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lundi 18 février 2008

Arx Tarpeia Capitoli Proximae !

 
La première expression qui me vient à l'esprit, quand j'évoque cette soirée chez les Ritchwood, c'est celle de catastrophe industrielle. On se souvient de Jean marie Méssié et de sa lamentable prestation à la tête du géant de l'audiovisuel Universal ; en ce qui me concerne il s'agirait plutôt d'une catastrophe musicale !


Pourtant tout s'annonçait sous le jour le plus favorable. Dans l'après midi nous étions allés chez jako prendre possession du CD. Le long accouchement de ce bébé de quelques grammes, le travail qu'il a fallu fournir pour y parvenir n'ont rendu que plus savoureux le moment où enfin nous avons écouté les premières mesures de la précieuse galette. Par la suite chacun de nous a passé en boucle son exemplaire, s'émerveillant de l'aspect professionnel, « propre et carré » de l'ensemble, et l'apport considérable des choeurs. On était rentré dans la cour des grands, nous aussi nous avions notre CD, avec la « pochette », un bel objet qui synthétisait en 24 minutes trente et 8 titres l'expression de notre talent.


Jako nous fit cependant part de son incomplète satisfaction sur certains titres, promettant d'améliorer encore le rendu ultérieurement, mais nous assurant que « déjà cette ébauche nous permettrait d'avoir un bon aperçu » ; « et comme ça, au moins vous aurez un CD propre à donner » ajouta-t-il. Nous le remerciâmes chaleureusement, chacun protégeant avec une inquiétude jalouse son disque acquis de haute lutte, prêt à décapiter quiconque d'un tranchant de CD tel le chinois de Goldfinger étêtant les statues dans le James Bond éponyme. On avait le CD, et malheur à qui tenterait de nous en déposséder. Nous étions comme Akela la louve protégeant Mowgli de la cruauté de Sher Khan, déjà nous découvrions les crocs à la simple hypothèse qu'un improbable futur CD puisse remplacer celui que nous tenions d'une main tétanisée par une panique anticipée.


Je me souviens d'avoir eu en tête cette scène des Tontons Flingueurs dans laquelle Francis Blanche (Maitre Follasse) avec un rictus de haine et des yeux fous et exorbités, éructait un « touche pas au grisbi, salope ! » à la pauvre jeune fille qui faisait mine de prendre sa mallette. Nous étions dans cet état d'esprit : Touche pas au CD salope ! pensait chacun de nous : « il faudra me passer sur le corps » avant que quiconque puisse me le prendre !


Le soir chez Pascou, nous continuâmes à passer, sur à peu près tous les lecteurs de la maison notre production chérie, exhibant fièrement le sourire conquérant du winner. A la fin du repas, afin de remercier nos amis pour leur soutien sans faille, nous décidâmes de leur offrir un boeuf impromptu.


Et c'est là que les choses se gâtèrent singulièrement.


Il est à noter (en aparté) que le repas fut excellent, avec entre autres un délicieux plat exotique, grec il me semble. Catou avait préparé de l'agneau qui avait mijoté avec des laitues, le tout relevé par un filet de citron. Tout simplement ASTA (ASTA...per le cul par terre). Peut être notre boeuf, qui faisait suite à un plat de viande déjà riche, fut-il trop lourd pour nos organismes cinquantenaires.
Nous avions donc, comme je vous en parlais un peu plus haut,  prévu d'offrir à nos amis l'aubade, car nous avions tous apporté nos instruments. Je me demande encore pourquoi j'avais pris la peine de prendre ma guitare et mon ampli tandis que j'avais fait l'impasse sur le micro et le carnet de chant. Un malencontreux acte manqué sans doute, tant mon complexe est grand de ne pas faire partie de l'élite d'un groupe : les musiciens.

 

Dans mon imaginaire, j'avais sans doute tenu pour acquis que j'accompagnerais sans problème de mes doigts agiles les différents titres d'un l'album dont je ne connaissais pas le premier accord. Certainement pensais-je également que la science infuse aussi dans la boisson ambrée. Peut-être était-ce pour cette simple raison que j'en avais fait une bonne provision au long de l'interminable apéritif. Victime de ma politesse légendaire, je n'avais pu refuser les incitations de mon hôte à goûter son excellente boisson ambrée.

D'un tempérament très soupaulait, Le bassiste du XXIè siècle n'aurait supporté que je n'honore pas d'un fond de verre l'occasion exceptionnelle de cette invitation.

Dans un texte précédent, je fustigeais avec mon habituelle causticité le maillon faible, vantant mon professionalisme versus le dilettantisme de certains. Quelle ironie de comprendre a posteriori que c'était là un discours prémonitoire de ma propre défaillance.En fait j'hésite pour qualifier tout ceci entre les termes "maillon faible" et "chaînon manquant".. La postérité jugera !
Si parfois il y a un Dieu des musiciens qui sauve les situations les plus désespérées, il me fallut rapidement constater que je n'avais pas assez prié. J'étais mauvais avant, je le restai après, avec la même effroyable certitude. La situation était désespérée.
De l'avis de tous, enfermé dans ma bulle artistique, je pris mon pied à saboter chacun des titres de notre répertoire, au désespoir de Pierrot réduit à se taper le front sur les cymbales, tel le Rabin exalté récitant son kaddish devant le mur des lamentations tandis que les kamikazes palestiniens explosent alentours.
Il me semble qu'au bout d'un moment (assez long paraît-il) je perçus les messages plus que subliminaux de mes compères m'exhortant à revenir à mon expertise première : le chant.


Confiant, je me saisis de mon micro. Enfin je tentai de m'en saisir : Je n'avais pas de micro ! Qu'à cela ne tienne me dis-je, tu vas chanter sans. J'entamai à tue-tête le premier couplet de l'un de nos tubes planétaires, tentant de passer le mur du son des amplis.
Et là, cher amis : le blanc ! le trou, le vide complet, "la profondeur de l'oubli n'a d'égale..." dirai-je en paraphrasant la célèbre devise de Lolo pour la Compagnie du Cercle. la profondeur de l'oubli n'a d'égale que la détresse quand je compris que je plongeais inexorablement tout au plus profond du trou insondable du ridicule. Un ridicule qui hélas en la circonstance ne tua pas. Du coin de l'oeil, alors que mes amis miséricordieux tentaient de me porter à bout de bras tout au long d'un interminable chemin de croix, je pouvais observer les expressions médusées puis hilares, et enfin navrées de l'assistance. Je passerai sur le  Kéké, dont c'est quasiment une seconde nature de se moquer de nos gesticulations, je pensais surtout à nos femmes, si fières de nos efforts. Je les prie ici de me pardonner d'avoir mis leurs hommes dans l'embarras. Bien sur le kéké en profita pour perfidement demander si c'était bien les mêmes personnes qui jouaient et chantaient sur le CD, il déclara également avoir du déplacer son anniversaire au 31 mai à 16h, nous demandant avec une voix faussement anxieuse si nous étions bien toujours en concert à cette date et heure.

Grandeur et décadence... le Capitole est tout près de la roche Tarpéïenne on le sait, et plus haut le sommet : plus dure est la chûte.

Devant le désastre personnel de cette soirée, il faut  "rebondir" comme dirait un copain à moi qui en connaît un rayon en rebonds divers et variés. "Du passé faisons table rase !" criaient les manifestants en 68. Faisant mien ce slogan, quelle morale dois-je tirer de ce douloureux enseignement ?

en 1 : toujours avoir mon carnet de  chant sur moi ! on ne sait jamais.

en 2 : toujours avoir mon micro sur moi ! on ne sait jamais.

en 3 : de même que j'ai abandonné le tennis sur une expérience douloureuse (je note d'ailleurs que dans les deux cas Alain était présent), je fais une croix sur la guitare.

en 4 : Comme dans une entreprise qui connaît des déboires : se recentrer sur son coeur de métier. donc, et puisque je n'ai que celui-là : le chant.

en 5 : faire des efforts de mémoire. pour éviter les déboires dus à l'absence de point 1.

en 6 : faire des efforts vocaux. Pour éviter les déboires dus à l'absence de point 2. Comme Démosthène je vais déclamer au bord de la mer en furie, des galets plein la bouche avec un glaive suspendu au dessus de ma tête. C'est formateur il paraît.

en 7 : lors de nos concerts payés en nature, y aller mollo avec la partie "nature."

en 8 : et pour conclure, citons Aragon :

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur ....



Pour conclure tout à fait, un point important : La Roche Tarpéienne n'est pas un lieu où on fume des tarpés. Il fallait le préciser.

A Posteriori, ça me vient d'un coup, en guise d'ultime conclusion de la fin, je rejoins pour une fois Nicolas Sarkosy : le devoir de mémoire est sacré. sacré et utile. Il ne faut pas oublier, jamais. Outre que nous le devons aux générations passées et futures, à la patrie, et tout ça....
Ne serai-ce que pour mon confort personnel :
Il faut à tout prix que je mémorise ces textes de merde !

13 commentaires:

Pascale a dit…

Ne va pas me faire croire que "se faire passer sur le corps par une salope" soit si terrible...

Il serait nécessaire que Pierrot arrête de se taper la tête sur les cimbales, c'est une habitude qui peut lui nuire.

Tentez de jouer avant toute ingestion de quelque boisson que ce soit (hormis l'eau, et, dans ton cas, chaude avec du miel)

Arrêtez de vous prendre le chou à chaque fois que vous merdez (ça va pas être vivable lol).

Et Mitch, la guitare, c'est comme le vélo (j'avais pensé à autre chose mais bon...) ça s'apprend. Alors ne la revend pas ;-)

The Undertakers 5 a dit…

Pascale... heureusement que tu es là.

ton bon sens, ton pragmatisme contribuent à nous recentrer sur l'essentiel :-)

je vais attendre un peu pour la guitare.

pour Pierrot, le pire serait qu'il se tape la tête ENTRE les cymbales (ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs).

concernant ton bon conseil diététique, je vais garder l'idée du miel : c'est bon dans un grog...

Anonyme a dit…

rappelle moi TA formule du grog mitch
un peu d'eau chaude
un peu de miel
et plein,plein de liquide ambré ?


c'est pas bon pour toi !


poune le terra peute

Anonyme a dit…

y avait une salope qui voulait toucher au CD ? samedi !!!

c'était qui ?

moi, j'veux bien qu'on me passe dessus !

le kéké

Anonyme a dit…

merde...j'ai trouvé la salope :

c'est Mitch ! glup !

dans son baratin, il a bien dit "je passerai sur kéké" !!!

j'ai pas révé !

Hé ! les Homotakers !
faudrait voir à calmer le jeu sur la boisson ambrée !
vous allez finir avec des contrats au Lulu Bar.........


le kéké pas niqué ( que non alors !)

Anonyme a dit…

On a pas vu le même film!
Moi, j'ai le souvenir d'une soirée extraordinaire qui s'est terminée en apothéose avec un boeuf d'anthologie.
A part un public de m.. molassons,tout était top!
Même s'il est vrai que pour des non-initiés , notre prestation musicale pouvait paraitre quelque peu hermétique par moments.

Nul n'est prophète en son temps et dans son pays et à forciori auprès de ses proches..

Mitch ,n'arrête surtout pas la guitare car tu possèdes un feeling avant-gardiste too much!

ps Si j'ai frappé les cymballes avec ma tête , c'est simplement parceque tous mes autres appendices étaient occupés à d'autres taches..

Stone

The Undertakers 5 a dit…

Pierrot, j'aime bien ton film à toi. L'intrigue est passionante, le dénouement est heureux. j'aime les happy end.

Odile n'avait pas vu la même chose, raconté par elle c'était carrément un film d'horreur. Comme quoi il ne faut jamais se fier aux critiques de cinéma.

Pascale a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Dommage un commentaire a ete supprimé ,il devait etre chaud pour ne pas passer la censure , tans pis!
Désolé mitch, mais j'ai bien peur que la vision d'odile soit la bonne,le degre d'alcoolemie de pierrot devait etre assez proche du tiens,c'est pourquoi il garde un bon souvenir de notre prestation
mais apres tout, on peut pas etre au top a chaque fois, c'est comme pour la corrida ,il faut vraiment que tous les elements soient en place pour que la magie s'opere

poune

Anonyme a dit…

Pascou et Odile vous avez un goût de chiot, moi je dirais comme Pierrot, c'était un grand soir, avec un bon feeling, ça me rapelle un peu le concert d'Avignon
la musique la bonne ne peut être comprise que par de vrais artistes,fait écouter un disque de "Al di Méola" à Pascou, il te dira que c'est de la merde, là c'est pareil
Jésou dit Mr BIP

The Undertakers 5 a dit…

Mr. Bip, tu as raison, car en définitive, avec le recul, je garde un bon souvenir de cette soirée.
L'assistance était consternée, mais moi finalement je me suis régalé. On a expérimenté, et toute expérimentation comporte des risques.
Bon, là maintenant on a bien cerné les risques, on a balisé le chemin ; à nous, guidés par la lumière au loin, de rester dessus et de ne pas buter dans l'obscurité, sur quelque obstacle qui traînerait par terre (un cadavre de bouteille, une guitare, que sais-je encore)...

The Undertakers 5 a dit…

Et puis, il n'y a pas que la magie qui s'opère Poune... (se faire opérer de la magie ! On n'est pas chez Harry Potter !) il y a les varices qui s'opèrent, l'hypertrophie de la prostate, les glandes mammaires trop ou mal développées, les couilles du torero qui a mal négocié une naturelle, les oreilles décolées (celles du taureau qui a mal négocié un torero),les jeunes filles (les jeunes filles z'opèrent).

Anonyme a dit…

Mitch,arrete du culpabiliser pour ta modeste prestation de samedi soir.Tu vas peter une durite ou plutot une corde(de guitare)...
Les artistes connaissent des hauts et des bas dans leurs carrières ,tu dois rebondir comme dirait jesou le barde immobile..
bon, bises à tous le match reprend.
alain spy àla mi_temps..