La semaine dernière c’était la première fois depuis un sacré bout de temps que le groupe était au complet ! Vacances, maladies ou empêchements divers de l’un, de l’autre et parfois de plusieurs : les récentes répètes s’étaient déroulées en effectif réduit aux combinaisons aléatoires : En mode dégradé comme on dit en terme de process. Difficile de travailler efficacement dans ces conditions, mais il faut bien avouer qu’il y a une vie après les UFR et que ces absences peuvent être le prétextes à des retrouvailles encore plus productives. Et puis on est déjà condamnés à l’efficacité, pire : à l’efficience dans nos professions respectives, on ne va pas en plus se mettre la pression durant nos loisirs. Merde !
Ce fut l’occasion, rassemblés autour de la table ronde carrelée de la cuisine, de profiter de cette conjonction pour soumettre à l’appréciation du groupe la récente livraison sous forme d’un MP3 déposé dans nos boites mail par notre ingé-son préféré d’un titre enregistré un an plus tôt : Oublie. Il ne nous fallut pas très longtemps, ni de grands débats pour nous accorder sur un avis unanime : Oublie resterait peut-être gravé sur l’acétate d’un CD ou dans quelque obscur cluster d’un disque dur, mais certainement pas dans nos mémoires et en tous cas pas pour ses qualités artistiques ou techniques. Les chœurs nous apparurent assez artificiels, sans harmonie, et la fin bizarrement nimbée d’un flou sonore peu esthétique. Bref nous décidâmes d’oublier ce titre et de demander à Jako de ne pas l’inclure dans le CD final.
Le CD ne contiendrait plus que 9 titres sur les onze initialement enregistrés (rappelons que Le Cochon n’avait pas passé la barrière des qualifications) avec ce recalage de dernière minute. En définitive nous convînmes que c’était un bon chiffre, le nombre 10 nous étant apparu après coup un peu trop optimiste, et sommes toutes un rien m’as-tu vu, «bling-bling »comme on dit maintenant. 9 était plus discret, plus dans la retenue, avec un coté impair fort sympathique et plus adapté à la règle des trois tiers : un gros tiers de talent, un bon tiers de travail, un petit tiers de chance.
Forts de cette unanimité nous descendîmes à la SJM pour y faire nos gammes. On travailla longuement sur le titre des Blues Brothers. Notamment nous encourageâmes Lolo notre pianiste à trouver des sonorités de cuivres pour étoffer l’arrangement, puis à placer ses accords bien dans le tempo. Au bout de quelques tentatives nous arrivâmes même à y prendre plaisir, et si le morceau fut loin d’être parfait, du moins notre enthousiasme foutraque nous porta-t-il durant un bon moment et fut-il l’occasion de quelques bonnes rigolades dignes d’un film des Frères Blues.
On enchaîna, en manière de récréation, sur la Fille du Père Noël, dont on put croire au bout de deux répétitions que nous l’avions inscrite au répertoire des années plus tôt tant nous tutoyâmes les sommets en la circonstance. S’il n’y avait eu Lolo, pour paraphraser une pub ancienne : C'aurait été la perfection au masculin ! Enfin je ne veux pas dire par là que Lolo ait été en deçà, mais juste qu’en tant que représentante féminine, forcément, la perfection au masculin lui était inaccessible « ontologiquement ».
Ce qui ne l’empêcha pas loin s’en fallut de développer une forme personnelle de perfection tout à fait à la mesure de la notre peut-être moins ostentatoire, plus subtile, dans une forme de retenue toute protestante, dans le droit fil de notre volonté précédente de limiter à neuf le nombre de pistes sur le CD. Un souci d’humilité et de parcimonie en quelque sorte : un rock citoyen, responsable, équitable, quoi !
Quoique en l’occurrence on puisse discuter : Le Carré est convaincu, en reprenant ce titre de Dutronc de verser dangereusement dans la plus triviale des variété, de pactiser avec le diable, de sacrifier à la facilité, de tomber dans le populisme musical en quelque sorte, et de faire dans le « Baletti » , terme qui constitue pour lui la pire des injures. En un mot : On se compromet ! De fait tandis que je chantais, je l’observais avec amusement du coin de l’œil poser avec un rien de quant à soi les baguettes fagot sur les peaux avec comme un léger dégout dans le tempo et des sanglots virtuels dans son toucher de cymbale. Rien de comparable au rejet anaphylactique de Belinda, mais quand même : on était borderline…
On reprit également les deux dernières compos : Celle des corbeaux cannibales( Chuppa Chups), qui plut beaucoup à Lolo et la plus controversée « Reviens », dont je ne sais toujours quoi penser. Bien sûr sa mélodie originale simpliste style boite à musique « bi-tons » accroche très rapidement par son coté David Guetta ; c’est acidulé, frais, sans prétention, mais ce n’est pas rock’n’roll ! C’est de la pop de consommation rapide, ce que serait un succulent MacDo face à la monacale composition gustative épurée (de nous autres) d’un plat de Michel Bras : obscène, ignoble et dégradant ; mais tellement bon ! On la joua une fois ainsi. Moi-même je ne fus pas convaincu. Mais à sa décharge il faut dire qu’elle ne fut pas magnifiquement servie par des musiciens peu disposés.
On la reprit en blues. Bon. Il est certain que c’était d’avantage dans notre ligne musicale, et collait plus étroitement à notre (hum) projet artistique.
Il y a de la cohérence à l’interpréter de cette manière, ça peut s’insérer idéalement à tel ou tel moment d’un concert…
Il faut se l’approprier !
Et puis ce fut le moment magique. Lors de la précédente répétition, à laquelle je n’avais pu assister, mes amis avaient travaillé un titre des Who, repris par Limp Bizkit : « Behind Blue Eyes ». Une sorte de ballade pas tellement éloignée du « Mad World » de Lolo, enfin si l’on considère que tous les slows se ressemblent bien sur ! Comme je ne connaissais pas la mélodie, ce fut le Carré qui l’interpréta. Il a une voix plutôt grave, dans les mêmes tonalités que la mienne. Ce fut très intéressant d’étudier l’exercice de chant de l’extérieur. De mesurer « in vivo » les efforts considérables que doit faire le chanteur qui déchiffre le texte et tente de le poser sur une mélodie encore approximativement interprétée par des musiciens hésitants en pleine phase d’apprentissage…
Pour conclure on décida de revenir vers les fondamentaux. On alla chercher en fin de bouquin notre titre fétiche de présentation du groupe : Caroline. Cent fois rebattu au long des répètes et concerts, chargée de souvenirs et d‘émotions. Notre madeleine en quelque sorte.
C’est fou la vitesse à laquelle on perd les automatismes….
En partant on alla saluer dans son parc à chiots, Caïra la chienne Cane Corso, pleine, prête à mettre bas.
M’est avis qu’il y a du caniportage dans l’air.
mardi 1 mars 2011
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