le chemin
Je ne me souviens plus des matins
J’ai oublié le feu de tous les désirs

Ceux qui se glissent s’immiscent, te tirent et t’attirent

samedi 10 janvier 2009

Pendant ce Temps, sur Terre


Au terme d'un long jour de l'an, près du pic du Lizieux, une belle et froide journée, après une courte marche sur la neige glacée.

vendredi 9 janvier 2009

Rêvons un Peu


Sous les rayons obliques du couchant d'Aldébaran la Verte, dans la constellation du taureau, à 64 années lumières de la lointaine Terra, des promeneurs font halte sur un des sommets d'Aldébaran IV, en cours de terraformation. Dans la haute atmosphère, de fortes concentrations de chlore altèrent encore la couleur du ciel. Les hommes et femmes, en scaphandre de marche léger, posent avec recueillement près de la stèle commémorant l'atterrissage du premier vaisseau interstellaire envoyé par l'humanité à être parvenu sur une exoplanète. A 90% de la vitesse de la lumière, il avait fallu plusieurs siècles de dérive au grès des vents solaires, et des générations à cet équipage oublié, pour aborder cet îlot perdu dans l'immensité du cosmos.

A leur arrivée, les colons, descendants des premiers navigants, avaient constaté que la téléportation avait été inventée peu de temps après leur départ, et qu'ils débarquaient sur un monde déjà surpeuplé par l'expansion exponentielle d'une humanité triomphante. Ne pouvant supporter l'idée de leur sacrifice inutile, ils étaient repartis. Ils dérivent désormais vers Betelgeuse, à 600 années lumière. Dans le ciel, on peut voir un cargo interplanétaire décoller et cracher des torrents de plasma. Il transporte une cargaison de moules, très bien acclimatées aux conditions locales.

Pour certains produits biologiques particulièrement fragiles, la cryogénisation est mieux supportée que les tripatouillages binaires des modems quantiques nécessaire à la téléportation. La moule de ce fait est devenue une denrée extrêmement rare dans la galaxie, ce qui justifie son prix astronomique, et les juteux bénéfices réalisés par la Compagnie des Moules, exportatrice exclusive, jouissant d'une situation de quasi monopole dans ce quadrant de la zone d'influence humaine. Même les Tringglons, ennemis séculaires des hommes, acceptent des trêves de courte durée dans leur combat incessant contre l'humanité afin de faciliter le transit des précieux bivalves. Le Tringglon aime la moule.

Pour le Tringglon, la moule c'est un peu comme la boisson ambrée pour l'homme, il ne peut y résister. (extrait de Wikipédia Galactica, V40.05B, http://gww.tringglon/la moule.com*)



*gww : galaxy wide web, equivalent du world wide web (www) de nos ancêtres.
(c) MMSidéralMédia 2809 AD, .

jeudi 8 janvier 2009

Jour de l'An : La BD de la Luge













mercredi 7 janvier 2009

Jour de l'An : Groupes












mardi 6 janvier 2009

Jour de l'An : Couples et Trio - Le Numéro Spécial



Jour de l'An : Couples et Trio 1







Jour de l'An : Couples et Trio 2







Jour de l'An : Couples et Trio 3