Ces derniers temps, le groupe est rarement au complet. On dirait
d’ailleurs qu’il y a comme un « tour » dans les absences. Et
cette semaine c’était celui de Poun, parti au ski avec le KreaX. Du
coup cette noria désorganise quelque peu la mécanique parfaite des UFR.
On a vu tour à tour Pierrot remplacer La voix, les claviers, la batterie, et
cette fois-ci : la basse avec à chaque fois une maîtrise étonnante de
l’instrument.
On sent bien que ce n’est que grâce à la compassion de Notre Leader Maximo que le groupe continue à exister ; il pourrait tout aussi bien poursuivre seul. D’ailleurs on s’en aperçoit lorsqu’il nous fait parvenir une maquette de l’un de ses délires : c’est parfait ! Tout le reste n’est qu’un lent travail de déconstruction de l’objet initial, une dégradation de l’original, comme si la volonté délibérée du reste
des UFR ne tendait que vers un objectif : dénaturer le produit, à la manière d’un mauvais cuisinier qui gâcherait à grand renfort de sauce la saveur exquise d’un produit naturel.
Vous savez combien mes trajets biquotidiens en studiomobile m’aident à travailler mais aussi me permettent de rester en phase avec les grands courants de l’actualité mondialisée. Je passerai sur le drame du moment et ses conséquences incalculables au pays du soleil levant-n’ajoutons pas l’effet de mode à celui des radiations ionisantes- pour une fois de plus évoquer ces émissions de 17 heures dont seule La Radio d’Etat a le secret.
J’écoutais hier, donc, le « philosophe de la joie » Alexandre Jollien qui a écrit récemment « le philosophe nu ». Cet homme est un handicapé, suisse de surcroît qui a vécu en institution jusqu’à l’âge de seize ans. On le destinait à devenir rouleur de cigare. Une sorte de Carmen au masculin finalement. C’était pour l’Institution comme une victoire de proposer ainsi une véritable insertion à un individu destiné à errer
de placements thérapeutiques en foyers pour personnes handicapées. Et puis parce qu’il suivait une fille, il a atterri dans une bibliothèque (il était tombé sur une intellectuelle). Pour faire l’intéressant il a saisi un bouquin auhasard. C’était de la philosophie : il n’en est plus jamais sorti. De ses lectures, de ses réflexions, a émergé cette certitude qu’il faut retrouver la joie pure, celle des enfants qui ne se posent pas de question existentielle, qui vivent intensément le hic et aussi le nunc dans l’acceptation du concret le moins virtuel. La joie est dans l’acceptation de l’instant présent et de la réalité. On doit se dépouiller de toutes les scories, de toute l’accumulation du superflu et retrouver son intériorité originelle un peu comme dans les pratiques Zen. Et si Dieu existe, précise-t-il de sa voix inimitable, eh bien qu’il se débrouille avec tout le reste.
Et parfois quand je me retourne sur le passé du groupe, et qu’en parallèle je mets tous les doutes et les incertitudes suscités par nos difficiles efforts sur lesquels j’ai projeté mes propres interrogations, je me dis que j’aurais dû connaître Jollien plus tôt : Se concentrer uniquement sur la Joie de Jouer. Prendre le plaisir de l’instant présent, s’ancrer dans la réalité, camper ses deux pieds dans le sol et s’imprégner de la beauté de l’instant et du lieu sans plus divaguer sur le reste.
C’est d’ailleurs ce qui se passe quand nous jouons ensemble, que ce soit en répète ou en concert : Plus rien d’autre ne compte que cette joie pure du partage et de la musique. Que ce soit bon ou mauvais, cela n’a pas d’importance : c’est un pur moment suspendu, un hiatus dans le continuum de vie de chacun : de la JOIE. Un hymne à la joie ! Sauf que bien sûr, comme nous ne l’avons pas nommé, nous ne sommes pas conscient de sacrifier à un courant philosophique majeur.
Et à mon sens c’est pour çà que le P. continue avec nous : Il ne gamberge pas, il ne se pose aucune question, il se concentre sur l’essentiel et s’en imprègne. Dans ces moments de musique et de lien, il saisit un instrument et s’abandonne à la joie, se fondant dans la réalité de l’instant, corps et âme, insouciant, inconscient à tout autre émotion ou pensée parasite.
Pour le reste, est il important de préciser que nous avons travaillé des compos et des reprises ? Que les Blues Brothers se montrèrent rétifs à notre improvisation, que les fondamentaux : Status Quo et Stones, ainsi que CCR qui semblaient acquis, dérivèrent sournoisement comme pour nous faire un pied de nez après des séances de friche ? Comme cet horizon toujours lointain qui échappe à la main du simple qui tente d’en toucher les limites d'un doigt innocent. Les reprises furent abordées, les anciennes comme les toutes récentes, avec toujours autant de plaisir, et c’est avec gourmandise que j’égrenai les oulipesques aventures du Tamanoir Confit Dans l’Alcool de Poire. « Reviens » fût laissé de coté, toujours victime de nos hésitations quant à sa forme finale.
Et La fille du père Noël ne vint pas visiter notre cheminée ni squatter nos chausures ce soir-là.
mercredi 16 mars 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire