L’année 2012 s’achève, dans un contexte socioéconomique en berne. Les indicateurs sont au rouge, la morosité s’installe, les perspectives sont sombres. Cependant les UFR vont bien, qui vont boucler le 13 janvier prochain leur sixième année d’existence. Pour un groupe de rock c’est le début d’une certaine maturité, en effet combien d’orchestres traversent notre horizon musical le temps d’une saison et d’un hit, tels des météores qui flamboient puis s’embrasent au contact de l’atmosphère acide des relations humaines ?
Car la première cause d’échec d’un groupe c’est la relation entre ses membres. Les artistes même ceux de provinces comme nous, ont tous un certain ego, une sensibilité propre, des passions personnelles qu’ils doivent confronter aux autres avec les frictions, les humeurs, les petites rancœurs qui accompagnent cet exercice périlleux qui consiste à faire travailler ensemble des individus, fussent-ils des amis de longue date.
Nous avons remporté cette victoire je pense. Les répétitions se sont enchaînées, semaine après semaine. Certains n’en ont pas manqué une, d’autres dont je pourrais être le porte-étendard, ont été plus désinvoltes. Mais chacune d’entre elle nous a apporté un surcroit de maîtrise et d’assurance. A vue de nez, nous devons approcher les 250 répètes, et la Salle Jim Morrison est désormais chargée de l’histoire de nos membres. Les répétitions ne seraient qu’un entraînement sans compétitions, un passe-temps sans grande finalité si leur but n’était pas, outre de travailler de nouveaux titres, tant reprises que compos, de nous permettre de proposer notre travail au public. Je veux parler de cet évènement-phare de nos saisons musicales : le concert.
Si je fais un compte approximatif des dates : Le Délirium, deux fois à Desport, Sainte Anastasie, deux fois au Garage, deux fois à l’ancien Magestic, trois family-tour, deux Mas Merlet, deux Fox Taverne, l’Oxbridge, chez Sylvaine, Le concert de Clémence,Le Mariage de Thierry à Grabels, le Callejon, si on compte le bœuf-concert de la fête de la musique chez le Leader, c’est à vingt et une reprises déjà que nous avons remis notre titre en jeu ! Et je ne parle même pas de la poignée de concerts refusés ou avortés (à Chateaurenard, à Rodilhan, au Mas Merlet, A Saint Cezaire pour l’anniversaire d’Eric M.) qui aurait pu grossir notre escarcelle. Je citerai pour mémoire les déplacements au Pin, rencontres informelles et sans enjeu, mais ne serait-ce que pour l'exhaustivité, le lieu et le statut particulier de l'hôte, Undertaker honoraire, il fallait en parler.
Dans tous les cas pour deux heures de plaisir, que d’efforts consentis ! Les manutentions, les déplacements, les réglages, les tensions : autant de freins à la multiplication de nos apparitions en public.
Dans tous les cas pour deux heures de plaisir, que d’efforts consentis ! Les manutentions, les déplacements, les réglages, les tensions : autant de freins à la multiplication de nos apparitions en public.
Je suis conscient que cet exercice difficile n’est pas le but de tous nos musiciens. Je sais que certains y vont par solidarité plus que par passion. Cependant la réalité est là : les concerts nous font progresser, nous obligent à plus de cohésion, d’empathie, de partage. Ils nous mettent en danger, nous exposent à l’appréciation critique des autres, et c’est dans les conditions particulières du live que s’affirment notre lien et notre technique. Par ailleurs cela nous oblige à nous confronter à des aspects logistiques et commerciaux, de nous frotter au monde du (petit) spectacle. Se vendre n’est pas facile, mais fixer un prix au « produit UFR » permet d’en estimer la valeur. Chaque peine mérite salaire, la nécessité de monnayer notre prestation nous contraint à plus de rigueur mais les fruits récoltés nous confortent dans notre légitimité.
Ce sont les concerts qui soudent notre groupe, aussi bien dans les échecs, qu’il faut surmonter et analyser, que dans les succès qui nous galvanisent pour progresser encore. J’ai en tête des commentaires de spectateurs qui m’ont réconforté des angoisses qui sont les miennes à chaque fois que je monte sur une scène (quand il y en a une !). D’autres au contraire m’ont plongé dans des questionnements sur la pertinence de ma présence. J’imagine que chacun d’entre nous a éprouvé ce mélange de sentiments mais c’est la loi du genre : quand on offre un produit, on doit s’attendre à ce qu’il soit boudé ou qu’il reçoive une appréciation sévère. C’est ce qui fait tout le prix de nos efforts.
Par ailleurs la rémunération de ces concerts, pour modeste qu’elle soit, nous a tout de même permis cette année de faire l’acquisition d’une station d’enregistrement, et très récemment de trois bains de pieds afin d’avoir un retour correct du son. La perspective 2013 sera l’achat d’une table de mixage digne de ce nom, qui nous permettra de mieux corriger les accidents sonores générés par des salles à l’acoustique complexe, et rationalisera l’utilisation de la dizaine d’entrées nécessaire aux instruments et micros que nous utilisons.
Notons au chapitre des mouvements de personnels que l’introduction d’un saxophoniste dans l’orchestre, Jean-Paul D., a grandement modifié l’orientation de notre genre musical, puisque désormais notre inspiration dans le choix des titres puise principalement dans le rythm’n blues. Une retombée collatérale de cette inflexion est assez positive pour moi : les chanteurs de rythm’blues ont plutôt des tessitures graves qui conviennent parfaitement à mon chant dont vous savez qu’il est assez limité en fréquence. A souligner également le souhait de notre pianiste, Lololalolo, compagne de galère depuis cinq ans, de faire une pause dans sa carrière, pour se consacrer plus assidûment à ses petits enfants et son mari. Louable intention, dont nous déplorons toutefois les conséquences : sa gentillesse, sa féminité (exacerbée) et son talent nous manqueront. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot : en cette période de trêve des confiseurs, où l’orchestre fait relâche, nous ne laisserons passer aucune occasion de la harceler pour qu’elle revienne sur cette décision que je juge hâtive et irréfléchie. D’ailleurs je ne doute pas que notre Leader, le sémillant P. au charme parpaillot et à la beauté sauvage, saura trouver les mots pour séduire à nouveau celle qui nous a tant apporté dans les arrangements de nos compos, et l’habillage de nos reprises mais aussi aux choeurs. Jean-Paul qui manifeste un intérêt certain pour le chant saura relever le défi de l’accompagnement vocal, épaulé par notre Leader si jamais Lolo persistait dans ses errances, mais mon duo sur La Fille du Père Noël ne sera pas le même si c’est notre saxophoniste qui me donne la réplique !
Pour conclure je voudrais formuler un regret : nous n’avons créé qu’un titre cette année : Solex. Notre Leader invoque notre manque d’inspiration textuelle, et souligne que le temps lui manque cruellement pour qu’il explore son univers mental en quête de mélodies intéressantes. A nous les auteurs de faire preuve d’imagination et de proposer des textes à la hauteur de ses exigences. Et puis il nous reste un océan de reprise sur lequel voguer librement, au grès des inspirations et des coups de cœur de chacun. Nous saurons nous les approprier, prendre du plaisir dans leur interprétation pour les proposer plus souvent au public. Comme le souligne Jérôme I. déplorant la rareté de nos concerts : « Bougez-vous les doigts du cul bon Dieu !! »
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