Ca fait deux jours que j'ai une idée assez précise de ce que je vais écrire dans le présent billet. Paradoxalement, du coup, je peine à m'y mettre ! D'habitude lorsque j'entame cette page blanche, je n'ai pas une vision très claire de ce qui va en sortir. Je laisse vagabonder mes doigts sur le clavier, et finalement le texte s'élabore avec une sorte de volonté propre qui souvent me surprend. Comme si ce n'était pas moi qui écrivait, comme s'il existait « un peuple de la feuille » comme on parlerait d'un peuple de la forêt, invisible, mystérieux, qui serait la véritable âme du lieu. Le peuple de la feuille guide mes pensées, et à travers moi transmet ses intentions. Comme toutes les communautés d'individus, le peuple de la feuille est agité de courants, de factions, qui tour a tour prennent le pouvoir, orientant mes écrits dans des directions imprévisibles. Il aimerait avoir toujours le contrôle, mais parfois je me rebelle et son emprise sur moi est moins forte, les liens qu'il a tissés se dénouent, je ne suis plus son porte-parole, je reprends mon indépendance : On s'en aperçoit car le texte redevient terne et plat, sans intérêt, privé de l'infini sagesse du Peuple. En général c'est quand je recolle à la réalité que le hiatus se creuse, ainsi dans ce qui va suivre :
le peuple de la feuille
Acces Prime Time :
Le mercredi, rue des Tourterelles, à Bouillargues, c'est spaghettis ! Car Odile au sortir de son travail, enchaîne sur son cours d'espagnol et rentre vers vingt heures. Donc pas le temps de mitonner un bon petit plat, et de mon coté mes compétences culinaires sont limitées. Par ailleurs j'adore les pâtes, comme tous les gosses. J'en fais une plâtrée, abondamment additionnée de sauce tomate et d'emmental râpe. C'est délicieux. En plus, avant l'effort de la répète, ça constitue un apport de sucres lents non négligeable. Comme tous les performers je ne dois pas être à cours de calories pour pousser ma voix, et je ne pourrais envisager de n'être pas à mon niveau optimal et de ce fait trébucher sur le final de « Highway to Hell » par insuffisance de préparation.
Tout cela s'apparente à un entraînement sportif de haut niveau, on ne peut pas être au top d'un coup ! De la même manière qu'un haltérophile soulève des poids considérables en rajoutant de la fonte par paliers successifs, il me faut aussi gérer cette montée en puissance de mon organe. Je m'y pépare dès le matin en voiture, je consacre une partie de mon trajet vers la Cité des Papes en vocalises diverses, expérimentant des intonations improbables, explorant mes registres vocaux, en général sur la chronique économique de Jean-Marc Sylvestre à 7h20 sur France Inter. Les horreurs qu'il met en lumières sur fond de mondialisation libérale effrénée facilitent mon potentiel explosif vocal. Le retour d'Avignon est en général consacré à un marathon de la voix, qui me permet de réviser nos principaux titres sur le lecteur CD de bord de ma fidèle 107.
Mais revenons au concret.
Lorsque nous sommes arrivés chez les Chapoton, pour ainsi dire en Prime Time (poursuivons la comparaison télévisuelle), les musiciens étaient déjà installé dans la salle Jim Morrison, alors qu'à l'étage Sylvie, sa maman et sa soeur michèle finissaient le repas. C'est donc sans trop nous attarder que nous avons rejoint le groupe occupé à réviser. Pas de gadget nouveau cette fois-ci pour troubler notre concentration. Chacun s'est installé à sa place et le marathon a commencé. Pas de lotosong non plus, je me suis contenté de suivre l'ordre du cahier de chant, celui de nos premières répètes, avant que Jako ne nous suggère un arrangement différent dans l'enchaînement de notre répertoire afin de l'harmoniser. Odile, épuisée, est restée à Bouillargues, c'est donc, en l'absence récurrente d'Alain en congés de Bilans, sans choristes que s'est déroulée la séance.
Rappelons qu'à l'instar des intermittents du spectacle, Alain ne travaille pas toute l'année. C'est un saisonnier, comme les moniteurs de ski ou les plagistes, les vendeuses de chichis. il ne travaille que trois mois par an. C'est « la Période des Bilans ». Il nous fait le coup tous les ans et s'enferme dans sa bulle durant le trimestre janvier-avril (ouais je sais, c'est un trimestre de quatre mois, mais je ne suis pas comptable, moi). Le reste du temps il recharge les batteries et vit sur l'argent escroq.. amassé durant ses trois mois d'activités.
Quoi qu'il en soit le marathon est correct, sans être un feu d'artifice. Nous atteignons tout de même notre pic de performance sur Caroline, qui recueille un satisfecit. L'absence de choriste se fait cruellement sentir. On joue carré, ce n'est déjà pas si mal.
A la pause, il nous faut tout de même aborder le douloureux problème de notre concert du 31 mai. Ce que je nommerai « l'Affaire de Sainte-Anastasie ».
Si vous avez suivi les commentaires précédents, vous avez du lire notre surprise concernant la fameuse entrée à sept euros qui nous est demandée par l'organisation. Comme ça, sorti de son contexte, ça paraît un peu fort le café qu'en tant qu'artistes quasi-bénévoles, il nous faille en plus payer l'entrée du site. J'imagine tout à fait l'organisateur d'un concert au stade de France demander à Johny de bien vouloir régler l'entrée pour monter sur scène. Bien sûr je grossis le trait, et je ne mets pas en parallèle nos carrières respectives. Mais tout de même, nous avons notre fierté : comment pouvons-nous accepter de devoir débourser quoi que ce soit pour nous produire en spectacle ? Jouer gratuitement c'est la limite basse que nous nous sommes fixée. Alors qu'en est-il exactement ?
D'une part notre repas est assuré. C'est l'équivalent de 10 euros. Et d'autre part les 7€ correspondent à une place assise au spectacle du soir. Mais en fait d'après ce que j'ai compris, il s'agit d'un dîner-spectacle. Donc faut-il assister au spectacle pour que notre repas soit servi ? Peut on assister au spectacle et manger debout ? Peut on manger d'abord, puis regarder le spectacle debout gratuitement ? Est-il possible de manger assis, mais en tournant le dos à la scène ? Doit-on manger sur scène entre deux morceaux ? Tout simplement, est-il possible de manger, assis, et shunter le spectacle ? D'une manière générale, à quelle heure allons-nous manger ? Plus lapidairement, qu'allons-nous manger ?
Les combinaisons, vous le voyez, sont multiples, toutes également alléchantes. Comment faire un choix ?
De notre conversation animée, il ressort que nous ne sommes pas spécialement focalisés sur le spectacle. Les sexy follies doivent constituer un show passionnant, mais nous pourrions assez facilement en faire le deuil. Certes ce serait une réelle déception, après les saxos et les joyeuses chorales, de rater le clou tant attendu de la soirée, mais je pense qu'il serait possible de surmonter ce choc. N'oublions pas en outre que nous passons à 16 heures et que tout est plié à 16h30. Aurons-nous la force et la patience d'attendre jusqu'à 21h notre repas ? Tout cela est terriblement angoissant...
Par contre il me semblait bien me rappeler que repas et entrée étaient spécifiquement mentionnés dans notre contrat.
Donc : relisons le contrat ! C'est dans ces moments que nous prenons conscience qu'en tant qu'artistes nous ne sommes pas bien armée pour négocier les conditions de nos engagements. Il nous faudrait un spécialiste, un requin qui puisse lutter à armes égales dans cet océan de piranhas qui n'ont qu'un seul but : tondre la laine sur l'échine des pauvres pigeons que nous sommes.
La deuxième partie de soirée a été entièrement consacrée au déchiffrage de « I'll be Waiting ». Nous sommes revenus plusieurs fois sur l'ouvrage, en nous aidant du CD original pour caler les diverses reprises, Lolo a testé de nombreux sons pour remplacer les violons de la chanson. L'un d'eux conviendrait, mais pour l'instant nous ne savons pas comment d'une manière fluide passer du piano au violon. C'est très technique, il y a une combinaison de touches minuscules, et je ne peux pas le faire tandis que notre pianiste joue, car à ce moment là je suis occupé à me débattre avec une partie assez périlleuse du titre, des phrases qui s'enfilent les unes à la suite des autres, qu'on doit compacter pour qu'elles veuillent bien rentrer dans la mesure.
Je hais Leny Kravitz ; pas seulement parce qu'il a séduit notre Vanessa Paradis, mais aussi pour la complexité d'un texte touffu qu'il croone sur une musique d'une limpide simplicité qui me laisse exposé, vulnérable et maladroit.
lundi 14 avril 2008
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2 commentaires:
petite information en passant, demain,pour la repète chez les chapofabre,nous avons un invité : l'organisateur en chef du festival de saint anna
Alors c'est comme vous le sentez,ou on essaye de lui en mettre plein la vue et les oreilles en s'appliquant comme jamais,ou au contraire on massacre tous les morceaux en jouant a fond et desaccordé (ça je sais faire) pour le degouter un max et le faire fuir le plus vite possible.......c'est vous qui voyez
poun
et si tout simplement on essayait de le gnater au limoncello ?
ça nous laissera le temps de réfléchir ?
peut-être que Sylvie Lolo et Odile pourraient être "gentilles" avec lui, pendant ce temps on le fera signer ce qu'on voudra..
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