La dernière répétition fut intéressante à plus d’un égard. Il faut préciser que notre dernier concert nous a laissé à tous, je pense, une impression mitigée. Avec un mélange de satisfaction et de plaisir, mais aussi de déceptions teintées d’un certain fatalisme à type de renoncement, en tout cas en ce qui me concerne, pour ce dernier point. J’ai le sentiment qu’en l’état rien ne pourra améliorer la qualité de notre prestation, non pas sur le plan de notre travail, dont le niveau progresse, mais sur le versant purement technique de la restitution sonore que nous proposons aux auditeurs. Etre trahi par la technique, je trouve ça injuste, on ne le mérite pas.
Bien sûr le temps de la Scène est celui que j’attends toujours avec impatience, avec une pointe d’angoisse tout de même lors de nos derniers rendez-vous. Je pensais jusqu’ici que la seule volonté, ainsi que l’enthousiasme et l’énergie seraient des contrepoints suffisants à l’approximation pour emporter l’adhésion du public. Je m’aperçois qu’au-delà de la subtile alchimie qui doit s’installer entre l’auditoire et nous, comme lors de notre toute première apparition en public et son inexplicable succès, c’est la technique qui a la part la plus importante.
J’ai l’impression qu’on se consume à chacune de nos sorties en public, et que nous gaspillons notre capital en nous forgeant une image brouillonne dont j’ai peur qu’elle finisse par nous coller à la peau et devienne notre marque de fabrique. Je n’ai pas aimé certaines attitudes, certains regards, certains sourires ou commentaires que j’ai pu surprendre chez tel ou tel spectateur, dont j’ai parfois l’impression qu’il venait nous voir pour se payer une tranche de rire.
Je reconnais que je suis volontiers parano sur le sujet. Je mets mon cœur et ma passion dans notre projet (je ne suis pas le seul faut-il le préciser ?), et ma susceptibilité a tôt fait d’élaborer une théorie du complot qui me ronge. Je suis déjà en proie au doute à titre personnel quant à la qualité de mon chant : le fait que celui-ci ainsi que les parties des musicos soit si mal restitués par notre sono, rajoute encore une couche d’incertitude et d’irritation.
Et puis j’ai horreur de me sentir ridicule.
C’est le problème de la passion. C’est une maîtresse exigeante. Ce qu’on fait me plait, j’y prends du plaisir mais l’idée de travailler en vain me déprime. Et dans ce contexte, je ne vois pas le bout du tunnel.
C’est dans cet état d’esprit que je suis donc venu comme chaque mercredi, à la répétition. Je crois que les autres membres du groupe partagent certaines de mes inquiétudes, à des degrés divers. Certains le gèrent mieux, se prennent moins la tête sans doute, ou bien sont plus solides, ou moins investis, ou plus fatalistes. Mais quoiqu’il en soit nous avons tous la certitude que c’est par la maîtrise de notre son que passera notre survie en tant que groupe qui se produit devant un public. Même en étant amateur, le fait de jouer devant des vrais gens nous donne obligation d’assurer un minimum de qualité. Il est inutile de travailler les plus petits détails de chaque titre, et d’en faire un joli paquet bien ficelé avec des choeurs à la tierce (lolo quant à elle, passionnée de jeu, préfère la tierce à cœur) si les personnes en face n’en perçoivent qu’un magma pénible et incompréhensible.
Nous sommes tout conscients de cela. On le ressasse à longueurs de briefings. On parle de rechercher une personne de bonne volonté qui occuperait la fonction d’ingé-son, on discute d’acquérir une table de mixage digne de ce nom, on parcourt Internet à la recherche d’infos sur les techniques de sonorisation. Tout cela nous préoccupe et pompe nos énergies. Dans ce contexte de questionnement, Pierrot est venu ce soir avec un concept trouvé sur le net, justement : Le « shit in-shit out ».
C’est finalement simple et plein de bon sens : Si coté scène c’est de la merde, ce sera de la merde aussi pour le public. Il s’agit donc de faire les réglages en tournant les enceintes de la sono vers les musiciens, jusqu’à obtenir un son correct, équilibré. Ensuite on ne touche plus à aucun niveau individuel, on ne joue que sur le général pour s’adapter au volume à sonoriser. On tourne les enceintes dans l’autre sens : c’est bon, bougez plus rien et vous approchez pas des boutons !
Forts de cette évidence, c’est galvanisés par l’espoir que nous descendîmes dans l’antre des possibles musicaux. Nous entreprîmes de disposer les instruments comme ils devraient l’être sur scène : la batterie au centre, les cordes et le clavier autour, les voix plutôt devant. L’exiguïté de la pièce nous amena à concéder quelques compromis mineurs au niveau du chant, mais tout fut rapidement en place. On ramena tous les instruments et la batterie sommairement sonorisée sur la console intégrée à la sono, puis les micros sur la table de mixage de Pascou, laquelle attaquait l’une des entrées de la sono laissée libre. Les amplis ne servaient plus que de retour aux guitaristes. On procéda à une balance afin d’équilibrer l’ensemble. Pour la première fois la totalité de notre son passait par l’ampli de scène.
Nous attaquâmes.
Dire que c’était bon travestirait la réalité. En fait ce son plus parcimonieux nous surprit, nous déconcerta. La batterie paradoxalement était moins présente, et la baisse du niveau sonore mit en relief des défauts multiples qui jusque là étaient noyés dans le bruit de fond ambiant. N’entendant pas les percussions, nous ne jouions pas en rythme, et nous passâmes la séance à régler tel ou tel instrument. Finalement un peu comme d'gabitude. De mon coté je tentai d’autres intonations de voix, montai ou baissai mon son sur les indications de tel ou tel, passai devant, puis me glissai de coté, faisant des exercices d’articulation avec des résultats discutables qui m’exaspérèrent, tout cela en tentant de faire fonctionner l’enregistreur numérique et ses problèmes de carte mémoire, ce qui acheva de me précipiter dans la dépression.
D’une manière générale nous ne nous trouvâmes pas bons. Il n’y avait pas d’enthousiasme, pas de souffle, c’était plat et terne, sans passion. Il y avait de la morosité dans l’air. Nous n’étions pas à l’unisson.
Résultat décevant pour conclure. Cependant je crois qu’il faut en passer par là, et que nous prenons le bon virage. Nous savons que nous pouvons désormais fabriquer un produit correct, maintenant il nous faut travailler sur l’emballage, l’enveloppe sonore. C’est elle qui sera le vecteur de notre succès ou de nos échecs assurés. Il y aura encore des déceptions, des colères. Et la technologie complexe du son n’aura de cesse de mettre des embûches tout au long de notre parcours. Saloperie de technique. Je ne comprends pas pourquoi dans l’industrie du son, n’a pas émergé un petit génie qui aurait planché sur un dispositif simple, fiable, pratique et LEGER, comme en son temps Steve Jobs l’a fait avec son Macintosh, révolutionnant à jamais l’informatique.
Steve Jobs, qui avec son compère Wozniak, a construit son premier Apple dans un Garage. Apple, dont le nom a été choisi en hommage au premier label des Beatles. Nous, nous préférons les Stones, mais on a déjà le son garage.
mardi 9 juin 2009
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8 commentaires:
mitch tu es en période pré-depressive, une seule solution à ton problème avec deux avantages :
allonges toi sur le canapé et demande à Odile de te faire une bonne pipe.
1er avantage : lors de la phase finale tu pousseras quelques petits cris qui te permettrons de positionner ta voix
2eme avantage : Odile, elle, aura l'avantage de s'éclaircir la voix au moyen des sels minéraux, potassium etc...
bonne thérapie et à demain soir
Monsieur BIP
Elle mord dans la "phase finale"?
P.
c'est pas d'aujourd'hui que le coté pragmatique de jesou me saute aus yeux.
il a toujours su en quelques phrases bien senties mettre les points sur les zi
Une fois encore, il detient surement la verité
Me sentant moi aussi dans une phase pré-depressive,pense-tu mitch, qu'odile pourrait m'appliquer cette therapie suggerée par fabrous qui devrait, j'en suis convaincu me faire le plus grand bien a la fois au moral mais aussi redonner un tonus extraordinaire à mon membre actif?
Si j'ai bien compris le doute ta bite
rassure toi, tu n'es pas le seul a te poser des questions
Mais les plus grands ne s'en sont -ils pas posés eux aussi, et meme, n'est-ce pas la difference entre de simples amateurs et ceux qui ont su franchir le palier de la notorieté
LE REGARD DES AUTRES? on s'en fout!
il est ou le plaisir? dans la dithyrambe subjective? dans la critique jalouse OU DANS NOTRE PROPRE APPRECIATION?
Je n'ai que faire des jugements d'ignorants incultes(et ce n'est pas un pleonasme)
on joue, ou on chante, pour soi avant tout,pour se dire qu'apres tout on est capable de vivre cette histoire.
mais cette histoire on l'ecrit autant dans les bonnes repètes que dans les mauvaises
Tu te demande si tu es un bon chanteur?
moi, je ne me demande pas si je suis un bon bassiste,
Je sais! que je n'en suis pas un!
Mais , le mercredi,MOI, je ne regarde pas la télé, je fais de la musique,c'est peut etre de la musique de merde, mais c'est la mienne et finalement j'en suis plutot fier!
Pas d'impressions mitigées lors de notre dernier concert,juste une heure de pur bonheur!
les spectateurs n'etaient pas attentifs,leurs regards etaient moqueurs? j'en ai rien a battre!
Moi j'ai tapé sur mes cordes, j'ai fait plein de bruit,et j'ai fermé les yeux!
Le reste n'a pas d'importance.
prends ton plaisir quand tu en a l'occasion,n'attends pas que les autres te le donne,ou tu sera toujours deçu.
En parlant d'occasion de prendre du plaisir, s'il reste un petit créneau à Odile pour une "bricole" salvatrice ..
P.
et les filles en periode de dépression avancée on à quoi au programme ?
nona
Voir plus haut: "sels minéraux et potassium.."
P.
ouai bof je ne sais pas ce qu en pense dame odile mais pour ma part j'espérais mieux.
ben tant pis , si c'est comme ça je continue ma déprime
nona
nona , elle n'est pas joueuse.
P.
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