Les choristes (pièce en un acte)
Scène 1
L’action se déroule dans une maison bourgeoise des collines de Nîmes.
Des notables sont attablés.
C’est la réunion hebdomadaire de quelques cinquantenaires qui ont monté un groupe de Rock et répètent deux fois par semaine afin de se produire devant leurs amis lors de la fête qu’ils organiseront le jour de la saint Michel, en septembre.
Pascou, un dentiste converse avec Jésou, clerc de notaire. Tous deux sont « des amis de trente ans ».
Phil, le kiné, est à l’intérieur puis sort rejoindre les autres. il est debout.
Mitch, le chanteur du groupe apparaît. Il est chargé de son ampli et de sacs.
L’après midi, Mitch est allé dans un magasin de musique acheter un micro sans fil, et Pascou de son coté s’est rendu dans un autre magasin afin d’acquérir un ampli plus puissant pour sa basse.
Mitch : salut les jeunes.
Phil : salut !
Pascou : ah ! voilà le Mitch.
Jésou : oui en effet. Alors toi aussi tu as arrêté de fumer ?
Mitch (déconcerté) : euh… pourquoi ?
Jésou : ben sur ton blog, j’ai lu que tu avais une grosse volonté, tu peux arrêter quand tu veux (rires).
Mitch (réalisant enfin) : Ah ! oui, (rire) oui, tu as vu, hein, j’ai une volonté d’acier ! (à la cantonnade) : Alors, quoi de neuf ? As-tu acheté ton ampli Pascou ?
Pascou : Oui, je suis allé chez Brockenstock avec Pierrot, et j’ai craqué. J’ai acheté un ampli de cent Watts.
Mitch : CENT WATTS ?! Tu n’as pas trouvé plus gros ?
Jésou : Moi aussi j’ai acheté un ampli !
Mitch : Allez ? c’est pas vrai ?
Jésou : non, c’est une joke !
Phil : bon, c’est pas le tout, mais faut y aller, là.
Pascou (enthousiaste): Par contre Pierrot est venu avec moi, et il a craqué aussi. Du coup, je l’ai accompagné chez lui pour qu’il récupère son « viel » ampli (qui avait une semaine !) et le type de chez Brockenstock lui a repris, avec une pédale qu’il avait achetée. Et Pierre est reparti avec un ampli de cent watts aussi !
Mitch (médusé, puis faussement accusateur): ‘Tin, les mecs, moi je peux plus suivre, c’est l’inflation ! quand je pense à tous ces gosses du Darfour qui n’ont même pas un kazoo à se mettre à la bouche, et nous , nous n’avons pas encore fait un seul concert, et nous alignons déjà presque six cents watts… café..
Jésou : Au fait, quelqu’un veut un café ?
Mitch : Ah ben tiens, ce n’est pas une mauvaise idée. Je prendrai un rouge cette fois. Sans sucre. Ca devrait être su d’ailleurs.
Jésou (se retournant) : Cyril, fais nous deux cafés s’il te plait !
Phil : tout le monde est là ? parce qu’il va alloir s’y mettre.
Mitch (coléreux) : Bon, et moi je vais encore être ridicule avec mon micro sans fil. Vous faites vraiment ch…, chaque fois que j’achète un truc, tout le monde s’en fout, du coup.
Pascou (consolateur): Mais non, c’est très bien un micro.
Mitch : Oui, je voulais en acheter un à Odile, mon épouse, que Dieu dans Sa grande miséricorde la tienne en Sa Sainte Garde. Et puis je me suis dit que comme je bougeais beaucoup et que je cassais les cables, il vaudrait mieux que je prenne un micro HF. Ainsi je pourrai sauter dans tous les sens sans avoir de problèmes. Par la même occasion, j’ai acheté un pied et un lutrin aussi.
Pascou (distrait) : Bien, bien..
Phil (impatient) : Bon, on y va, on perd du temps.
Jésou (lève la tête et tend l’oreille) : Oh, mais j’ai entendu un bruit du coté du portail. Ne serait-ce pas notre ami Pierrot ?
Pascou (se tournant) : Ah non, c’est le Baou.
Tous : Oh ?
Scène 2
Les même, plus Alain, expert-comptable, dit « le Baou », puis Odile épouse de Mitch et Pierrot, infirmier libéral.
Alain : salut la compagnie !
Tous : salut Alain !
Pascou : alors Alain, on a beaucoup de choses à te dire, concernant l’organisation. Et puis il va y avoir quelques frais.
Alain : Euh les mecs, laissez moi au moins m’assoir.
Jésou : tu veux un café ? Cyril, un café pour Alain. Quelle couleur veux-tu Alain ?
Mitch : Alain tu es prêt ? grosse soirée ce soir. Avec Odile vous êtes choristes.
Pascou : J’ai des papiers pour toi Alain.
Alain : Oui, je préfère. Vert jésou. Donne Pascou. Pas tous en même temps les mecs !
Odile : (après être arrivée, fait le tour de la table et distribue les bises) : bonsoir !
Mitch : bonsoir ma puce. Attends je vais te chercher une chaise.
Odile : Mais non, ce n’est pas la peine, regarde, je m’assois sur la balancelle.
Jésou : tu veux un café Odile ? Ah non, c’est vrai tu ne bois pas de café.
Phil : bon, qu’est-ce que fait Pierre ?
Pascou (se lève et s’éloigne): en attendant, je vais aller chercher mon ampli.
Mitch (il sort son briquet et allume la cigarette qu’il vient de rouler): Vous êtes sûrs qu’on ne va pas être trop serré dans la salle , avec tous ce matos ? et puis le compteur électrique va-t-il tenir ?
Jésou : le problème ca va surtout être la chaleur..
Alain (égrillard, met un bras autour des épaules d’Odile): Ca ce n’est pas grave, on se mettra à l’aise, Pas vrai Odile ?
Odile : même pas en rêve !
Scène 3
Les même. Pascou revient, portant un objet monstrueux et visiblement lourd, suivi par Pierrot chargé comme un baudet de sa guitare et d’un ampli gigantesque.
Mitch : Té, vé, les rois mages. Melchior et baltazar.
Pierrot : (attendant que Pascou se décharge de son fardeau): salut, je vous fait pas la bise, je suis un peu chargé.
Pascou ( posant son ampli sur la table, qui plie sous la charge) : Voilà la bête. C’est super, désormais on aura un retour (montrant une prise), on met le cable là, et on le branche sur l’ampli de scène. Pierrot a le même système. Comme ça on pourra enfin s’entendre.
Mitch : Y a des boutons partout. Tu ne crois pas qu’on en avait déjà assez, Pascou, on va encore passer des heures à régler tout ça .
Jésou (désignant Alain) : Mais non, Alain est là. C’est lui le technicien.
Alain : euhhh..
Phil : Moi je voudrais rien dire, mais bon, on a plus de matos qu’un groupe professionnel, et on n’a pas encore fait un seul concert payant. Il va falloir vite s’y mettre si nous voulons rentrer un peu dans nos frais.
Pierrot : On n’est pas prêt !
Mitch : ouais, ben avec toi on n’est JAMAIS prêt ! moi je veux goûter la scène, je veux sentir l’odeur de la groupie en chaleur, moite de désir sur le point de se jeter sur la scène.
Odile (elle met une calbotte sur le crâne de Mitch) : dis, Michel Mazet, ça suffit, je suis là moi.
Jésou : Oui Odile tu as raison. Et d’ailleurs on m’a dit que tu apprenais « les sucettes » mais tu sais tu n’as pas besoin d’apprendre, d’après Mitch tu es très au point !
Odile : je te hais Christian.
Phil : oh, les mecs, je vous signale qu’on est là pour répéter.
Mitch : ah, oui c’est vrai ; il y a ça aussi.
Pierrot : vous auriez pas comme une petite soif ?
Jésou : tu veux un café ? Cyril, fais nous un café s’il te plait. Tu veux quelle couleur ?
Pierrot : non je pensais plutôt a ce truc citronné et bien frais que tu nous sers parfois.. le limonzano, limonvino ?
Jésou : ah…. Le limoncello ? oui je vais en chercher.
Tous font silence tandis que la liqueur citronnée coule dans le verres. Les minutes s’écoulent, agréables, en conversations informelles.
Pascou : Au fait Alain. Dans le cadre du partage des taches, il va falloir que tu fasses quelques petits achats.
Mitch (lyrique): oui, déjà concernant l’éclairage, on t’a fait une petite liste. Une poursuite, des douches, la machine à fumée, la machine à bulles, la machine à mousse, la boule a facettes, le laser, la lumière noire..
Alain (déprimé) : ca sera tout ?!
Jésou : il y aura encore quelques bricoles, mais bon on te dira ça à mesure.
Phil (résigné): je ne voudrais pas vous presser, mais il est 23h, on est arrivé à 21h, on pourrait peut-être s’y mettre ?
Jésou : Rentrons !
Scène 4
Tous descendent l’escalier qui mène à la salle Jim Morrison. Ils envahissent bientôt la pièce déjà encombrée de matériel. Tout est encore en vrac, et il est nécessaire de brancher ensemble tous ces éléments disparates. Les choristes Odile et Alain tentent de trouver une place dans ce capharnaüm.
Mitch (il ouvre sa mallette) : Tiens, Alain, voilà ton song book. Toutes les chansons sont dedans.
Alain (prend le livret t le feuillette) : Il va alloir que j’apprenne tout ça ?
Odile : Mais je serai là mon Alain, pour t’aider.
Alain (faisant mine de l’embrasser sur la bouche) : Oui mon Odile.
Mitch (furieux) : Quelqu’un a un seau d’eau froide ?
Pascou : Alain, on a aussi le kazoo pour toi. Mais je ne sais plus où il est.
Jésou (il aide Phil a régler la pédale de la grosse caisse) : je l’ai vu sur le fauteuil, là-bas.
Pendant que phil et jésou s’affairent autour de la batterie, que Pascou cherche le kazoo, Pierrot branche son ampli et accorde sa guitare, Mitch met les appareils sous tension et câble les micros, puis installe les pieds et le lutrin. C’est le moment des premiers essais.
Mitch : Paris Bordeau Le Mans.
Jésou : euh.. Tout le monde est là ? Ou quoi ?
Odile : Annie aime les sucetteuhhhh !
Alain : ……..
Pierrot (plaque un accord) : un, un !
Pascou (joue de sa pédale d’effets) : deux deux !
Jésou : On m’entend là ?
Mitch : oui on t’entend Jésou.
Pierrot : je joue pas trop fort ?
Phil : (roulement de toms).
Pascou : Mitch tu peux pas remonter la basse sur l’ampli, on m’entend pas.
Mitch : Qu’est-ce que tu dis, je n’entends rien.
Jésou : on m’entend là ? je vais me rapprocher de l’ampli (hurlement de larsen)
Phil (grosse caisse, toms et caisse claire): vous jouez tous trop fort.
Tous : quoi ?
Mitch : hein ?
Jésou (montant le son) : ah là ca va mieux !
Pierrot (appuyant sur sa pédale d’effet et réglant des potentiomètre au hasard) : génial cet ampli, comment es-ce que j’ai pu faire avant ?
Alain et Odile (conciliabule) : Qu’est-ce qu’on fout ici ?
Pierrot : vous avez pas soif, vous ?
Phil : ah non ! on joue d’abord.
Jésou : qu’est-ce qu’on joue alors ?
Mitch : Ben… si on commençait par Whatever pour changer ?
Tous (en chœur) : Ok, on y va.
Pierrot : vas-y Phil donne le tempo, et pas trop lent.
Phil levant les bras entrechoque les baguettes pour donner la mesure.
Mitch : WHATEVER YOU WANT ! WHATEVER YOU LIKE ! WHATEVER YOU S……
Pierrot : stop, stop stop !
Pascou : Qu’est ce qui se passe ?
Jésou : ‘tin merde, j’étais dedans !
Pierrot : je sais pas, du coté des chœurs, vous n’êtes pas dans le ton, on dirait que vous ne chantez pas la même chose.
Alain : mais vous jouez quoi là, vous ?
Mitch : whatever you say des Status Quo.
Odile : ahhhhhh nous on était sur Proud Mary, c’est pour ça que je ne reconnaissais pas les mots du refrain.
Alain : et bien moi, tu vois, ça ne m’a pas frappé ; je trouvais qu’on s’en sortait drôlement bien.
Phil (attéré): c’est pas gagné !
Scène 5
C’est la pause. Par respect pour Alain, le seul non fumeur, le groupe est sorti sur la terrasse pour fumer et boire un verre de limoncello. Une bouteille de boisson ambrée a été cassée au cours de la répétition. Tandis qu’ils se détendent, Jumping Jack Flash passe en boucle sur l’ordinateur afin qur tous s’imprègnent de la mélodie.
Mitch : rahaaa, qu’est ce que ça fait du bien !
Phil : en même temps on n’a joué que dix minutes.
Pascou : Mais c’était intense.
Pierrot : oui et puis j’avais une de ces soifs. Mais je ne veux pas déranger non plus.
Jésou : moi je ne m’entends pas, je suis obligé de m’assoir devant l’ampli.
Pascou : oui on a remarqué, il y avait du larsen, un peu ! et je te rassure, nous on t’entend. (se tournant vers Mitch) et toi aussi on t’entend. Trop !
Mitch : ah bon, moi je ne m’entendais pas.
Odile : de toute façon, toi, tu n’entends jamais rien !
Pierrot : A ce propos, les choristes. Il va falloir travailler votre choregraphie ; il faut que ça bouge, que ça pète. Et puis, pour la voix, il faudrait que vous essayiez de chanter à la tierce.
Alain ( perdu) : hééèèè?
Pierrot entreprend d’expliquer la technique du chœur aux deux novices. Le succès est mitigé.
Pierrot : Bon… pour l’instant, chantez….. euh.. normalement.
Mitch : (mangeant de l’île flottante) : Hmmm, l’île flottante de Sylvie c’est quelque chose. Et puis ça me fait du bien aux cordes vocales, ça les améliore.
Jésou (ironique): Mitch, régale toi alors, parce que question amélioration, tu pourrais manger trois barquettes d’île flottante sans que ce soit préjudiciable, au contraire, tu as une grosse marge de progression!
Phil : si tout le monde a fini, on pourrait y retourner ? il nous reste encore jumpin jack flash à travailler.
Pascou (en aparté): bien parlé, nous autres de la sections rythmique on aime bien la ponctualité.
Mitch (se tournant vers les choristes): tu va voir qu’un de ces soirs ils auront installé une pointeuse à l’entrée ! nous à la section chant on est des ARTISSES.
Pierrot (à Jésou): Ils commencent à se la jouer grâve tous.. S’il n’y avait pas les guitaristes pour donner le ton Rock, ils pourraient aussi bien chanter du Claude François ou pourquoi pas du Dalida.. Ils ne mesurent pas la chance qu’ils ont de nous avoir !
Tous se lèvent et s’éloignent par groupes d’affinité musicale.
Mitch (à la cantonade): en tous cas les amis, depuis qu’on fait de la musique, je trouve que le groupe s’est beaucoup ressoudé, les liens se sont resserés. Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est cette franchise qui nous unit.
Tous (sincères) : Oui, tu as raison Mitch !
Le rideau se baisse alors que les accents de Jumping Jack Flash résonnent, agrémentés de commentaires divers.
samedi 30 juin 2007
jeudi 28 juin 2007
lundi 25 juin 2007
Un Samedi à la Campagne ( samedi 23 juin)
Il s’engouffra dans le flot de circulation qui s’écoulait paresseusement sur la route d’Arles en direction de Nîmes. Depuis longtemps il avait abandonné toute velléité de conduite sportive. Il n’était plus un homme pressé désormais, sans doute son futur statuts de cinquantenaire, de senior, y était-il pour quelque chose, encore qu’assurément la multiplication des radars et contrôles policiers en tous genres , ainsi que la lourdeur pachydermique de son mitsubishi Pajero tout autant que quelques frayeurs routières y avaient contribué pour une plus grande part. Sur France Inter, Nicolas le jardinier conseillait avec conviction une auditrice sur les bienfaits de la bouillie bordelaise contre les nuisibles de l’abricotier, ajoutant tout de même que c’était un peu tard, mais que cette dame pensa surtout bien à couper les gourmands, ces rejets inutiles, pour ne pas épuiser l’arbre. L’homme de l’art embrayait sur la méthode pour pincer les tomates quand Mitch réalisa en tâtant sa poche droite, que son paquet de tabac en était absent. Parallèlement le ton sévère d’Odile lui revint en mémoire : déjà que ta 405 pue la clope, tu ne vas pas enfumer la mienne ! Il sourit ; il se dit que ça ne faisait rien, qu’il pourrait bien se passer de son Drum pour une journée. Satisfait de cette pensée, et fier de sa détermination, il prit un embranchement qui le ramena au domicile. Après tout, maintenant qu’il avait prouvé sa volonté, qu’il pouvait s’arrêter quand il le voulait, il pouvait toujours récupérer son tabac ! Ce qu’il fit avec une certaine fébrilité.
C’est tout de même à 8h30 pétante, que remontant la rue de la Lampèze, il tomba nez à nez sur les voitures de Pierrot et Pascou. Quelle précision ! La cohésion du groupe était désormais totale, même dans la concomitante des rendez-vous. Mitch « 75% » Mazet qu’on appelait ainsi en référence à son taux de réussite à la loterie des notes, gara son véhicule sous l’oeil inquiêt de Catherine puis rejoint les autres à la cuisine. Le kéké était là, en tenue de tennis : appareil photo en bandoulière. Cela fit sourire Mitch, « il l’emporte vraiment partout cet appareil » il eut une vision du dentiste, assis sur le trône, pantalon baissé, son appareil réglé en mode rafale, « au cas où ». Pour des raisons de commodités, celui qu’on nommait affectueusement « le Sage » accepta l’invitation de Pierrot à monter avec lui pour rejoindre Desport, destination finale de leur équipée. Pascou était devant, conduisant comme à l’accoutumée à tombeau ouvert, faisant fuir devant lui les mini cooper, et autres smarts, effrayées par le train d’enfer qu’il imprimait à son monstrueux camion. Ils empruntèrent un chemin étrange, faites de détours et de circonvolutions qui firent découvrir à ses suivant des lieux insoupçonnés des faubourgs de Nîmes. L’entrée de l’autoroute apparut, au moment où tous avaient perdu espoir de jamais atteindre quelque lieu que ce soit, perdus pour toujours dans quelque contrée quadri-dimensionnelle oubliée des hommes. Tournant la tête vers son chauffeur, Mitch surpris comme une lueur de soulagement dans les yeux profondément enfoncés dans les orbites de son visage fatigué et have.
« 75% » laissa divaguer ses pensés au fil des bandes blanches qui se poursuivaient de manière frénétique tout au long du ruban de bitume, telles un banc de longues sardines argentées disciplinées. Il imagina qu’elles vivaient en troupeau, que comme les oies sauvages elles effectuaient quelque transhumance vers une destination plus à l’ouest. Un peu comme les anguilles traversent l’atlantique, fraient dans la loire puis retournent mourir dans la mer des Sargasse, les bandes blanches avaient-elles une sexualité complexe ? et à l’instar des éléphants, existait-il un cimetière des bandes blanches ? Il songea que des années auparavant, avec les Jean et les Fabre, lors d’un retour de Colmar, ils avaient, pour tromper leur fatigue calculé la quantité de peinture nécessaire pour délimiter les voies d‘une autoroute. Il ne se souvenait plus du chiffre exact, mais c’était astronomique.Le tirant de sa rêverie, Pierrot lui proposa d’écouter Jumpig jack Flash dans la version de Johny Winter sur l’autoradio de bord. L’interprétation virtuose du chanteur les laissa dans un état de légère déprime. Mais ils conclurent que de toute façon, comme à l’accoutumée, la « patte Undertakers » saurait aplanir les difficultés.
Le groupe se recueillit quelques instants. L’émotion les étreint et une sorte d’angoisse mêlée d’excitation les parcourut inconsciemment. Ils allumèrent une cigarette tout en contemplant le Mas dont l’ombre se projetait sur eux, aidée en cela par les frondaisons abondantes des arbres centenaires du parc. L’entrée de l’écurie qui allait abriter la répétition paraissait minuscule au regard de l’imposante dimension de l’édifice. Il pénétrèrent. La Salle s’ouvrit à eux. Ils en embrassèrent l’espace. Ils restèrent, timides et empruntés, au milieu de la pièce pavée de galets ronds, encore dans la pénombre, éclairée a giorno par le soleil matinal qui baignait l’unique ouverture, décalquant sombrement leurs silhouette démesurée sur l’arrière de la scène, flanquée à gauche d’un long bar de planches, et à droite par la mangeoire de chevaux disparus. L’un des musiciens, plus téméraire, franchit le rubicon en grimpant sur l’estrade. Il en éprouva la solidité du talon, en arpenta la longueur. Sa voix résonna dans le frais silence. Le charme qui les retenait encore se rompit, la salle s’abandonna enfin, comme si elle rendait les armes et acceptait désormais ces intrus : Ils en prirent possession, comme un homme au soir des épousailles fait glisser le dernier vêtement , découvrant le corps frissonnant de sa promise, et d’un geste ample et souple, mais avec infiniment de prudence, pénètre enfin les portes d’un désir longtemps retenu, puis offre sa semence au champ fraîchement labouré (déclama Mitch, sotto voce, décidément lyrique).
« Bon, allez, c’est pas l’tout, mais faudrait y aller les mecs ! » hurla Phil d’une voix de stentor, « faut pas s’endormir, y a du boulot ! ».
Il fallu 20 minutes montre en mains au groupe pour installer la scène, et quatre heures de répétitions pour régler les boutons ! A 10h, les premiers accords étaient plaqués, et la salle rententissaient des roques harangues de Mitch. Catherine était sous le charme. Mitch malgré la pénombre qui nimbait le parterre de mystère, distinguait à quelques mètre le visage extatique de l’hôtesse des lieux. Ses lèvres humides frémissaient au son de la voix du chanteur, sa poitrine, sous le pull léger qui moulait subtilement son corps aux formes parfaites, se soulevait fébrilement, avec difficulté, comme si quelque puissante force la contraignait à lutter contre un évanouissement prochain.
Elle dut s’asseoir sur l’unique chaise de l’auditoire privilégié de ce showcase improvisé. Un souffle de vent passa par la porte restée ouverte, et « le Sage » vit que Catherine reprenait vie au contact de la brise espiègle qui baignait son corps, en caressait la peau moite sous l’étoffe des vêtements.
La musique s’apaisa, les décibels s’éparpillant au grès de la brise, faisant place au silence ponctué de rares commentaires des musiciens.
Catherine se leva enfin : « BON ! Tout le monde veut du pastis ? »
Il était 10h10.
Poésie de l’instant.
Magie du lieu.
Les hommes firent groupe autour de la Maîtresse de céans, devant le bar. Le liquide ambré se troublait au contact de l’eau que Catherine avait puisé à la force de ses bras au puits qui abreuvait encore la maisonnée même au pire moment de la sécheresse. Les hommes se troublaient au contact de Catherine, que kéké avait épuisée à la force de ses bras, lui qui s’abreuvait souvent dans la maisonnée, et pas qu’au pire moment de la sécheresse.
« Allez, on y retourne ! » Phil d’un bond, marqua le tempo de ses baguettes chinoises et courut vers l’estrade.
Poésie de l’instant.
Ils le suivirent, à allure plus modérée.
La séance reprit, égrenant les morceaux comme les perles d’un chapelet laïque. Ils n’entendirent même pas l’hôtesse qui partit en voiture puis revint. A leur insu, elle était allé se ravitailler au village proche, et ramenait de la charcuterie, du vin, du fromage et des fruits. La surprise était totale ! l’ambiance rappelait celle de Milou en Mai, un de ces moments de campagne, simple, convivial. Le pain partagé, qu’on brise sans complexe, la saucisse sèche coupée d’un geste sûr, le pâté dont on tartine généreusement de larges tranches. Le fromage qui s’abandonne au soleil de midi. Le vin généreux de nos terroirs, et les abricots dont la peau veloutée et la forme oblongue rappelle le contact duveteux de, euh.. Mitch sentit qu’il s’égarait à nouveau dans des contrées lointaines, mais il se sentait bien, en phase avec l’univers, surtout cette partie de l’univers située dans la région de Bordeaux, là ou les vins ont de la cuisse et des jambes. Une cuisse sur l’épaule droite, une cuisse sur l’épaule gauche… Mitch sourit intérieurement en se souvenant de cette histoire racontée la veille par Jésou. Mitch avait l’esprit de l’escalier, il sautait volontiers d’une idée à l’autre, les caressant toutes, n’en aimant aucune. Il s’adossa à la chaise. Ferma les yeux. Il pensa que bientôt Phil allait donner le signal de la reprise, et que tous attendaient ce moment avec malice, puis qu’après ils travailleraient à nouveau, partageant des joies pures et des détresses profondes. Enfin ils replieraient bagages puis s’endormiraient sur le chemin du retour, dans les voitures, leur somnolence habitée de concerts et de foules.
Un samedi à la campagne….
C’est tout de même à 8h30 pétante, que remontant la rue de la Lampèze, il tomba nez à nez sur les voitures de Pierrot et Pascou. Quelle précision ! La cohésion du groupe était désormais totale, même dans la concomitante des rendez-vous. Mitch « 75% » Mazet qu’on appelait ainsi en référence à son taux de réussite à la loterie des notes, gara son véhicule sous l’oeil inquiêt de Catherine puis rejoint les autres à la cuisine. Le kéké était là, en tenue de tennis : appareil photo en bandoulière. Cela fit sourire Mitch, « il l’emporte vraiment partout cet appareil » il eut une vision du dentiste, assis sur le trône, pantalon baissé, son appareil réglé en mode rafale, « au cas où ». Pour des raisons de commodités, celui qu’on nommait affectueusement « le Sage » accepta l’invitation de Pierrot à monter avec lui pour rejoindre Desport, destination finale de leur équipée. Pascou était devant, conduisant comme à l’accoutumée à tombeau ouvert, faisant fuir devant lui les mini cooper, et autres smarts, effrayées par le train d’enfer qu’il imprimait à son monstrueux camion. Ils empruntèrent un chemin étrange, faites de détours et de circonvolutions qui firent découvrir à ses suivant des lieux insoupçonnés des faubourgs de Nîmes. L’entrée de l’autoroute apparut, au moment où tous avaient perdu espoir de jamais atteindre quelque lieu que ce soit, perdus pour toujours dans quelque contrée quadri-dimensionnelle oubliée des hommes. Tournant la tête vers son chauffeur, Mitch surpris comme une lueur de soulagement dans les yeux profondément enfoncés dans les orbites de son visage fatigué et have.
« 75% » laissa divaguer ses pensés au fil des bandes blanches qui se poursuivaient de manière frénétique tout au long du ruban de bitume, telles un banc de longues sardines argentées disciplinées. Il imagina qu’elles vivaient en troupeau, que comme les oies sauvages elles effectuaient quelque transhumance vers une destination plus à l’ouest. Un peu comme les anguilles traversent l’atlantique, fraient dans la loire puis retournent mourir dans la mer des Sargasse, les bandes blanches avaient-elles une sexualité complexe ? et à l’instar des éléphants, existait-il un cimetière des bandes blanches ? Il songea que des années auparavant, avec les Jean et les Fabre, lors d’un retour de Colmar, ils avaient, pour tromper leur fatigue calculé la quantité de peinture nécessaire pour délimiter les voies d‘une autoroute. Il ne se souvenait plus du chiffre exact, mais c’était astronomique.Le tirant de sa rêverie, Pierrot lui proposa d’écouter Jumpig jack Flash dans la version de Johny Winter sur l’autoradio de bord. L’interprétation virtuose du chanteur les laissa dans un état de légère déprime. Mais ils conclurent que de toute façon, comme à l’accoutumée, la « patte Undertakers » saurait aplanir les difficultés.
Le groupe se recueillit quelques instants. L’émotion les étreint et une sorte d’angoisse mêlée d’excitation les parcourut inconsciemment. Ils allumèrent une cigarette tout en contemplant le Mas dont l’ombre se projetait sur eux, aidée en cela par les frondaisons abondantes des arbres centenaires du parc. L’entrée de l’écurie qui allait abriter la répétition paraissait minuscule au regard de l’imposante dimension de l’édifice. Il pénétrèrent. La Salle s’ouvrit à eux. Ils en embrassèrent l’espace. Ils restèrent, timides et empruntés, au milieu de la pièce pavée de galets ronds, encore dans la pénombre, éclairée a giorno par le soleil matinal qui baignait l’unique ouverture, décalquant sombrement leurs silhouette démesurée sur l’arrière de la scène, flanquée à gauche d’un long bar de planches, et à droite par la mangeoire de chevaux disparus. L’un des musiciens, plus téméraire, franchit le rubicon en grimpant sur l’estrade. Il en éprouva la solidité du talon, en arpenta la longueur. Sa voix résonna dans le frais silence. Le charme qui les retenait encore se rompit, la salle s’abandonna enfin, comme si elle rendait les armes et acceptait désormais ces intrus : Ils en prirent possession, comme un homme au soir des épousailles fait glisser le dernier vêtement , découvrant le corps frissonnant de sa promise, et d’un geste ample et souple, mais avec infiniment de prudence, pénètre enfin les portes d’un désir longtemps retenu, puis offre sa semence au champ fraîchement labouré (déclama Mitch, sotto voce, décidément lyrique).
« Bon, allez, c’est pas l’tout, mais faudrait y aller les mecs ! » hurla Phil d’une voix de stentor, « faut pas s’endormir, y a du boulot ! ».
Il fallu 20 minutes montre en mains au groupe pour installer la scène, et quatre heures de répétitions pour régler les boutons ! A 10h, les premiers accords étaient plaqués, et la salle rententissaient des roques harangues de Mitch. Catherine était sous le charme. Mitch malgré la pénombre qui nimbait le parterre de mystère, distinguait à quelques mètre le visage extatique de l’hôtesse des lieux. Ses lèvres humides frémissaient au son de la voix du chanteur, sa poitrine, sous le pull léger qui moulait subtilement son corps aux formes parfaites, se soulevait fébrilement, avec difficulté, comme si quelque puissante force la contraignait à lutter contre un évanouissement prochain.
Elle dut s’asseoir sur l’unique chaise de l’auditoire privilégié de ce showcase improvisé. Un souffle de vent passa par la porte restée ouverte, et « le Sage » vit que Catherine reprenait vie au contact de la brise espiègle qui baignait son corps, en caressait la peau moite sous l’étoffe des vêtements.
La musique s’apaisa, les décibels s’éparpillant au grès de la brise, faisant place au silence ponctué de rares commentaires des musiciens.
Catherine se leva enfin : « BON ! Tout le monde veut du pastis ? »
Il était 10h10.
Poésie de l’instant.
Magie du lieu.
Les hommes firent groupe autour de la Maîtresse de céans, devant le bar. Le liquide ambré se troublait au contact de l’eau que Catherine avait puisé à la force de ses bras au puits qui abreuvait encore la maisonnée même au pire moment de la sécheresse. Les hommes se troublaient au contact de Catherine, que kéké avait épuisée à la force de ses bras, lui qui s’abreuvait souvent dans la maisonnée, et pas qu’au pire moment de la sécheresse.
« Allez, on y retourne ! » Phil d’un bond, marqua le tempo de ses baguettes chinoises et courut vers l’estrade.
Poésie de l’instant.
Ils le suivirent, à allure plus modérée.
La séance reprit, égrenant les morceaux comme les perles d’un chapelet laïque. Ils n’entendirent même pas l’hôtesse qui partit en voiture puis revint. A leur insu, elle était allé se ravitailler au village proche, et ramenait de la charcuterie, du vin, du fromage et des fruits. La surprise était totale ! l’ambiance rappelait celle de Milou en Mai, un de ces moments de campagne, simple, convivial. Le pain partagé, qu’on brise sans complexe, la saucisse sèche coupée d’un geste sûr, le pâté dont on tartine généreusement de larges tranches. Le fromage qui s’abandonne au soleil de midi. Le vin généreux de nos terroirs, et les abricots dont la peau veloutée et la forme oblongue rappelle le contact duveteux de, euh.. Mitch sentit qu’il s’égarait à nouveau dans des contrées lointaines, mais il se sentait bien, en phase avec l’univers, surtout cette partie de l’univers située dans la région de Bordeaux, là ou les vins ont de la cuisse et des jambes. Une cuisse sur l’épaule droite, une cuisse sur l’épaule gauche… Mitch sourit intérieurement en se souvenant de cette histoire racontée la veille par Jésou. Mitch avait l’esprit de l’escalier, il sautait volontiers d’une idée à l’autre, les caressant toutes, n’en aimant aucune. Il s’adossa à la chaise. Ferma les yeux. Il pensa que bientôt Phil allait donner le signal de la reprise, et que tous attendaient ce moment avec malice, puis qu’après ils travailleraient à nouveau, partageant des joies pures et des détresses profondes. Enfin ils replieraient bagages puis s’endormiraient sur le chemin du retour, dans les voitures, leur somnolence habitée de concerts et de foules.
Un samedi à la campagne….
vendredi 22 juin 2007
Folcoche et la Pédale magique (mercredi 20 juin)
« Elle est arrivée ! me lancèrent les hétéroclites jumeaux, humides encore de leur vespérale baignade, marchant précautionneusement et se dandinant sur l’asphalte encore brûlant, alors qu’ayant prudemment garé mon tank bi-tons à distance respectable de tout incident potentiel, je me dirigeai d’une souple démarche vers la résidence Fabre. Tout en me questionnant distraitement sur l’identité de l’arrivante (animal, végétal, humain, chose ?) je songeai fièrement que j’avais rempli mes obligations : parti à sept heures de Valence où j’avais passé une laborieuse après-midi à visiter un institut de formation, j’avais rallié l’impasse des climatites à l’heure juste, vingt et une heures, via Avignon. Un exploit. Et cela après avoir refusé noblement la visite d’une cave vinicole et d’un restaurant gastronomique.
C’est ça aussi, être un Rocker : le sens de l’équipe, l’oubli de soi, la rigueur, le professionnalisme, dans un soucis d’efficience et de résultat, quitte à se résoudre à adopter un mode de vie quasi-monacal.
« Elle est arrivée…. Comme le tonnerre nous surprend bien après l’éclair de l’orage, les paroles des jumeaux parvinrent à mon cerveau droit, lequel par le biais du thalamus transféra l’information vers son homologue gauche, qui en décoda les termes sibyllins et tenta d’en reconstituer le sens. Mes lobes temporaux instillèrent un soupçon d’émotions mêlées de curiosité aux muscles faciaux de mon visage aux traits aristocratiques, dont j’avais deux heures encore auparavant protégé le chef d’un panama de paille salvateur en cette chaude journée de juin, veille de l’été.
Comme à l’accoutumée, cela ne m’empêcha pas de penser à tout autre chose tandis que d’un pied distrait je shootai de l’extérieur, dans un caillou dont j’examinai avec intérêt la trajectoire courbe qui le fit disparaître dans le cadereau en contrebas. Juin.. ça vient d’où « juin » ? sans doute de Junon, la divinité romaine, Déesse de la féminité et du mariage ; fouillant des cases lointaines et sombres de mon encéphale cinquantenaire, je me souvins qu’il y avait controverse parmi les étymologistes, et qu’on pensait aussi que juin pouvait avoir pour origine « Junius mensis » - le mois de Junius, qui comme chacun le sait, fut le premier consul de rome et l’un des fondateurs de la république.
« Elle est arrivée ! psalmodiaient les jumeaux, qui tandis que je progressai vers la maison entamaient une danse du scalp tels des mohicans rescapés, virevoltant et sautant autour de moi en une sarabande joyeuse. Je voyageais léger ce mercredi soir, car je n’avais pu passer chez moi pour récuper ma précieuse sacoche. Je sentais au fond de ma poche le chaud contact d’un métal poli, le froissement plastique de ma blague à tabac, et le carnet bleu entrouvert de riz La+. Je sortis le briquet, un zippo offert quelques années auparavant par l’un de mes fils, le plus grand. J’en fis jouer le couvercle machinalement alors que je contournai la bâtisse, et atteins l’escalier de la terrasse où déjà devisaient Pascou Jésou et Sylvie. J’enregistrai par la même occasion l’explication des jumeaux, qui venaient de s’égayer dans la nature comme une volée d’hirondelles, sans doute repartis pour une dernière ablution. La batterie était arrivée, elle était gris métallisé. Installé dans la salle Jim Morrison, l’instrument avait été livré en deux grands cartons, la veille.
Il fallu une demi heure de retard à Pierrot pour nous rejoindre dans l’antre. Phil était déjà à l’œuvre, accordant sa batterie patiemment, resserrant avec une clé idoine les tendeurs des différents éléments. Satisfait enfin, il s’assit et alluma une cigarette, j’en fis autant après avoir fait les essais micro.
« Et au fait, où est cette pédale de Jésou lançai-je ingénuement à la cantonade ?
Je vois déjà chère lectrice que tu fronces un sourcil désapprobateur. Comment puis-je ainsi porter un jugement sur un éventuel comportement introverti du respectable Christian ?
Au passage une petite digression. J’ai pris une personne à témoin, cette « chère lectrice » mentionnée plus haut. Pourquoi cet ostracisme ? Il ne s’agit pas de ségrégation bien sûr, mais d’une simple constatation : seule une personne prend la peine régulièrement de me laisser quelques encouragements, une remarque, une question, dans la rubrique « commentaires ». J’en déduis que je n’ai qu’une lectrice, j’écris donc désormais pour elle, pour Mauricette dont l’assiduité me réchauffe le cœur à défaut des articulations, même si c’est son métier.
Mauricette, spéciale dédicace pour toi !
Revenons à cette pédale de Jésou. Dans la série, j’achète des trucs et des machins dans le but d’encombrer un peu plus un espace déjà bien occupé, Jésou s’est vu offrir pour la fête des père, une pédale magique, multi-purpose d’effets variés dont il n’a pas hésité à (ab)user durant la première partie de la répète. Vous voilà donc rassurés ! Jésou est bien toujours le solide gaillard, viril, jovial, des bras comme mes cuisses, taillé comme un bloc de granit de Tolède, trempé comme un acier de Carrare, fier et bandé telle la corde d’un arc dont le trait vengeur pourrait être décoché instantanément. Serait-il une arme qu’il incarnerait Le Scud de la gaudriole, le Tomahawk de la répartie, le Stinger de la déconne. S’il fallait lui donner un métier ce ne serait certainement pas le maçon de Village People. Un homme un vrai !
Seul l’œil noir de Pierrot parvient parfois à faire plier notre guitariste rythmique. Il faut dire qu’il en glacerait plus d’un, notre Pierrot avec son regard qui transperce le récalcitrant. Mauvais enchaînement, rythme incertain, voix mal placée, texte oublié, basse palote : autant d’occasion pour notre Leader Maximo de nous décocher une bastos visuelle dans la face. Nous jouons sous contrôle permanent ; pas un poil ne bouge, pas une tête ne dépasse, personne ne bronche. Nos regards apeurés se croisent et glissent, osant à peine se lever vers le visage sévère de Pierrot et ses yeux vengeurs dont la fixité magnétique de serpent constricteur nous fige et nous fascine, comme le lapin pris dans les phares du semi-remorque au sortir d’un lacet, tétanisé par l’effroi.
C’est vous dire !
Mais Pierre fait désormais des émules, et tour à tour chacun de nous s’exerce à ce qu’Hervé Bazin appelait le « pistolettage » lorsqu’il dévisageait longuement sa Folcoche de mère. Ainsi Pascou me pistolette quand j’ai l’audace d’oublier un de ses vers dans EcoloSong, Phil pistolette les uns et les autres, Jésou pistolette à tout va, et moi je pistolette à l’envie : Un festival !
Ceci dit, « elle est arrivée », la chanson nouvelle. Nous avons sommairement déchiffré Jumping Jack Flash. Il n’y a pas eu de miracle, c’était immonde, mais comme toujours j’ai la certitude que nous en ferons l’un des fleurons de notre répertoire.
Ce titre ne sera d’ailleurs pas le seul à rejoindre les Undertakers, puisqu’à l’occasion de la visite d’Odile en fin de soirée, cette dernière nous fit part de son désir d’interpréter « les sucettes » de Gainsbourg. Je passerai sur la remarque égrillarde de Jésou, concernant le « talent naturel » d’Odile pour les sucettes. Je ne doute pas que ma tendre épouse va nous faire une France Gall décapante et que sous l’impulsion de Pierrot et ses arrangements dévastateurs, tout cela confirmera que la Patte Undertakers n’est pas une vue de l’esprit.
Mention spéciale pour Phil, dont la rigueur tire le groupe vers le haut. Paresseux comme nous sommes, nous nous laisserions volontiers entraîner dans cette pente naturelle. En effet, ce que nous préférons dans ces séances, ce sont les entractes, et les moelleux fauteuils de la salle Jim Morrison. Phil sait nous tirer de nos rêveries et nous remettre à l’ouvrage, et son sûr diagnostic corrige efficacement nos défauts les plus criants. Dès que notre technicien du son, de la lumière, et de la surface Alain, rejoindra le groupe après son congé sabbatique, et qu’Odile en rupture de cours d’espagnol commencera les répétitions, j’ai la conviction qu’un de nos coutumiers sauts quantiques nous fera de nouveau franchir un palier dans notre irrésistible ascension vers les sommets de la gloire..
Quel merveilleux Happy End en perspective ! (Ca, c'est un private joke pour Mauricette)
C’est ça aussi, être un Rocker : le sens de l’équipe, l’oubli de soi, la rigueur, le professionnalisme, dans un soucis d’efficience et de résultat, quitte à se résoudre à adopter un mode de vie quasi-monacal.
« Elle est arrivée…. Comme le tonnerre nous surprend bien après l’éclair de l’orage, les paroles des jumeaux parvinrent à mon cerveau droit, lequel par le biais du thalamus transféra l’information vers son homologue gauche, qui en décoda les termes sibyllins et tenta d’en reconstituer le sens. Mes lobes temporaux instillèrent un soupçon d’émotions mêlées de curiosité aux muscles faciaux de mon visage aux traits aristocratiques, dont j’avais deux heures encore auparavant protégé le chef d’un panama de paille salvateur en cette chaude journée de juin, veille de l’été.
Comme à l’accoutumée, cela ne m’empêcha pas de penser à tout autre chose tandis que d’un pied distrait je shootai de l’extérieur, dans un caillou dont j’examinai avec intérêt la trajectoire courbe qui le fit disparaître dans le cadereau en contrebas. Juin.. ça vient d’où « juin » ? sans doute de Junon, la divinité romaine, Déesse de la féminité et du mariage ; fouillant des cases lointaines et sombres de mon encéphale cinquantenaire, je me souvins qu’il y avait controverse parmi les étymologistes, et qu’on pensait aussi que juin pouvait avoir pour origine « Junius mensis » - le mois de Junius, qui comme chacun le sait, fut le premier consul de rome et l’un des fondateurs de la république.
« Elle est arrivée ! psalmodiaient les jumeaux, qui tandis que je progressai vers la maison entamaient une danse du scalp tels des mohicans rescapés, virevoltant et sautant autour de moi en une sarabande joyeuse. Je voyageais léger ce mercredi soir, car je n’avais pu passer chez moi pour récuper ma précieuse sacoche. Je sentais au fond de ma poche le chaud contact d’un métal poli, le froissement plastique de ma blague à tabac, et le carnet bleu entrouvert de riz La+. Je sortis le briquet, un zippo offert quelques années auparavant par l’un de mes fils, le plus grand. J’en fis jouer le couvercle machinalement alors que je contournai la bâtisse, et atteins l’escalier de la terrasse où déjà devisaient Pascou Jésou et Sylvie. J’enregistrai par la même occasion l’explication des jumeaux, qui venaient de s’égayer dans la nature comme une volée d’hirondelles, sans doute repartis pour une dernière ablution. La batterie était arrivée, elle était gris métallisé. Installé dans la salle Jim Morrison, l’instrument avait été livré en deux grands cartons, la veille.
Il fallu une demi heure de retard à Pierrot pour nous rejoindre dans l’antre. Phil était déjà à l’œuvre, accordant sa batterie patiemment, resserrant avec une clé idoine les tendeurs des différents éléments. Satisfait enfin, il s’assit et alluma une cigarette, j’en fis autant après avoir fait les essais micro.
« Et au fait, où est cette pédale de Jésou lançai-je ingénuement à la cantonade ?
Je vois déjà chère lectrice que tu fronces un sourcil désapprobateur. Comment puis-je ainsi porter un jugement sur un éventuel comportement introverti du respectable Christian ?
Au passage une petite digression. J’ai pris une personne à témoin, cette « chère lectrice » mentionnée plus haut. Pourquoi cet ostracisme ? Il ne s’agit pas de ségrégation bien sûr, mais d’une simple constatation : seule une personne prend la peine régulièrement de me laisser quelques encouragements, une remarque, une question, dans la rubrique « commentaires ». J’en déduis que je n’ai qu’une lectrice, j’écris donc désormais pour elle, pour Mauricette dont l’assiduité me réchauffe le cœur à défaut des articulations, même si c’est son métier.
Mauricette, spéciale dédicace pour toi !
Revenons à cette pédale de Jésou. Dans la série, j’achète des trucs et des machins dans le but d’encombrer un peu plus un espace déjà bien occupé, Jésou s’est vu offrir pour la fête des père, une pédale magique, multi-purpose d’effets variés dont il n’a pas hésité à (ab)user durant la première partie de la répète. Vous voilà donc rassurés ! Jésou est bien toujours le solide gaillard, viril, jovial, des bras comme mes cuisses, taillé comme un bloc de granit de Tolède, trempé comme un acier de Carrare, fier et bandé telle la corde d’un arc dont le trait vengeur pourrait être décoché instantanément. Serait-il une arme qu’il incarnerait Le Scud de la gaudriole, le Tomahawk de la répartie, le Stinger de la déconne. S’il fallait lui donner un métier ce ne serait certainement pas le maçon de Village People. Un homme un vrai !
Seul l’œil noir de Pierrot parvient parfois à faire plier notre guitariste rythmique. Il faut dire qu’il en glacerait plus d’un, notre Pierrot avec son regard qui transperce le récalcitrant. Mauvais enchaînement, rythme incertain, voix mal placée, texte oublié, basse palote : autant d’occasion pour notre Leader Maximo de nous décocher une bastos visuelle dans la face. Nous jouons sous contrôle permanent ; pas un poil ne bouge, pas une tête ne dépasse, personne ne bronche. Nos regards apeurés se croisent et glissent, osant à peine se lever vers le visage sévère de Pierrot et ses yeux vengeurs dont la fixité magnétique de serpent constricteur nous fige et nous fascine, comme le lapin pris dans les phares du semi-remorque au sortir d’un lacet, tétanisé par l’effroi.
C’est vous dire !
Mais Pierre fait désormais des émules, et tour à tour chacun de nous s’exerce à ce qu’Hervé Bazin appelait le « pistolettage » lorsqu’il dévisageait longuement sa Folcoche de mère. Ainsi Pascou me pistolette quand j’ai l’audace d’oublier un de ses vers dans EcoloSong, Phil pistolette les uns et les autres, Jésou pistolette à tout va, et moi je pistolette à l’envie : Un festival !
Ceci dit, « elle est arrivée », la chanson nouvelle. Nous avons sommairement déchiffré Jumping Jack Flash. Il n’y a pas eu de miracle, c’était immonde, mais comme toujours j’ai la certitude que nous en ferons l’un des fleurons de notre répertoire.
Ce titre ne sera d’ailleurs pas le seul à rejoindre les Undertakers, puisqu’à l’occasion de la visite d’Odile en fin de soirée, cette dernière nous fit part de son désir d’interpréter « les sucettes » de Gainsbourg. Je passerai sur la remarque égrillarde de Jésou, concernant le « talent naturel » d’Odile pour les sucettes. Je ne doute pas que ma tendre épouse va nous faire une France Gall décapante et que sous l’impulsion de Pierrot et ses arrangements dévastateurs, tout cela confirmera que la Patte Undertakers n’est pas une vue de l’esprit.
Mention spéciale pour Phil, dont la rigueur tire le groupe vers le haut. Paresseux comme nous sommes, nous nous laisserions volontiers entraîner dans cette pente naturelle. En effet, ce que nous préférons dans ces séances, ce sont les entractes, et les moelleux fauteuils de la salle Jim Morrison. Phil sait nous tirer de nos rêveries et nous remettre à l’ouvrage, et son sûr diagnostic corrige efficacement nos défauts les plus criants. Dès que notre technicien du son, de la lumière, et de la surface Alain, rejoindra le groupe après son congé sabbatique, et qu’Odile en rupture de cours d’espagnol commencera les répétitions, j’ai la conviction qu’un de nos coutumiers sauts quantiques nous fera de nouveau franchir un palier dans notre irrésistible ascension vers les sommets de la gloire..
Quel merveilleux Happy End en perspective ! (Ca, c'est un private joke pour Mauricette)
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compte-rendu
mardi 19 juin 2007
Amphitryon et Jim Morisson (samedi 16 juin)
Je surfais sur internet ce dernier soir, à la recherche de quelque concept à développer, et je tombai sur la vidéo de notre bien aimé président, sortant d’une réunion avec son nouveau collègue Poutine lors de la conférence du G8 qui s’est tenue dernièrement. Je ne parle pas bien sûr de Philou, bien qu’à mon sens il se serait beaucoup mieux sorti de la situation,mais bien de Nicolas. Il était bourré comme un coing. Et même pas digne ! Le Poutine, en russe bon cru, l’a gnaté au Bloody Mary (pas trop de tomate, un trait de sel de céleri un rien de Worcester Sauce, et un demi-litre de vodka.. à la limite je me demande même s’il n’y avait pas que ce dernier ingrédient dans la chope de Sarko).
Sans doute le maître du Kremlin s’était-il rappelé de la conférence de Yalta, de laquelle Churchill et Trueman étaient sortis avec les yeux qui piquent sous l’effet sans doute d’un zakouski pas frais servi par quelque accorte babouchka aux ordres d’un staline hilare.
Alors je me dis que si le président l’a fait, il n’y a pas de raison que nous ayions honte de boire de temps en temps un doigt de boisson ambrée ou de limoncello. Me voila décomplexé. C’est à ce titre que j’ai apporté pour notre répétition du samedi soir, un litre d’un excellent whisky irlandais (ou peut être écossais finalement) qui avait auparavant transité par l’Espagne comme en attestait l’ibérique « congé » qui en scellait le bouchon. J’étais heureux car de plus j’apportais dans ma musette un micro stéréo afin de produire des enregistrements de meilleures qualité spatiale. Cet apport au groupe me paraissant fondamental. J’imaginai déjà l’accueil enthousiaste qui serait fait au dispositif, et le concert de louanges dont j’allais être l’objet, ainsi que la gêne qui nécessairement m’envahirait, rosissant mes joues et mettant à rude épreuve ma légendaire modestie. Je formais déjà dans ma tête les quelques mots que je prononcerais en réponse à leur remerciements émus. La suite allait me prouver que j’étais « un peu court ».
Phil était déjà là, qui déballait la batterie chinoise de son Audi allemande ; nous rejoignîmes sous la « paillote » les Fabre et leurs neveux attablés en compagnie de Pascal.
Je dois dire que le service fut impeccable car je n’étais même pas assis que déjà une main enfantine me tendait un expresso brûlant, bien qu’hélas désespérément sucré. Pourtant depuis le temps, et la centaine de cafés pris dans des conditions similaires, CA DEVRAIT ÊTRE SU que je ne sucre jamais mon café. Las, rassemblant mes chakras (de morue) je me tins cois, arborai un sourire radieux tandis qu’on me proposait une île flottante aux proportions gargantuesques. Il se trouve que je suis à la fois très client de ce dessert, et que j’ai acquis une expertise en matière de dégustation dans ce domaine. Et surtout Ma Mère ( béni soit son sein généreux qui à nourri mes premiers mois) confectionne la MEILLEURE île flottante de toute la galaxie connue.
Méfiant, je m’enquis de la préparation de l’entremet : les oeufs provenaient-ils d’une poule locale, l’œuf avait-il été pondu « du jour », avait-il été ramassé avec amour « au pis de la poule » par quelque accorte paysanne, les blancs avaient-ils été pochés dans du lait tiédi d’une génisse de moins de trois ans etc…
Mon Amphitryon me donna toutes les garanties nécessaires et c’est donc sans arrière pensée que j’attaquai mon saladier.
C’était très bon. C’est alors que le perfide Tenardier m’exhiba, sorti du réfrigérateur, une barquette mystérieuse ainsi que ce qui ressemblait à une brique de lait. Fièrement le sournois m’expliqua que la barquette contenait du blanc d’œuf battu en neige industriellement et la brique une crème anglaise ad hoc qui provenait de Roumanie.
On vit une époque formidable !
Les mille souvenirs d’une enfance heureuse qu’évoquaient cette île flottante à nulle autre pareille, que ma mère avait pétrie des heures durant avec un amour infini, dans laquelle été comme hiver ses pauvres doigts déjà abîmés par les lessives et les ménages avaient trempé longuement, conférant à la préparation cette « patte » indéfinissable mais reconnaissable entre mille, se brisèrent sur les écueils acérés de la triviale réalité révélée par Jésou. Je ne lui pardonnerai jamais : cela restera gravé dans mon cœur au fer rougi de mon désespoir (belle hélène) amer (du nord).
Tétanisé par ce rêve brisé, je me traînai péniblement à la suite des autres, dans ce que nous appelons désormais « la salle Jim Morrison » en hommage au chanteur mort des Doors, qui repose depuis une trentaine d’années au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Et là, stupeur ! Pierrot sorti d’un étui une guitare rutilante (bien que noire) bardée de boutons, copie conforme d’un modèle dont je ne me souviens plus bien les spécifications, mais en tous cas du type Gibson. D’un geste précis, il enficha le câble dans ce que je crus être un meuble (une commode ou un pétrin ancien, un GROS TRUC en tous cas) à demi caché dans la pénombre et que je finis par identifier comme un ampli. L’identification fut d’autant plus aisée que le meuble se mit à clignoter comme un sapin de noël, ce que le meuble standard fait rarement. La confirmation me vint de l’orage sonore qui en jaillit sous la caresse amoureuse d’un Pierrot en extase : Non, décidément, ce n’était pas un pétrin ancien !
« Je n’ai pas pu résister nous confia-t-il ; en plus chez CockenStocke le vendeur était très sympa, il m’a fait une remise de cent euros précisa-t-il radieux. Il larmoya, un maigre sourire éclairant quelques instants ses traits baignés de larmes : Je n’ai rien pu faire, c’était un achat compulsif !
Quant à moi, je cachai discrètement derrière mon dos le micro acheté dans l’après midi ; je n’étais vraiment pas au niveau, point n’était besoin, en plus, de paraître pingre, pire : ridicule.
Phil avait apporté un CD acheté l’après midi, dont il nous fit écouter quelques extraits (ah ah, le fou, je me serais caché de honte à sa place, comment pouvait-il espérer lutter contre Pierrot et sa machine infernale ?!).
Pour clôturer le festival des achats, Pascou déplia longuement un lutrin démontable
à ne pas confondre avec le lutin des montagnes, beaucoup moins coopératif) sur lequel il posa avec emphase le song book du groupe.
La répète pouvait commencer !
Et pour ceux que ça intéresserait, quelques renseignements sur Amphitryon :
Amphitryon, personnage mythologique grec né à Thèbes (VIIème av. JC).
Fils d' Alcée, roi de Tirynthe. Uni à Alcmène sans être autorisé à consommer le mariage, Zeus prit ses traits pour séduire Alcmène qu' il rendit mère d' Héraclès (Hercule).
Molière en tire une comédie en 1668 dans laquelle Zeus, en vue de séduire Alcmène,
revêt l' apparence de l' Amphitryon, qui finit par douter de sa propre identité.
Sosie, valet de l' Amphitryon, embarrassé de devoir servir deux maîtres,
parvient au final à les identifier lorsqu' il comprend que " le véritable amphitryon
est l' amphitryon chez qui l'on dîne ", reconnaissant ainsi celui qui lui assure le vivre
et le couvert. Zeus n' aura réussi qu'à faire aimer davantage le véritable Amphitryon.
D' où la définition : L' Amphitryon, Plaisant Maître d' une maison où l' on dîne. (Hachette).
Une petite précision concernant Sosie, le fidèle valet :
De père en fils la famille Sosie servait les Amphitryons depuis des lustres.
Sosie était éthiopiens, comme ses ancêtres avant lui. Amphitryon « le vieux » l’avait ramené de sa Campagne d’Abyssinie. On dit « le vieux » pour ne pas confondre avec ses descendants : « le leste », « le pleutre », « l’enfoiré » et finalement « la tache ». Ce dernier, fruit de mariages consanguins, n’avait pas inventé la poudre (de toute façon elle n’a pas été inventée en grèce, mais en chine, mais c’est juste pour dire qu’il n’aurait pas été foutu de trouver de l’eau dans la mer Egée). Mais ceci est une autre histoire.
Intéressons-nous plutôt aux Sosie :
Les Sosie, serviteurs fidèles de la famille, eux même relativement consanguins, outre leurs indéniables qualités domestiques, avaient une particularité physique commune. Originaires des hauts plateaux, ils étaient noirs comme les bennes d’une rare maigreur et ne transpiraient jamais cependant qu’ils étaient à la peine de l’aube à l’aurore, couraient beaucoup, se démenaient comme des bêtes de somme. Amphitryon, qui pourtant n’en foutait pas une rame, suait comme un porc, une vraie fontaine.
Hérodote, l’exégète de la famille le narra d’ailleurs assez joliment dans ses « chroniques du péloponèse » : d’une courte phrase il décrivit lapidairement la famille Sosie d’un laconique:
Les Sosie sont secs !
Ce fut d’ailleurs la seule allusion à Sosie et ses proches qu’il fit jamais dans toute son œuvre.
Sans doute le maître du Kremlin s’était-il rappelé de la conférence de Yalta, de laquelle Churchill et Trueman étaient sortis avec les yeux qui piquent sous l’effet sans doute d’un zakouski pas frais servi par quelque accorte babouchka aux ordres d’un staline hilare.
Alors je me dis que si le président l’a fait, il n’y a pas de raison que nous ayions honte de boire de temps en temps un doigt de boisson ambrée ou de limoncello. Me voila décomplexé. C’est à ce titre que j’ai apporté pour notre répétition du samedi soir, un litre d’un excellent whisky irlandais (ou peut être écossais finalement) qui avait auparavant transité par l’Espagne comme en attestait l’ibérique « congé » qui en scellait le bouchon. J’étais heureux car de plus j’apportais dans ma musette un micro stéréo afin de produire des enregistrements de meilleures qualité spatiale. Cet apport au groupe me paraissant fondamental. J’imaginai déjà l’accueil enthousiaste qui serait fait au dispositif, et le concert de louanges dont j’allais être l’objet, ainsi que la gêne qui nécessairement m’envahirait, rosissant mes joues et mettant à rude épreuve ma légendaire modestie. Je formais déjà dans ma tête les quelques mots que je prononcerais en réponse à leur remerciements émus. La suite allait me prouver que j’étais « un peu court ».
Phil était déjà là, qui déballait la batterie chinoise de son Audi allemande ; nous rejoignîmes sous la « paillote » les Fabre et leurs neveux attablés en compagnie de Pascal.
Je dois dire que le service fut impeccable car je n’étais même pas assis que déjà une main enfantine me tendait un expresso brûlant, bien qu’hélas désespérément sucré. Pourtant depuis le temps, et la centaine de cafés pris dans des conditions similaires, CA DEVRAIT ÊTRE SU que je ne sucre jamais mon café. Las, rassemblant mes chakras (de morue) je me tins cois, arborai un sourire radieux tandis qu’on me proposait une île flottante aux proportions gargantuesques. Il se trouve que je suis à la fois très client de ce dessert, et que j’ai acquis une expertise en matière de dégustation dans ce domaine. Et surtout Ma Mère ( béni soit son sein généreux qui à nourri mes premiers mois) confectionne la MEILLEURE île flottante de toute la galaxie connue.
Méfiant, je m’enquis de la préparation de l’entremet : les oeufs provenaient-ils d’une poule locale, l’œuf avait-il été pondu « du jour », avait-il été ramassé avec amour « au pis de la poule » par quelque accorte paysanne, les blancs avaient-ils été pochés dans du lait tiédi d’une génisse de moins de trois ans etc…
Mon Amphitryon me donna toutes les garanties nécessaires et c’est donc sans arrière pensée que j’attaquai mon saladier.
C’était très bon. C’est alors que le perfide Tenardier m’exhiba, sorti du réfrigérateur, une barquette mystérieuse ainsi que ce qui ressemblait à une brique de lait. Fièrement le sournois m’expliqua que la barquette contenait du blanc d’œuf battu en neige industriellement et la brique une crème anglaise ad hoc qui provenait de Roumanie.
On vit une époque formidable !
Les mille souvenirs d’une enfance heureuse qu’évoquaient cette île flottante à nulle autre pareille, que ma mère avait pétrie des heures durant avec un amour infini, dans laquelle été comme hiver ses pauvres doigts déjà abîmés par les lessives et les ménages avaient trempé longuement, conférant à la préparation cette « patte » indéfinissable mais reconnaissable entre mille, se brisèrent sur les écueils acérés de la triviale réalité révélée par Jésou. Je ne lui pardonnerai jamais : cela restera gravé dans mon cœur au fer rougi de mon désespoir (belle hélène) amer (du nord).
Tétanisé par ce rêve brisé, je me traînai péniblement à la suite des autres, dans ce que nous appelons désormais « la salle Jim Morrison » en hommage au chanteur mort des Doors, qui repose depuis une trentaine d’années au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Et là, stupeur ! Pierrot sorti d’un étui une guitare rutilante (bien que noire) bardée de boutons, copie conforme d’un modèle dont je ne me souviens plus bien les spécifications, mais en tous cas du type Gibson. D’un geste précis, il enficha le câble dans ce que je crus être un meuble (une commode ou un pétrin ancien, un GROS TRUC en tous cas) à demi caché dans la pénombre et que je finis par identifier comme un ampli. L’identification fut d’autant plus aisée que le meuble se mit à clignoter comme un sapin de noël, ce que le meuble standard fait rarement. La confirmation me vint de l’orage sonore qui en jaillit sous la caresse amoureuse d’un Pierrot en extase : Non, décidément, ce n’était pas un pétrin ancien !
« Je n’ai pas pu résister nous confia-t-il ; en plus chez CockenStocke le vendeur était très sympa, il m’a fait une remise de cent euros précisa-t-il radieux. Il larmoya, un maigre sourire éclairant quelques instants ses traits baignés de larmes : Je n’ai rien pu faire, c’était un achat compulsif !
Quant à moi, je cachai discrètement derrière mon dos le micro acheté dans l’après midi ; je n’étais vraiment pas au niveau, point n’était besoin, en plus, de paraître pingre, pire : ridicule.
Phil avait apporté un CD acheté l’après midi, dont il nous fit écouter quelques extraits (ah ah, le fou, je me serais caché de honte à sa place, comment pouvait-il espérer lutter contre Pierrot et sa machine infernale ?!).
Pour clôturer le festival des achats, Pascou déplia longuement un lutrin démontable
à ne pas confondre avec le lutin des montagnes, beaucoup moins coopératif) sur lequel il posa avec emphase le song book du groupe.
La répète pouvait commencer !
Et pour ceux que ça intéresserait, quelques renseignements sur Amphitryon :
Amphitryon, personnage mythologique grec né à Thèbes (VIIème av. JC).
Fils d' Alcée, roi de Tirynthe. Uni à Alcmène sans être autorisé à consommer le mariage, Zeus prit ses traits pour séduire Alcmène qu' il rendit mère d' Héraclès (Hercule).
Molière en tire une comédie en 1668 dans laquelle Zeus, en vue de séduire Alcmène,
revêt l' apparence de l' Amphitryon, qui finit par douter de sa propre identité.
Sosie, valet de l' Amphitryon, embarrassé de devoir servir deux maîtres,
parvient au final à les identifier lorsqu' il comprend que " le véritable amphitryon
est l' amphitryon chez qui l'on dîne ", reconnaissant ainsi celui qui lui assure le vivre
et le couvert. Zeus n' aura réussi qu'à faire aimer davantage le véritable Amphitryon.
D' où la définition : L' Amphitryon, Plaisant Maître d' une maison où l' on dîne. (Hachette).
Une petite précision concernant Sosie, le fidèle valet :
De père en fils la famille Sosie servait les Amphitryons depuis des lustres.
Sosie était éthiopiens, comme ses ancêtres avant lui. Amphitryon « le vieux » l’avait ramené de sa Campagne d’Abyssinie. On dit « le vieux » pour ne pas confondre avec ses descendants : « le leste », « le pleutre », « l’enfoiré » et finalement « la tache ». Ce dernier, fruit de mariages consanguins, n’avait pas inventé la poudre (de toute façon elle n’a pas été inventée en grèce, mais en chine, mais c’est juste pour dire qu’il n’aurait pas été foutu de trouver de l’eau dans la mer Egée). Mais ceci est une autre histoire.
Intéressons-nous plutôt aux Sosie :
Les Sosie, serviteurs fidèles de la famille, eux même relativement consanguins, outre leurs indéniables qualités domestiques, avaient une particularité physique commune. Originaires des hauts plateaux, ils étaient noirs comme les bennes d’une rare maigreur et ne transpiraient jamais cependant qu’ils étaient à la peine de l’aube à l’aurore, couraient beaucoup, se démenaient comme des bêtes de somme. Amphitryon, qui pourtant n’en foutait pas une rame, suait comme un porc, une vraie fontaine.
Hérodote, l’exégète de la famille le narra d’ailleurs assez joliment dans ses « chroniques du péloponèse » : d’une courte phrase il décrivit lapidairement la famille Sosie d’un laconique:
Les Sosie sont secs !
Ce fut d’ailleurs la seule allusion à Sosie et ses proches qu’il fit jamais dans toute son œuvre.
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samedi 16 juin 2007
Actualité Micro-Evénementielle (mercredi 13 juin)
Treize janvier, treize juin. Un demi-anniversaire nous sépare de la décision des membres dit « du 13-1 » de créer un groupe de rock. On en avait parlé de retour de vacances, en septembre 2006, un soir, avec Pierrot. Un peu comme on fait un vœu pieu, sans trop y croire, nous avions dessiné les contours d’une aventure encore en devenir. Finalement après une soixantaine de répétitions, je dois faire vous faire part de ma surprise, et aussi de ma fierté : Ça tient le coup ! Ce qui a débuté comme une partie de rigolade s’est développé, se renforçant à mesure des défis successifs que nous nous sommes lancés. Nous enterrons le Rock, soit, mais pas l’enthousiasme et l’opiniâtreté des premiers jours.
En ce moment, grâce au regard de Phil, qui nous observe tandis-qu’il bat, nous prenons conscience de nos imperfections. C’est parfois décourageant, certes, mais le simple fait de pointer tel ou tel défaut atteste de nos progrès. Au premiers jours nous nous enthousiasmions de simplement jouer ensemble. C’était une aimable cacophonie de potaches attardés. Désormais nous exigeons plus : après la phase du « jeu propre », c’est maintenant l’ère du « jeu carré ». Il faut que ce soit CARRE ! sinon le subtil édifice que constitue Caroline des Status Quo n’est plus qu’un fatras foutraque de fous patraques qu’on fout tout a trac en tas dans le trou. Si je puis m’exprimer ainsi.
Pas facile de se renouveler d’une chronique à l’autre, mais heureusement le simple compte-rendu de nos rencontres musicales suffit amplement à remplir l’espace que je m’alloue sur ce blog. En effet, si de l’extérieur (je pense à Mathilde notamment, qui se tape depuis plusieurs mois, les répétitions des même titres ressassés) On pourrait croire qu’il ne se passe pas grand-chose de neuf d’une fois sur l’autre, de l’intérieur c’est une moisson de micro-évènements qui éclosent, pollinisent et fructifient. Oui, cher lecteur, nous nous spécialisons dans le micro-évènementiel. Malgré notre parti pris d’interpréter ce qui nous faisait danser à 16 ans, on est pile poil dans le courant fashion de l’époque. A double titre : Le rock façon seventies revient en force sur le devant de la scène, les jeunes en sont fous. Et puis cette propension à monter une maillonaise sur des non-évènements, de glorifier l’instant, privilégiant la forme plus que le fond, insistant sur l’accessoire au détriment de l’essentiel, s’inscrit dans une tendance lourde de la décennie.
La superficialité de cette chronique, toutefois, et les détours et autres parenthèses dont elle est parsemée, me permettent d’explorer à ma façon, au-delà du champ musical qui nous rassemble, un vaste domaine cognitif dont chaque élément me rapproche et m’éloigne à la fois de « la profondeur du cercle » dont on sait qu’elle n’a d’égale : le sens de la vie en somme. Au delà de l’aspect existentiel dont je suis un aficionado, je suis la phalène éphémère qui tourne autour de la torche allumée dans la nuit, dont la lumière aveuglante éclaire les lugubres ténèbres, mais qui enflamme les ailes de l’insecte imprudent qui approcherait de trop près la Vérité. Tout ça nous ramène bien sûr au problème fondamental : et Dieu dans tout ça ? laissons de coté pour cette fois le Principe de toute chose, quel que soit son nom, je préfère parfois sa sombre antithèse. Le Diable se niche dans les détails dit-on. Pour des fossoyeurs, il est normal que nous fricotions un peu avec l’ange déchu ! Et du coup , par le biais du détail, nous voilà revenu à notre histoire de micro-évènement, ce qui va me permettre de changer de paragraphe grâce à cet habile enchaînement.
Or donc faisons dans le micro-évènement :
Bruno et Cyril ont fait l’acquisition d’une Gibson et d’une batterie chinoise. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais cela signifie que Phil n’aura plus à déménager ses ustensiles, et que nous aurons bientôt la possibilité de jouer du Rolling Stone puisque les musiciens ne devront pas désaccorder leur guitare pour interpréter Brown Sugar.
Avec Odile j’ai édité quatre livrets de chant pour chacun de mes compagnons de jeu. J’ai pris plaisir à voir s’allumer dans leur yeux, cette étincelle de joie enfantine du bambin qui reçoit son premier livre d’image, ou plus proche de nous de l’adolescent qui cache sous son matelas, tel fascicules de photos explicites, qu’il feuillettera discrètement bien qu’avec vigueur.
Deux nouvelles chansons sont à l’étude : Cocaine, de JJ cale, et Lagrange de ZZ Top.
A l’écoute du dernier enregistrement de Caroline, plutôt correct, j’ai indiqué que je n’étais pas satisfait par mon chant, précisant que « j’avais une marge de progression ». Jésou a abondé dans mon sens, affirmant qu’en effet, j’avais une ÉNORME marge de progression !
Fort de ce satisfecit je travaille ma précision vocale, puisque parait-il un don sans technique n’est guère qu’une sale habitude.
En ce moment, grâce au regard de Phil, qui nous observe tandis-qu’il bat, nous prenons conscience de nos imperfections. C’est parfois décourageant, certes, mais le simple fait de pointer tel ou tel défaut atteste de nos progrès. Au premiers jours nous nous enthousiasmions de simplement jouer ensemble. C’était une aimable cacophonie de potaches attardés. Désormais nous exigeons plus : après la phase du « jeu propre », c’est maintenant l’ère du « jeu carré ». Il faut que ce soit CARRE ! sinon le subtil édifice que constitue Caroline des Status Quo n’est plus qu’un fatras foutraque de fous patraques qu’on fout tout a trac en tas dans le trou. Si je puis m’exprimer ainsi.
Pas facile de se renouveler d’une chronique à l’autre, mais heureusement le simple compte-rendu de nos rencontres musicales suffit amplement à remplir l’espace que je m’alloue sur ce blog. En effet, si de l’extérieur (je pense à Mathilde notamment, qui se tape depuis plusieurs mois, les répétitions des même titres ressassés) On pourrait croire qu’il ne se passe pas grand-chose de neuf d’une fois sur l’autre, de l’intérieur c’est une moisson de micro-évènements qui éclosent, pollinisent et fructifient. Oui, cher lecteur, nous nous spécialisons dans le micro-évènementiel. Malgré notre parti pris d’interpréter ce qui nous faisait danser à 16 ans, on est pile poil dans le courant fashion de l’époque. A double titre : Le rock façon seventies revient en force sur le devant de la scène, les jeunes en sont fous. Et puis cette propension à monter une maillonaise sur des non-évènements, de glorifier l’instant, privilégiant la forme plus que le fond, insistant sur l’accessoire au détriment de l’essentiel, s’inscrit dans une tendance lourde de la décennie.
La superficialité de cette chronique, toutefois, et les détours et autres parenthèses dont elle est parsemée, me permettent d’explorer à ma façon, au-delà du champ musical qui nous rassemble, un vaste domaine cognitif dont chaque élément me rapproche et m’éloigne à la fois de « la profondeur du cercle » dont on sait qu’elle n’a d’égale : le sens de la vie en somme. Au delà de l’aspect existentiel dont je suis un aficionado, je suis la phalène éphémère qui tourne autour de la torche allumée dans la nuit, dont la lumière aveuglante éclaire les lugubres ténèbres, mais qui enflamme les ailes de l’insecte imprudent qui approcherait de trop près la Vérité. Tout ça nous ramène bien sûr au problème fondamental : et Dieu dans tout ça ? laissons de coté pour cette fois le Principe de toute chose, quel que soit son nom, je préfère parfois sa sombre antithèse. Le Diable se niche dans les détails dit-on. Pour des fossoyeurs, il est normal que nous fricotions un peu avec l’ange déchu ! Et du coup , par le biais du détail, nous voilà revenu à notre histoire de micro-évènement, ce qui va me permettre de changer de paragraphe grâce à cet habile enchaînement.
Or donc faisons dans le micro-évènement :
Bruno et Cyril ont fait l’acquisition d’une Gibson et d’une batterie chinoise. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais cela signifie que Phil n’aura plus à déménager ses ustensiles, et que nous aurons bientôt la possibilité de jouer du Rolling Stone puisque les musiciens ne devront pas désaccorder leur guitare pour interpréter Brown Sugar.
Avec Odile j’ai édité quatre livrets de chant pour chacun de mes compagnons de jeu. J’ai pris plaisir à voir s’allumer dans leur yeux, cette étincelle de joie enfantine du bambin qui reçoit son premier livre d’image, ou plus proche de nous de l’adolescent qui cache sous son matelas, tel fascicules de photos explicites, qu’il feuillettera discrètement bien qu’avec vigueur.
Deux nouvelles chansons sont à l’étude : Cocaine, de JJ cale, et Lagrange de ZZ Top.
A l’écoute du dernier enregistrement de Caroline, plutôt correct, j’ai indiqué que je n’étais pas satisfait par mon chant, précisant que « j’avais une marge de progression ». Jésou a abondé dans mon sens, affirmant qu’en effet, j’avais une ÉNORME marge de progression !
Fort de ce satisfecit je travaille ma précision vocale, puisque parait-il un don sans technique n’est guère qu’une sale habitude.
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mardi 12 juin 2007
La Revelation de Mathilde (dimanche 10 juin)
Il faut vraiment que je vous raconte la dernière !
Ca commence très paisible, par un coup de fil de Jésou : On a répète ce soir ? me demande-t-il. Moi je me souviens que la veille on s’est donné rendez-vous pour le mercredi suivant, mais bon, comme j’ai envie de chanter, je réponds, péremptoire : Oui, bien sûr. Là-dessus, succession d’appels aux uns et aux autres (j’apprends d’ailleurs par Cathou que plusieurs de nos fans, dont j’étais si fier de l’assiduité étaient en fait ses avatars… Achille Z-avatars). Rendez-vous est pris à 21h à l’impasse des Climatites.
J’arrive, débonnaire, détendu, humant dans l’air les mille fragrances d’une vespérale fin de semaine, poussant du pied les petits cailloux du chemin, faisant trois pas de marelle devant le portillon entrouvert, escaladant d’un pas alerte les rudes degrés de l’escalier de la cuisine, glissant en surfant sur les tommettes du couloir, puis déboulant joyeusement dans la cuisine d’été où l’on est attablé, attendant ma venue. Je retrouve Pascou, les Fabre et Mathilde Jeannicot, de retour de Paris, où elle a passé la semaine avec huit de ses copines. Elle me raconte son séjour, ses cinquante ans à l’auberge de jeunesse avec le grand noir qui a de grosses…. chaussures, le Cirque du Soleil, le match à Roland-Garros, le shopping qui s’ensuit, puis la visite des musées. Et enfin nous abordons le sujet de notre groupe musical. Elle me confirme que « oui, en effet, elle nous entend bien, que c’est pas mal, que les accords de guitare son parfaits, mais que nous devrions faire attention car l’un de nous chante faux. »
Petite pause.
(Angelot qui passe, virevoltant à mi-hauteur sur le dos, les deux mains derrière la tête, les jambes croisées, le regard candide).
Je reprends mes esprits et lâche : Ben alors c’est moi, passque ya que moi qui chante !
Là je salue sa remarquable maîtrise de la communication interpersonnelle car du tac au tac elle me répond : en fait c’est surtout vers la fin de vos répètes. Je suis piégé ! Comment me vexer ? Il se trouve qu’en effet les fins de sessions sont peu-être un peu moins « propres » tant du point de vue des instruments que du chant. Je lui laisse le bénéfice du doute.
Ceci dit, ce lundi matin, j’ai tout de même demandé à mon collègue Sarkis s’il avait perçu des fluctuations dans mes fréquences vocales, lors de mes interprétations. Nous étions devant le planning, et je m’apprêtais à lui accorder une RTT afin qu’il puisse assister à tel évènement familial d’importance.
Antoine considérant l’enjeu, puis mon visage ravagé par l’angoisse, inclinant légèrement vers moi sa stature imposante me glissa, gentiment, mais avec une pointe d’inquiétude : Michel, c’est parfait. En pourcentage, je dirais que tu chantes juste "à 75 pourcent" ! Mais « à part ça » c’est vraiment génial ce que vous faites !
J’ai recapuchonné mon bic réglementaire, l’ai glissé dans ma poche de poitrine sur laquelle un cartouche bleu cerclé de rouge précise : Michel Mazet, Cadre de Santé, ai considéré mon collaborateur d’un air songeur, puis me suis éloigné sans plus faire cas de ses balbutiements implorants. Il n’aura qu’à déléguer un membre de sa famille à cet évènement important dont du reste je ne me rappelle plus l’objet.
Je n’aime pas les flagorneurs.
Souvenez-vous que j’ai eu du mal déjà, à me remettre du week-end précédent, qui avait vu mon moral plonger abissalement à la suite de l’enthousiasme modéré de certains. J’avais regrimpé la pente avec l’aide de mes copains, m’installant à nouveau dans un bonheur que je croyais durable.
Chers amis, tout est à refaire. JE CHANTE FAUX, désespérement faux. Surtout sur Caroline.
Je suis obligé de le chanter un ton au dessus, je force comme un âne, asthmatique et cacochyme, et systématiquement il y a une note qui ne passe pas. Alors, Pierrot y est allé de ses conseils, que j’avais déjà faits miens du reste : Ne bloque pas ta colonne d’air, le son ne doit pas rester dans la gorge, pousse ton air à partir du ventre ! J’ai perçu de la commisération dans sa voix, je le sentais navré. Outre que j’ai failli pousser l’air dans le mauvais sens, mes efforts m’ont déclenché des crampes abdominales atroces, dont je me plains encore ce lundi soir !
Ceci dit, les guitaristes ne sont pas exempts non plus de toute critique sur ce sujet durant les chorus, sauf qu’eux ont au moins un instrument pour se consoler, et qu’il s’en servent bien.
Enfin, à quelque chose malheur est bon, je suis désormais à même de faire totalement mienne la devise du groupe « ils ont enterré le rock » à ceci près que je n’en suis pas fier.
Je chante faux, c’est entendu, mais Pascou en a pris pour son grade également. Alors qu’il peinait à sortir ses accords sur Caroline, Jésou l’a sévèrement tancé d’un « Ca devrait être su ! ». Du coup nous y sommes tous passés, c’est devenu le leitmotiv de la session.
La soirée a été rythmée par les enchères des enfants, qui tentaient d’acquérir une batterie pour Cyril. C’était la même que celle de Phil ; ça lui aurait permis de ne pas déplacer tout son barda à chaque séance, et aurait de plus assuré la relève pour dans une dizaine d’années, quand la première génération des Undertakers sera VRAIMENT vieille. Hélas l’enchère s’est envolée, rendant incertain le rapport qualité prix de l’ensemble. Ce n’est que partie remise : La société allemande qui propose ces batteries organise des ventes quotidiennes.
En définitive nous aurons consacré la majeure partie de la soirée à travailler sur UN morceau. Le rendement baisse ! plus nous avançons dans les répétitions, moins nous travaillons de titres :
Deux la dernière fois, un seul cette fois-ci, la prochaine je prévois d’amener un Sudoku, je n’y comprends rien, mais au moins Mathilde pourra dormir tranquille….
Ca commence très paisible, par un coup de fil de Jésou : On a répète ce soir ? me demande-t-il. Moi je me souviens que la veille on s’est donné rendez-vous pour le mercredi suivant, mais bon, comme j’ai envie de chanter, je réponds, péremptoire : Oui, bien sûr. Là-dessus, succession d’appels aux uns et aux autres (j’apprends d’ailleurs par Cathou que plusieurs de nos fans, dont j’étais si fier de l’assiduité étaient en fait ses avatars… Achille Z-avatars). Rendez-vous est pris à 21h à l’impasse des Climatites.
J’arrive, débonnaire, détendu, humant dans l’air les mille fragrances d’une vespérale fin de semaine, poussant du pied les petits cailloux du chemin, faisant trois pas de marelle devant le portillon entrouvert, escaladant d’un pas alerte les rudes degrés de l’escalier de la cuisine, glissant en surfant sur les tommettes du couloir, puis déboulant joyeusement dans la cuisine d’été où l’on est attablé, attendant ma venue. Je retrouve Pascou, les Fabre et Mathilde Jeannicot, de retour de Paris, où elle a passé la semaine avec huit de ses copines. Elle me raconte son séjour, ses cinquante ans à l’auberge de jeunesse avec le grand noir qui a de grosses…. chaussures, le Cirque du Soleil, le match à Roland-Garros, le shopping qui s’ensuit, puis la visite des musées. Et enfin nous abordons le sujet de notre groupe musical. Elle me confirme que « oui, en effet, elle nous entend bien, que c’est pas mal, que les accords de guitare son parfaits, mais que nous devrions faire attention car l’un de nous chante faux. »
Petite pause.
(Angelot qui passe, virevoltant à mi-hauteur sur le dos, les deux mains derrière la tête, les jambes croisées, le regard candide).
Je reprends mes esprits et lâche : Ben alors c’est moi, passque ya que moi qui chante !
Là je salue sa remarquable maîtrise de la communication interpersonnelle car du tac au tac elle me répond : en fait c’est surtout vers la fin de vos répètes. Je suis piégé ! Comment me vexer ? Il se trouve qu’en effet les fins de sessions sont peu-être un peu moins « propres » tant du point de vue des instruments que du chant. Je lui laisse le bénéfice du doute.
Ceci dit, ce lundi matin, j’ai tout de même demandé à mon collègue Sarkis s’il avait perçu des fluctuations dans mes fréquences vocales, lors de mes interprétations. Nous étions devant le planning, et je m’apprêtais à lui accorder une RTT afin qu’il puisse assister à tel évènement familial d’importance.
Antoine considérant l’enjeu, puis mon visage ravagé par l’angoisse, inclinant légèrement vers moi sa stature imposante me glissa, gentiment, mais avec une pointe d’inquiétude : Michel, c’est parfait. En pourcentage, je dirais que tu chantes juste "à 75 pourcent" ! Mais « à part ça » c’est vraiment génial ce que vous faites !
J’ai recapuchonné mon bic réglementaire, l’ai glissé dans ma poche de poitrine sur laquelle un cartouche bleu cerclé de rouge précise : Michel Mazet, Cadre de Santé, ai considéré mon collaborateur d’un air songeur, puis me suis éloigné sans plus faire cas de ses balbutiements implorants. Il n’aura qu’à déléguer un membre de sa famille à cet évènement important dont du reste je ne me rappelle plus l’objet.
Je n’aime pas les flagorneurs.
Souvenez-vous que j’ai eu du mal déjà, à me remettre du week-end précédent, qui avait vu mon moral plonger abissalement à la suite de l’enthousiasme modéré de certains. J’avais regrimpé la pente avec l’aide de mes copains, m’installant à nouveau dans un bonheur que je croyais durable.
Chers amis, tout est à refaire. JE CHANTE FAUX, désespérement faux. Surtout sur Caroline.
Je suis obligé de le chanter un ton au dessus, je force comme un âne, asthmatique et cacochyme, et systématiquement il y a une note qui ne passe pas. Alors, Pierrot y est allé de ses conseils, que j’avais déjà faits miens du reste : Ne bloque pas ta colonne d’air, le son ne doit pas rester dans la gorge, pousse ton air à partir du ventre ! J’ai perçu de la commisération dans sa voix, je le sentais navré. Outre que j’ai failli pousser l’air dans le mauvais sens, mes efforts m’ont déclenché des crampes abdominales atroces, dont je me plains encore ce lundi soir !
Ceci dit, les guitaristes ne sont pas exempts non plus de toute critique sur ce sujet durant les chorus, sauf qu’eux ont au moins un instrument pour se consoler, et qu’il s’en servent bien.
Enfin, à quelque chose malheur est bon, je suis désormais à même de faire totalement mienne la devise du groupe « ils ont enterré le rock » à ceci près que je n’en suis pas fier.
Je chante faux, c’est entendu, mais Pascou en a pris pour son grade également. Alors qu’il peinait à sortir ses accords sur Caroline, Jésou l’a sévèrement tancé d’un « Ca devrait être su ! ». Du coup nous y sommes tous passés, c’est devenu le leitmotiv de la session.
La soirée a été rythmée par les enchères des enfants, qui tentaient d’acquérir une batterie pour Cyril. C’était la même que celle de Phil ; ça lui aurait permis de ne pas déplacer tout son barda à chaque séance, et aurait de plus assuré la relève pour dans une dizaine d’années, quand la première génération des Undertakers sera VRAIMENT vieille. Hélas l’enchère s’est envolée, rendant incertain le rapport qualité prix de l’ensemble. Ce n’est que partie remise : La société allemande qui propose ces batteries organise des ventes quotidiennes.
En définitive nous aurons consacré la majeure partie de la soirée à travailler sur UN morceau. Le rendement baisse ! plus nous avançons dans les répétitions, moins nous travaillons de titres :
Deux la dernière fois, un seul cette fois-ci, la prochaine je prévois d’amener un Sudoku, je n’y comprends rien, mais au moins Mathilde pourra dormir tranquille….
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dimanche 10 juin 2007
A l'Américaine ( samedi 9 juin)
On était en panne de batterie. On avait bien un dispositif de substitution ces derniers mois, mais dont les évolutions successives ne nous satisfaisaient pas pleinement.
Comment, la demoiselle devant ?
« …vous aussi vous avez eu des problèmes pour démarrer votre clio récemment ?
« mais je ne parle pas de batterie d’accumulateurs !
« je parle de batterie pour faire du bruit.
Phil a acheté par le biais d’internet une batterie complète et neuve de fabrication chinoise pour 150 euros.
Il l’a installée ce samedi après-midi. Elle est d’un vert profond ; tout le nécessaire est présent, même le siège. Il s’est empressé de la customiser en découpant un large disque dans la grosse caisse et en garnissant sa base d’une couverture afin d’en diminuer et assourdir le bruit.
D’après lui, les baguettes ne sont pas top, ce qui est un peu normal, elles sont chinoises, donc certainement plus aptes à saisir de la nourriture qu’à rythmer un rock.
Pour Pascou, qui confondait la charleston et la caisse claire, voici une représentation des divers instruments qui composent une batterie standard.
Alors, à ce stade, si vous avez été des assidus de mes chroniques, vous aurez remarqué un changement très important dans leur forme. Je vous laisse chercher….(patientez 10 minutes pour faire celui qui cherche, buvez un café, allez pisser, fumez une cigarette, zapouillez un moment sur XXL, puis reprenez la lecture) Pourtant ça crève les yeux. Non ? vous ne voyez pas ? relisez une des textes plus anciens. Je vous mets sur la voie, c’est grammatical. Bon, allez, c’est au niveau de la conjugaison : la majeure partie de mes textes sont délibérément écrit au présent de l’indicatif. Un ancien Maître de la communale me disait toujours : si tu veux raconter une histoire, ne t’embête pas à mélanger les temps, le présent suffit. Du coup plus de problème de concordance des temps et de questionnement sur telle ou telle terminaison. Ça a été une révélation : Tout au présent ! J’aime bien le présent. Les anglosaxons, eux, utilisent volontiers le passé simple, le prétérit comme ils disent, ça confère au récit un caractère plus dramatique qui convient très bien au thriller,
dans le style de ceci :
« C’est alors que je me levai d’un bond, vidai d’un trait le verre de limoncello que je tenais dans la main droite jusqu’ici. Une chaleur froide coula le long de mon œsophage et j’eu une pensée émue pour Sylvie qui en avait longuement pressé les fruits oblongs et juteux le matin même devant son Jésou tandisqu’il lui jouait, nu, l’aria du Stabat Mater de Mendelsohn sur sa Fender Stratocaster. Sa main se déplaçait langoureusement sur son long manche, sous les yeux humide de son épouse chavirée, tandis que le jus jaillissait des fruits au rythme des staccato de Jésou désormais en transe, loin du monde, comme tout entier saisi par l’ambiance onirique du lieu chargé d’histoire : la table de la cuisine.
Écrasant nerveusement ma cigarette que j’avais roulée d’une main, j’exhalai une dernière bouffée de fumée qui fut rapidement dissipée dans les cintres sous l’effet puissant des gigantesques ventilateurs qui rafraîchissaient la salle. J’essuyai la sueur qui déjà perlait à mon front, comme la buée sur le verre de rosé de la table dominicale. Je saisis le micro, et d’une voix puissante lançai : Paris Bordeaux Le Mans ! Mes paroles jaillirent des deux haut-parleurs de l’ampli de scène, un Marshall à lampes de deux fois cent cinquante watts efficaces fonctionnant en classe A. Mes compagnons, médusés, firent silence et se recueillirent un court instant, faisant le vide à l’intérieur d’eux même.
Je vis Pascou faire discrètement le signe de croix puis porter à sa bouche la médaille que lui avait offerte Cathou et qui contenait une rognure d’ongle de Saint Balles, le patron des musiciens. Phil, jetant un coup d’œil, sut que j’étais prêt, et d’un signe de tête m’en accusa réception, regardant tour à tour Pierrot Pascou et Jésou. De quatre coups de ses mythiques baguettes chinoises, les bras levés au ciel comme en une imploration muette, il marqua le tempo.Sous l’effet des 150 bits par secondes, la guitare rageuse de Pierrot feula, comme saisie d’une vie propre. Le Pascou, les yeux déjà fermés, le sourire serein de « celui qui sait » aux lèvres, lança sa ligne de basse agrémentée de grooves et de fills, tandis que Jésou, se levant de son transat se rapprocha jusqu’à toucher son ampli. Les ondes sonores faisaient onduler son T-shirt noir marqué du logo des Undertakers : une tête de mort flanqués d’une guitare et d’une pelle. Il scanda les variations sauvages d’un Pierrot déchaîné. Le tatouage tribal, à son bras droit, semblait animé d’une vie propre et appeler sur lui la fureur des Dieux Maori.
Je SUS, que c’était le moment, et de ma gorge Jaillit un hurlement de bête qui déclencha un frisson extatique dans l’assistance. Dans la pénombre, tout en bas, parmi les corps rassemblés, je perçus un mouvement de foule : On me raconta après qu’une étudiante n’avait pu se contenir et tenta de mettre fin à ses jours en avalant son tube de rouge à lèvres.. Le déchaînement sonore était à son comble, les décibels, tels un torrent impétueux jaillissaient des Baffles en vagues tsunamiques, puis refluaient, abandonnant l’assistance hébétée, comme le ressac de la mer la plage fragile.
La partie était gagnée, les Undertakers, enfin, avaient envoyé leur message Urbi et Orbi, et désormais leur destin ne leur appartenait plus.
Voila. C’est pour ça que la littérature française m’ennuie parfois. On ne peut pas lutter contre le souffle épique qui se dégage d’une « novel». On sent que c’est écrit dans le but d’être facilement transposable par le scénariste. C’est cinématographique, visuel, c’est plein de détails quasi cliniques, on se représente sans problème la situation : c’est ludique.
L’après-midi a passé très vite, d’autant qu’un ennui mécanique d’Elodie et une invitation à un mariage en début de soirée en accéléra l’issue. Mais nous avons efficacement pu travailler ce que nous appelons les C² (chansons connues) qui bénéficièrent de l’écoute critique de Phil. Nous avons ainsi pu régler les volumes relatifs de nos voix lors des chœurs, ainsi que leur justesse. Et puis nous nous sommes rendus dans l’auditorium de Pascou afin de réécouter whatever et Prout Mary dans leur version originale. Cela nous a permis de bien nous imprégner du style de nos aînés, même si notre but n’est pas de tout simplement copier les originaux mais bien de leur conférer notre « Patte Undertakers ». Phil nous a indiqué qu’il ne pourrait se joindre à nous qu’un jour par semaine, d’autant qu’il doit monter et démonter à chaque fois son matériel. Ce qui me conforte dans mon choix d’avoir choisi la voix comme instrument !
Ainsi se déroulent nos répétitions, bravant les frimas, franchissant les saisons. Bientôt l’heure de la moisson… de succès ?
Comment, la demoiselle devant ?
« …vous aussi vous avez eu des problèmes pour démarrer votre clio récemment ?
« mais je ne parle pas de batterie d’accumulateurs !
« je parle de batterie pour faire du bruit.
Phil a acheté par le biais d’internet une batterie complète et neuve de fabrication chinoise pour 150 euros.
Il l’a installée ce samedi après-midi. Elle est d’un vert profond ; tout le nécessaire est présent, même le siège. Il s’est empressé de la customiser en découpant un large disque dans la grosse caisse et en garnissant sa base d’une couverture afin d’en diminuer et assourdir le bruit.
D’après lui, les baguettes ne sont pas top, ce qui est un peu normal, elles sont chinoises, donc certainement plus aptes à saisir de la nourriture qu’à rythmer un rock.
Pour Pascou, qui confondait la charleston et la caisse claire, voici une représentation des divers instruments qui composent une batterie standard.
Alors, à ce stade, si vous avez été des assidus de mes chroniques, vous aurez remarqué un changement très important dans leur forme. Je vous laisse chercher….(patientez 10 minutes pour faire celui qui cherche, buvez un café, allez pisser, fumez une cigarette, zapouillez un moment sur XXL, puis reprenez la lecture) Pourtant ça crève les yeux. Non ? vous ne voyez pas ? relisez une des textes plus anciens. Je vous mets sur la voie, c’est grammatical. Bon, allez, c’est au niveau de la conjugaison : la majeure partie de mes textes sont délibérément écrit au présent de l’indicatif. Un ancien Maître de la communale me disait toujours : si tu veux raconter une histoire, ne t’embête pas à mélanger les temps, le présent suffit. Du coup plus de problème de concordance des temps et de questionnement sur telle ou telle terminaison. Ça a été une révélation : Tout au présent ! J’aime bien le présent. Les anglosaxons, eux, utilisent volontiers le passé simple, le prétérit comme ils disent, ça confère au récit un caractère plus dramatique qui convient très bien au thriller,
dans le style de ceci :
« C’est alors que je me levai d’un bond, vidai d’un trait le verre de limoncello que je tenais dans la main droite jusqu’ici. Une chaleur froide coula le long de mon œsophage et j’eu une pensée émue pour Sylvie qui en avait longuement pressé les fruits oblongs et juteux le matin même devant son Jésou tandisqu’il lui jouait, nu, l’aria du Stabat Mater de Mendelsohn sur sa Fender Stratocaster. Sa main se déplaçait langoureusement sur son long manche, sous les yeux humide de son épouse chavirée, tandis que le jus jaillissait des fruits au rythme des staccato de Jésou désormais en transe, loin du monde, comme tout entier saisi par l’ambiance onirique du lieu chargé d’histoire : la table de la cuisine.
Écrasant nerveusement ma cigarette que j’avais roulée d’une main, j’exhalai une dernière bouffée de fumée qui fut rapidement dissipée dans les cintres sous l’effet puissant des gigantesques ventilateurs qui rafraîchissaient la salle. J’essuyai la sueur qui déjà perlait à mon front, comme la buée sur le verre de rosé de la table dominicale. Je saisis le micro, et d’une voix puissante lançai : Paris Bordeaux Le Mans ! Mes paroles jaillirent des deux haut-parleurs de l’ampli de scène, un Marshall à lampes de deux fois cent cinquante watts efficaces fonctionnant en classe A. Mes compagnons, médusés, firent silence et se recueillirent un court instant, faisant le vide à l’intérieur d’eux même.
Je vis Pascou faire discrètement le signe de croix puis porter à sa bouche la médaille que lui avait offerte Cathou et qui contenait une rognure d’ongle de Saint Balles, le patron des musiciens. Phil, jetant un coup d’œil, sut que j’étais prêt, et d’un signe de tête m’en accusa réception, regardant tour à tour Pierrot Pascou et Jésou. De quatre coups de ses mythiques baguettes chinoises, les bras levés au ciel comme en une imploration muette, il marqua le tempo.Sous l’effet des 150 bits par secondes, la guitare rageuse de Pierrot feula, comme saisie d’une vie propre. Le Pascou, les yeux déjà fermés, le sourire serein de « celui qui sait » aux lèvres, lança sa ligne de basse agrémentée de grooves et de fills, tandis que Jésou, se levant de son transat se rapprocha jusqu’à toucher son ampli. Les ondes sonores faisaient onduler son T-shirt noir marqué du logo des Undertakers : une tête de mort flanqués d’une guitare et d’une pelle. Il scanda les variations sauvages d’un Pierrot déchaîné. Le tatouage tribal, à son bras droit, semblait animé d’une vie propre et appeler sur lui la fureur des Dieux Maori.
Je SUS, que c’était le moment, et de ma gorge Jaillit un hurlement de bête qui déclencha un frisson extatique dans l’assistance. Dans la pénombre, tout en bas, parmi les corps rassemblés, je perçus un mouvement de foule : On me raconta après qu’une étudiante n’avait pu se contenir et tenta de mettre fin à ses jours en avalant son tube de rouge à lèvres.. Le déchaînement sonore était à son comble, les décibels, tels un torrent impétueux jaillissaient des Baffles en vagues tsunamiques, puis refluaient, abandonnant l’assistance hébétée, comme le ressac de la mer la plage fragile.
La partie était gagnée, les Undertakers, enfin, avaient envoyé leur message Urbi et Orbi, et désormais leur destin ne leur appartenait plus.
Voila. C’est pour ça que la littérature française m’ennuie parfois. On ne peut pas lutter contre le souffle épique qui se dégage d’une « novel». On sent que c’est écrit dans le but d’être facilement transposable par le scénariste. C’est cinématographique, visuel, c’est plein de détails quasi cliniques, on se représente sans problème la situation : c’est ludique.
L’après-midi a passé très vite, d’autant qu’un ennui mécanique d’Elodie et une invitation à un mariage en début de soirée en accéléra l’issue. Mais nous avons efficacement pu travailler ce que nous appelons les C² (chansons connues) qui bénéficièrent de l’écoute critique de Phil. Nous avons ainsi pu régler les volumes relatifs de nos voix lors des chœurs, ainsi que leur justesse. Et puis nous nous sommes rendus dans l’auditorium de Pascou afin de réécouter whatever et Prout Mary dans leur version originale. Cela nous a permis de bien nous imprégner du style de nos aînés, même si notre but n’est pas de tout simplement copier les originaux mais bien de leur conférer notre « Patte Undertakers ». Phil nous a indiqué qu’il ne pourrait se joindre à nous qu’un jour par semaine, d’autant qu’il doit monter et démonter à chaque fois son matériel. Ce qui me conforte dans mon choix d’avoir choisi la voix comme instrument !
Ainsi se déroulent nos répétitions, bravant les frimas, franchissant les saisons. Bientôt l’heure de la moisson… de succès ?
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compte-rendu
samedi 9 juin 2007
Le Fill à la Patte Elliptique de la Sérotonine (mercredi 6 juin)
Vous avez raison, je n’étais pas dans une forme olympique pour ces retrouvailles du groupe après une semaine sans répétitions. C’est mon problème, je suis cyclothymique, très empathique, lunatique, et parfois soupaulait. J’ai souvent du mal à relativiser, à faire la part des choses, et positiver quand cela touche un sujet qui me tient à cœur. Pour quelqu’un qui est fasciné par le factuel, la technologie, les sciences et l’élucidation des grands mystères de l’univers, je suis totalement irrationnel. Ainsi étais-je dans un état proche de l’Ohio en sirotant mon café lors du briefing initial, entouré de mes potes (et comme tous sont très différents, c’était ce qu’on pourrait appeler un « melting potes » ah ah ah !).
En même temps j’avais des circonstances atténuantes, Monsieur le Procureur : Odile, mon, épouse, la chair de mon cœur, le soleil radieux qui illumine la sinistre grisaille de mon triste quotidien, était partie la veille pour une formation à Paris. Seul la nuit précédente, j’avais eu du mal à trouver le sommeil, errant à travers les pièces de ma vaste demeure comme un fantôme, sans but ni désirs, mais avec une oppressante sensation de vide qui m’a tenu éveillé jusqu’à quatre heures du matin.
……………………………………………………………..
Bon, là c’est ce qu’on appelle une ellipse. Pas la figure géométrique complexe qui est le lieu des points dont la somme des distances à deux points fixes (les foyers) est constante.
L'ellipse, au fait, est caractérisée par 3 paramètres : Le demi-grand axe a , le demi-petit axe b et la distance f du centre aux foyers. Ces paramètres sont liés par la relation :
a² -b² = f²
Mathématiquement, l'ellipse apparaît comme la projection d'un cercle sur un plan incliné. Pour un a donné il n'y a qu'un seul cercle, mais une infinité d'ellipses.
A ce propos, deux remarques, qui m'ont été suggérées par Odile, ma fidèle épouse( Que Dieu dans sa grande bonté la tienne à jamais en sa sainte Garde).
Première remarque : l'ellipse est une métaphore du genre humain, en ce sens que le cercle Divin parfait, projeté sur la pente de la condition humaine se décline en une infinité de personnalités, et au sein même de chaque individu une multitude d'états mentaux coexistent et s'affrontent. Il y a là une application de la théorie des fractales chère à Mandelbrot mais c'est une autre histoire que je vous conterai peu-être plus tard (n'hésitez pas à me le rappeler à l'occasion si j'oublie).
Certains individus sont ce que j'appelle de "gros porteurs" c'est à dire qu'ils ont une grande complexité, d'autres, les "petits porteurs" rassemblent leur psyché en un éventail plus resserré (Il paraîtrait que tout ça est chimique et pour une bonne part dû à une variation du taux de sérotonine).
Deuxième remarque : notre association informelle que constitue la Compagnie du Cercle aurait dû s'appeler la compagnie de L'Ellipse pour des raisons évidentes d'application de ce qui précède, à notre groupe.
Non, je veux parler de la figure de style. Vous savez, au cinéma, quand le monsieur et la dame vont faire crac-crac, et puis qu’on nous shunte toute la nuit torride pour, sur le plan suivant, nous montrer le monsieur en train de pisser en se grattant les couilles avec un air de conquistador qui aurait trouvé le trésor des incas. On comprend bien qu’entre temps il s’est passé « beaucoup » de choses, mais que bon, faute d’un budget conséquent, le réalisateur a préféré abréger. Donc, ici c’est un peu ça : entre « vous avez raison » et « bon là c’est ce qu’on appelle », dans la vie réelle il s’est passé trois jours. C’est fou quand on y pense, moi ça me donne une idée de l’infinie ce genre de mise en abîme (en même temps je suis bon public pur ce genre de chose, vous le savez). Et d’ailleurs vous l’avez remarqué, il y a eu rupture de style, c’est flagrant . dans le premier paragraphe je fais crac-crac avec moi-même dans ma tête, et hop ! plan suivant, je me gratte les balloches symboliquement en devisant gaîment sur tout et sur rien, surtout sur rien.
Alors ce fameux mercredi, nous étions, tels les quatre mousticaires, autour de la table, impasse des climatites. Entre parenthèses, quand on dit « impasse des climatites », désormais pour moi, ça résonne un peu comme « rue de bièvre », ou « 36 quai des orfèvres », ou encore « place du colonel fabien », un mélange étrange d’antonomase de catachrèse et de métonymie. Vous voyez, un peu comme quand on dit « tiens ce soir, selon, je vais aller derrière Saint Paul ».
Pour les lecteurs non nîmois, et je sais qu'ils sont nombreux (!), "derrière Saint Paul" c'est un des lieux de rendez vous péripatétitiens de la ville.
Après avoir discuté de quelques points de détail, nous avons dressé un synoptique du déroulement de la « soirée idéale » du 15 septembre :
A l’entrée : plusieurs verres de punch OBLIGATOIRES pour les participants
Pour nous : pas plus de DEUX VERRES d’alcool avant de se produire sur scène.
On chante les morceaux connus d’abord.
Bon, tout ça est à affiner bien sûr, c’est encore un peu brut, il reste quelques petites choses à régler.
Or donc, soirée très fructueuse, qui nous a permis, en l’absence remarquée du nouveau batteur qui n’avait toujours pas reçu son matériel, de travailler très sérieusement sur les « chansons connues » (lol). Là je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à Alain Chabat imitant jacques Martin, qui demandait à l’école des fans, à une petite fille incarnée par valérie Lemercier : « qui tu connais comme chanteur mort ma petite ? » et la gamine de répondre, ôtant son index de son nez, « Hervé Villard ». « Mais Hervé Villard n’est pas mort » remarquait Jacques Martin, et s’ensuivait une scène d’anthologie qui restera à jamais gravée dans ma mémoire au fer rouge de mon souvenir.
Nous avons utilisé la majeure partie de la soirée à travailler les chœurs sur Caroline et Prout Mary, après que Pascou nous ait fait une brillante démonstration de son talent en nous interprétant successivement un groove et un fill. Et c’est vrai que ça change tout : Le fill à la patte…Undetakers bien sûr ! Lors de la pause syndicale, il y a eu une étude comparative passionnante de Pierrot sur la Gibson américaine et son manche multicouche à géométrie variable versus son homologue plus rustique fabriquée sous licence en Corée, ainsi que des différences sonores entre Gibson et Fender. Passionnant. On commence vraiment à « rentrer dedans ».
Consommation nulle de boisson ambrée, très faible dépense de limoncello. Le travail, le travail, le travail. Travailler plus pour gagner plus… de public. Nicolas, nous voilà !
En même temps j’avais des circonstances atténuantes, Monsieur le Procureur : Odile, mon, épouse, la chair de mon cœur, le soleil radieux qui illumine la sinistre grisaille de mon triste quotidien, était partie la veille pour une formation à Paris. Seul la nuit précédente, j’avais eu du mal à trouver le sommeil, errant à travers les pièces de ma vaste demeure comme un fantôme, sans but ni désirs, mais avec une oppressante sensation de vide qui m’a tenu éveillé jusqu’à quatre heures du matin.
……………………………………………………………..
Bon, là c’est ce qu’on appelle une ellipse. Pas la figure géométrique complexe qui est le lieu des points dont la somme des distances à deux points fixes (les foyers) est constante.
L'ellipse, au fait, est caractérisée par 3 paramètres : Le demi-grand axe a , le demi-petit axe b et la distance f du centre aux foyers. Ces paramètres sont liés par la relation :
a² -b² = f²
Mathématiquement, l'ellipse apparaît comme la projection d'un cercle sur un plan incliné. Pour un a donné il n'y a qu'un seul cercle, mais une infinité d'ellipses.
A ce propos, deux remarques, qui m'ont été suggérées par Odile, ma fidèle épouse( Que Dieu dans sa grande bonté la tienne à jamais en sa sainte Garde).
Première remarque : l'ellipse est une métaphore du genre humain, en ce sens que le cercle Divin parfait, projeté sur la pente de la condition humaine se décline en une infinité de personnalités, et au sein même de chaque individu une multitude d'états mentaux coexistent et s'affrontent. Il y a là une application de la théorie des fractales chère à Mandelbrot mais c'est une autre histoire que je vous conterai peu-être plus tard (n'hésitez pas à me le rappeler à l'occasion si j'oublie).
Certains individus sont ce que j'appelle de "gros porteurs" c'est à dire qu'ils ont une grande complexité, d'autres, les "petits porteurs" rassemblent leur psyché en un éventail plus resserré (Il paraîtrait que tout ça est chimique et pour une bonne part dû à une variation du taux de sérotonine).
Deuxième remarque : notre association informelle que constitue la Compagnie du Cercle aurait dû s'appeler la compagnie de L'Ellipse pour des raisons évidentes d'application de ce qui précède, à notre groupe.
Non, je veux parler de la figure de style. Vous savez, au cinéma, quand le monsieur et la dame vont faire crac-crac, et puis qu’on nous shunte toute la nuit torride pour, sur le plan suivant, nous montrer le monsieur en train de pisser en se grattant les couilles avec un air de conquistador qui aurait trouvé le trésor des incas. On comprend bien qu’entre temps il s’est passé « beaucoup » de choses, mais que bon, faute d’un budget conséquent, le réalisateur a préféré abréger. Donc, ici c’est un peu ça : entre « vous avez raison » et « bon là c’est ce qu’on appelle », dans la vie réelle il s’est passé trois jours. C’est fou quand on y pense, moi ça me donne une idée de l’infinie ce genre de mise en abîme (en même temps je suis bon public pur ce genre de chose, vous le savez). Et d’ailleurs vous l’avez remarqué, il y a eu rupture de style, c’est flagrant . dans le premier paragraphe je fais crac-crac avec moi-même dans ma tête, et hop ! plan suivant, je me gratte les balloches symboliquement en devisant gaîment sur tout et sur rien, surtout sur rien.
Alors ce fameux mercredi, nous étions, tels les quatre mousticaires, autour de la table, impasse des climatites. Entre parenthèses, quand on dit « impasse des climatites », désormais pour moi, ça résonne un peu comme « rue de bièvre », ou « 36 quai des orfèvres », ou encore « place du colonel fabien », un mélange étrange d’antonomase de catachrèse et de métonymie. Vous voyez, un peu comme quand on dit « tiens ce soir, selon, je vais aller derrière Saint Paul ».
Pour les lecteurs non nîmois, et je sais qu'ils sont nombreux (!), "derrière Saint Paul" c'est un des lieux de rendez vous péripatétitiens de la ville.
Après avoir discuté de quelques points de détail, nous avons dressé un synoptique du déroulement de la « soirée idéale » du 15 septembre :
A l’entrée : plusieurs verres de punch OBLIGATOIRES pour les participants
Pour nous : pas plus de DEUX VERRES d’alcool avant de se produire sur scène.
On chante les morceaux connus d’abord.
Bon, tout ça est à affiner bien sûr, c’est encore un peu brut, il reste quelques petites choses à régler.
Or donc, soirée très fructueuse, qui nous a permis, en l’absence remarquée du nouveau batteur qui n’avait toujours pas reçu son matériel, de travailler très sérieusement sur les « chansons connues » (lol). Là je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à Alain Chabat imitant jacques Martin, qui demandait à l’école des fans, à une petite fille incarnée par valérie Lemercier : « qui tu connais comme chanteur mort ma petite ? » et la gamine de répondre, ôtant son index de son nez, « Hervé Villard ». « Mais Hervé Villard n’est pas mort » remarquait Jacques Martin, et s’ensuivait une scène d’anthologie qui restera à jamais gravée dans ma mémoire au fer rouge de mon souvenir.
Nous avons utilisé la majeure partie de la soirée à travailler les chœurs sur Caroline et Prout Mary, après que Pascou nous ait fait une brillante démonstration de son talent en nous interprétant successivement un groove et un fill. Et c’est vrai que ça change tout : Le fill à la patte…Undetakers bien sûr ! Lors de la pause syndicale, il y a eu une étude comparative passionnante de Pierrot sur la Gibson américaine et son manche multicouche à géométrie variable versus son homologue plus rustique fabriquée sous licence en Corée, ainsi que des différences sonores entre Gibson et Fender. Passionnant. On commence vraiment à « rentrer dedans ».
Consommation nulle de boisson ambrée, très faible dépense de limoncello. Le travail, le travail, le travail. Travailler plus pour gagner plus… de public. Nicolas, nous voilà !
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lundi 4 juin 2007
Motus ! (mercredi 30 mai)
La séance de ce dernier mercredi se perd un peu dans les limbes de ma mémoire car entre temps avec Christian, nous sommes allés nous ressourcer à l’Escala, charmante cité balnéaire proche de Rosas, à une trentaine de kilomètres de la frontière franco-espagnole. Le groupe était donc scindé en deux ce week-end. Je me souviens tout de même que notre nouveau batteur était là et qu’il a commandé une batterie sur e-bay. Donc c’est du sérieux ! Ce soir-là, j’ai également convié Antoine Sarkis, un collègue de travail, à faire le bœuf avec nous. Séance agréable, durant laquelle nous avons passé en revue notre immense répertoire de six chansons.
Le soucis c’est qu’Antoine joue de tout, et joue bien, ce qui nous a un peu déstabilisé surtout quand il a emprunté les baguettes à Philippe pour nous accompagner sur Prout Mary. Quand il a démarré, il y a eu comme une stase ! j’ai marqué une petite hésitation tout occupé que j’étais à écouter le batteur, et j’ai bien vu que les autres étaient surpris aussi. Mais je ne suis pas inquiet, Philippe relèvera le gant !
Depuis qu’Alain V2.0 évolution 1 n’officie plus, le couple batterie/basse devient très central, en ce qu’il imprime le tempo au groupe. Leur entente est donc primordiale ; c’est pourquoi je n’ai pas rechigné à jouer dans un coin, puis assis, puis carrément couché afin que Pascou et Philippe puissent se garder en point de mire.
Nous avons attaqué un nouveau chantier, un titre des Status Quo : Caroline. Très Rock N’Roll ! Ça tourne bien ; il ne nous faut guère plus de deux ou trois séances désormais pour caler un titre.
Un petit échange a pris place en fin de soirée, concernant le fait que semble-t-il, si nous ne voulons pas endormir tout le monde, nous aurions intérêt à jouer des « chansons connues ». Déjà, le terme « chanson connue » me fait sourire : Une chanson connue par qui, et quel genre de chanson connue ? Je ne sais pas trop que penser de cette remarque. Bien sur nous aimons jouer des titres éprouvés, comme nous le faisons depuis le tout début. Mais je pense que quelques titres personnels sont une preuve que nous ne sommes pas dans l’imitation et la reproduction pure et simple, mais bel et bien dans la création. Je suis fier que nous ayions créé trois titres ; Comme j’aime aussi chanter Status Quo et CCR ainsi qu’au Bonheur des Dames.
Mais ceci n’a pas d’importance, le groupe est prêt à écouter tous les conseils, toutes les suggestions pour qu’il évolue et s’améliore. Toutefois, au final, comme à plusieurs reprises déjà, ce sera à nous de déterminer quelle sera l’orientation de notre « démarche artistique ».
Malgré nos doutes, nos désespoirs (bon, il n'y a pas mort d'homme non plus!), et parfois le scepticismes de nos pairs, je pense que nous progressons. De toute façon le plaisir est toujours intact. Nous nous faisons plaisir et en définitive c’est ce qui compte.
Toutefois, alors que nous étions seuls, Jésou et moi, à l’Escala, nous nous sommes demandés si c’était vraiment une bonne idée de se produire pour nos 50 ans, d’imposer aux autres ce groupe qui nous occupe tant, qui accapare une bonne partie de notre temps, et qui nous entraîne dans un monde un peu refermé sur lui-même, laissant peut-être à l’écart nos autres amis.
Également nous avons l’impression qu’à force de parler de nos progrès nous « lassons » notre auditoire. La prudence nous conseillerait peut-être de « compartimenter » cette partie de notre vie et de ne plus communiquer dessus. Je pense que nous allons avoir à sérieusement discuter de ce problème et dégager une ligne de conduite pour les mois à venir, ainsi que pour l’échéance du 15 septembre, date de notre anniversaire commun, à Desport chez Catherine Rollin.
Enfin dernière interrogation : Nous avons bien compris qu’Alain ne serait plus batteur du groupe. La musique ne le délasse pas, Alain est un sportif, il aime la nature et les efforts en extérieur ; le groupe n’est pas pour lui un moyen de décompresser et de penser à autre chose. Mais d’une part souhaite-t-il tout de même participer au groupe d’une manière ou d’une autre dans la perspective du concert, et d’autre part, désire-t-il même partager l’anniversaire avec nous? Là aussi, il nous faut être au clair.
Quans on s’est lancé dans ce qui semblait un jeu il y a 5 mois, je ne pensais pas qu’il soulèverait tant d’interrogations, tant techniques que morales, et qu’il pourrait devenir un sujet de discussion passionné.
C’est ça, la magie du Rock N’Roll !
Le soucis c’est qu’Antoine joue de tout, et joue bien, ce qui nous a un peu déstabilisé surtout quand il a emprunté les baguettes à Philippe pour nous accompagner sur Prout Mary. Quand il a démarré, il y a eu comme une stase ! j’ai marqué une petite hésitation tout occupé que j’étais à écouter le batteur, et j’ai bien vu que les autres étaient surpris aussi. Mais je ne suis pas inquiet, Philippe relèvera le gant !
Depuis qu’Alain V2.0 évolution 1 n’officie plus, le couple batterie/basse devient très central, en ce qu’il imprime le tempo au groupe. Leur entente est donc primordiale ; c’est pourquoi je n’ai pas rechigné à jouer dans un coin, puis assis, puis carrément couché afin que Pascou et Philippe puissent se garder en point de mire.
Nous avons attaqué un nouveau chantier, un titre des Status Quo : Caroline. Très Rock N’Roll ! Ça tourne bien ; il ne nous faut guère plus de deux ou trois séances désormais pour caler un titre.
Un petit échange a pris place en fin de soirée, concernant le fait que semble-t-il, si nous ne voulons pas endormir tout le monde, nous aurions intérêt à jouer des « chansons connues ». Déjà, le terme « chanson connue » me fait sourire : Une chanson connue par qui, et quel genre de chanson connue ? Je ne sais pas trop que penser de cette remarque. Bien sur nous aimons jouer des titres éprouvés, comme nous le faisons depuis le tout début. Mais je pense que quelques titres personnels sont une preuve que nous ne sommes pas dans l’imitation et la reproduction pure et simple, mais bel et bien dans la création. Je suis fier que nous ayions créé trois titres ; Comme j’aime aussi chanter Status Quo et CCR ainsi qu’au Bonheur des Dames.
Mais ceci n’a pas d’importance, le groupe est prêt à écouter tous les conseils, toutes les suggestions pour qu’il évolue et s’améliore. Toutefois, au final, comme à plusieurs reprises déjà, ce sera à nous de déterminer quelle sera l’orientation de notre « démarche artistique ».
Malgré nos doutes, nos désespoirs (bon, il n'y a pas mort d'homme non plus!), et parfois le scepticismes de nos pairs, je pense que nous progressons. De toute façon le plaisir est toujours intact. Nous nous faisons plaisir et en définitive c’est ce qui compte.
Toutefois, alors que nous étions seuls, Jésou et moi, à l’Escala, nous nous sommes demandés si c’était vraiment une bonne idée de se produire pour nos 50 ans, d’imposer aux autres ce groupe qui nous occupe tant, qui accapare une bonne partie de notre temps, et qui nous entraîne dans un monde un peu refermé sur lui-même, laissant peut-être à l’écart nos autres amis.
Également nous avons l’impression qu’à force de parler de nos progrès nous « lassons » notre auditoire. La prudence nous conseillerait peut-être de « compartimenter » cette partie de notre vie et de ne plus communiquer dessus. Je pense que nous allons avoir à sérieusement discuter de ce problème et dégager une ligne de conduite pour les mois à venir, ainsi que pour l’échéance du 15 septembre, date de notre anniversaire commun, à Desport chez Catherine Rollin.
Enfin dernière interrogation : Nous avons bien compris qu’Alain ne serait plus batteur du groupe. La musique ne le délasse pas, Alain est un sportif, il aime la nature et les efforts en extérieur ; le groupe n’est pas pour lui un moyen de décompresser et de penser à autre chose. Mais d’une part souhaite-t-il tout de même participer au groupe d’une manière ou d’une autre dans la perspective du concert, et d’autre part, désire-t-il même partager l’anniversaire avec nous? Là aussi, il nous faut être au clair.
Quans on s’est lancé dans ce qui semblait un jeu il y a 5 mois, je ne pensais pas qu’il soulèverait tant d’interrogations, tant techniques que morales, et qu’il pourrait devenir un sujet de discussion passionné.
C’est ça, la magie du Rock N’Roll !
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