Poun a raison : moi si
prolixe depuis tant d’années, postant un message quotidien dans mes meilleurs
mois, je donne des signes de fatigue dans la livraison de mon travail sur ce
blog. Il est vrai que pour nous tous, les contraintes de la vie semblent se durcir,
et le temps libre s’évaporer, à moins que ce ne soit une manifestation
« en creux » de souffrances accrues d’un esprit et d’un corps
vieillissants, d’une sclérose psychosomatique inhérente à l’âge et ses dommages
collatéraux.
Plus certainement s’agit-il d’une
lassitude logique après presque six ans d’animation de ce lieu que je voulais
forum d’expression et qui s’avère être une scène d’autofiction : la
mienne.
Quoiqu’il en soit les photomontages se font rares, les textes
sporadiques et les commentaires faméliques.
La source qui alimentait le lac
de mon imagination s’est insensiblement tarie, et les molles vaguelettes qui
agitent encore sa surface peinent à fertiliser des berges clairsemées de
pensées sporadiques, comme des bois flottés échoués, asséchés, polis et
cassants, drossés là au terme d’un vagabondage erratique, au grès des courants
et des marées, témoins épars de temps meilleurs, abandonnés par des tempêtes
passées parmi les varechs malodorants des profondeurs de l’âme que brouteraient
les crabes fantomatiques de l’oubli, coprophages impuissants et vains submergés
par la tache.
Les séances se sont succédées ces
dernières semaines, souvent en l’absence de l’un ou l’autre d’entre nous. Les
titres récents ont été joués et rejoués, dans des configurations variables, alternant
les versions « orchestrales » ou plus intimistes en fonction des
présents et de leur polyvalence. On a bien sûr mis l’accent sur les dernières
compos et reprises avec une prédilection pour le Blues du Dentiste, Solex et le
tout nouveau Unchain My Heart.
Ces trois titres marchent bien,
nous les interprétons avec une relative aisance. Ce qui est intéressant surtout
c’est que quel que soit l’arrangement et la configuration du groupe nous
retombons sur nos pattes et livrons un produit correct. Comme des funambules
aveuglés, nous marchons sur des fils musicaux qui se croisent, suivant à notre
tour tel ou tel qui bifurque sans crier gare porté par l’intuition du moment, lui
emboitant le pas dans des agitations de balanciers, puis stabilisant les
ondulations du câble en attendant la prochaine variation, à l’oreille, à
l’instinct. Les apprentissages récents ont été incroyablement rapides, ce qui
est assez surprenant étant donné qu’à mesure que nous introduisons de nouveaux
titres, notre Leader veille, dans un souci pédagogique, à en augmenter la
difficulté. De là à laisser penser que nous deviendrions meilleurs, il y a un
pas que je m’interdis de franchir, cependant il faut bien constater, sans trop
en chercher la cause, que ces morceaux fonctionnent bien.
Lors de la dernière séance du
mercredi, en l’absence du Sax Symbol et de Lololalolo le premier pour cause de
match de foot (Montpellier-Olympiakos), la seconde étant prise par des
obligations littéraires, nous avons repris des titres anciens, depuis plusieurs
mois perdus dans les profondeurs des archives musicales du groupe. Ainsi
avons-nous exhumé Oublie ( !), Proud Mary, Marre, Caroline, Should I Stay
dans des versions plus jazzy et rythm’nbluesantes grâce au saxo ténor parfaitement
maîtrisé, et empreint d’une certaine émotion de notre Leader.
Le Sax Symbol n’a qu’à bien se
tenir, ainsi que notre pianiste : Le Leader maximo est chaud-bouillant,
prêt à tout bouffer, n’hésitant pas à marcher sur les terres des titulaires
pour les pousser dans leurs derniers retranchements et les acculer à une
compétition qui ne pourra qu’être fructueuse pour le groupe. Moi-même je ne me
sens pas très tranquille, et je surveille constamment mes arrières guettant les
chœurs, marquant notre P. à la culotte afin de ne pas me laisser déborder par
sa voix souple. Seul peut-être notre batteur est-il encore à l’abri des
velléités hégémoniques de notre guitariste solo, tant son tempo métronomique
est en dehors de toute critique, mais pour combien de temps encore ?
Quel dommage désormais, alors que
notre répertoire étendu nous permet de faire des choix et de colorer une
playlist selon l’humeur du moment, que nous n’ayons toujours aucune date
programmée pour en livrer notre interprétation au public.
1 commentaire:
Et bien voila, il suffisait de remettre quelques gouttes d'essence (sous diverses formes de boissons ambrées ) dans le moteur et c'est reparti comme en quarante !
Enregistrer un commentaire