Odile me reçoit dans son salon, une vaste pièce aux murs chaulés de jaune. Elle se tient sur l’un des fauteuils voltaire recouverts de tissus tendance. Je suis assis sur l’un des deux magnifiques canapés de cuir rouge. Dans la cheminée, un feu crépite joyeusement. L’ambiance est cosy, mais je sens la choriste des UFR un peu sur la défensive. Il est vrai que c’est la première membre du groupe à se prêter à l’exercice.Bon, Michel, tu as un quart d’heure, alors il va falloir faire fissa. On y va, ce qui est fait n’est plus à faire : Go !
Je lui tends mon micro :
M : De quel évènement rapproches-tu ton année de naissance ?
O : je la rapproche du lancement du premier spoutnick, bon, je ne sais pas si c’était le premier ou le deuxième… ce n’était pas très loin de la guerre d’Algérie non plus d’ailleurs.
M : c’est tout ?
O : On ne va pas en faire un roman non plus !
M : Peux-tu nous raconter une anecdote de ton enfance ?
O : Alors oui on était chez mes grands parents, je devais avoir cinq ans, euh non je n’avais pas cinq ans, parce que lui devait avoir neuf mois, il était à l’étage dans la chambre. Il n’arrêtait pas de hurler, moi j’essayais de faire la sieste, et au bout d’un moment j’en ai eu marre, je me suis levée, et (rire) je lui ai mordu un doigt. J’ai laissé mes empreintes, et je suis vite allée me coucher dans mon lit. Forcément il a beuglé, ma mère et ma grand-mère sont montées à l’étage en se demandant ce qui se passait et évidemment, il y avait les marques de mes dents sur son doigt. Donc j’ai été découverte de suite !
M : Parle nous de ton premier 33 tour a-t-il été acheté ou volé d’ailleurs?
O : Alors je n’ai jamais volé de disque, et d’ailleurs je n’ai jamais rien volé, sinon j’avais tellement la trouille de mes parents et surtout de mon père, que je pense que j’aurais fini au pain sec et à l’eau pendant au moins un mois. Donc, qu’on se le dise !
D’autre part mon premier 33 tours, je n’en ai vraiment aucune idée comme ça, mais je sais que j’ai acheté pas mal de disque de Cat Stevens, de Deep Purple, et de Santana après.
M : Quel a été ton premier contact avec un instrument ? (rires).
Euh, je ne sais pas ce que tu entends par « premier contact avec un instrument » il faudrait peut-être affiner la question.
M : Un instrument de musique.
O : Ah, de musique. Ecoutes, à part la flûte en cinquième ou en sixième, à l’école, franchement je n’ai pas vraiment approché un instrument de musique de façon très très très proche.
M : Tu n’as pas fait de la guitare, comme tout le monde ?
O : Euh, non, non. Ma mère voulait que je fasse du piano, je voulais faire de la danse, et (rires) je n’ai fait ni piano ni danse. Voilà !
M : Donc je ne peux pas te demander si Ca t’a aidé pour emballer des garçons, mais peut-être as-tu rencontré des garçons qui jouaient d’un instrument ?
O : Non, pas vraiment.
M : Donc ça ne t’a pas été d’une aide capitale pour …
O : Non… Pour rien ! On peut sauter à la question suivante.
M : As-tu des influences, des références musicales ?
O : Comme tout un chacun, les Beatles, les Rolling Stones. La base, hein ?
M : Julien Clerc ?
O : Julien Clerc c’est après. Mais d’abord Cat Stevens forcément, Cat Stevens, et puis aussi Cat Stevens ! (sourire). Et puis alors après, il y a quand même Louis Armstrong avec « What a wonderful World » et puis un peu Aretha Franklin et compagnie. (silence) Mais pas quand elle a chanté pour Obama. Là je ne l’ai pas reconnue.
M : Il est vrai que depuis qu’elle est avec Sean Connerie..
O : oui, c’est plus la même ! (rires)
M : Plutôt Eddy Michell ou Dick Rivers ?
O : Ahhh, plutôt Eddie Mitchel, à cause du cimetière des éléphants, entre autres, et d’autres chansons que j’ai trouvées très très belles. Par contre j’ai l’impression qu’il a l’air un peu con, sorti de ses chansons. Dick, est peut être plus cultivé musicalement parlant. En fait je n’en sais rien, je ne les connais ni l’un ni l’autre. Mais plutôt Eddie Mitchel.
M : : Penses tu que les UFR soient un boys band ?
O : Alors, là non, ce n’est pas un boys band du tout parce que je suis désolé il y a deux filles. Donc, ce n’est pas un boys band.
M : C’est plutôt un boys and girls band alors ?
O : rire, voila, oui si tu veux. En fait un band tout court ! Mais des fois, même (elle hésite) non, je n’en dirai pas plus.
M : Comment travailles-tu, quelles sont tes sources d’inspiration, as-tu des habitudes, des rituels avant de travailler ? (je ris, et me mets à tousser).
O : Tu peux répéter ta question car tu n’arrêtes pas de cracher dans le microphone. Elles deviennent inaudibles tes questions (rires). Mais pour répondre à ta question, je travaille totalement à l’instinct, si tu veux. Pas d’école rien, car ça tue…
M : … la spontanéité ?
O : Voilà, moi je joue sur la spontanéité. Certains jours c’est plus ou moins agréable à écouter, mais au moins tu n’a pas à faire des vocalises pendant trois ans. Non, rien que la spontanéité !
M : Pour toi qu’est ce qui est le plus important, le studio ou la scène ?
O : Ah, ben la scène évidemment ! Parce que quand je suis en studio, je suis très contactée. Par contre quand j’arrive en scène, alors là, c’est la relaxation totale. Et puis la foule en délire devant toi, débridée et tout. Non : c’est la scène avant tout. D’ailleurs on va shunter le studio, et dorénavant on ne va faire que de la scène. D’accord ?
M : En concert préfères tu les petites ou les grandes salles ?
Eh bien je préfère les petites salles, elles sont plus intimistes. Dans les grandes salles les gens sont à trois kilomètres de toi, tu ne les vois pas. Dans les petites salles tu peux leur parler, tu peux leur toucher la main. La petite salle c’est mieux !
M : Ca m’amène à la deuxième question…
O : Ah bon ? Je croyais que c’était la vingt et unième, de question !
M : En concert préfères tu les petites ou les grand(e)s fans ?
O : (ironique) le fan à grosse quéquette bien sûr !
M : Préfères tu jouer des reprises ou des compos ?
Ca dépend des jours.Ca dépend si les garçons en sont à deux, trois ou quatre whiskys ! A partir de cinq, le Pascou ne peut plus rien jouer. Il parait que des fois pour notre ami Pierre ce n’est pas évident, mais je n’étais pas là ces jours là, je ne peux pas juger. En fait j’aime bien les deux.
M : C'est-à-dire ? Pierre et Pascou ?
O : Voilà ! Mais comme dirait Carla Bruni, dans les guignol de l’info.. « Mais j’aime bien aussi Phil le Carré, et notre idole à tous Jésou car il a la science infuse de la guitare».
M : Raconte-nous un moment de pied total au sein des UFR.
O : là tout d’un coup je reste sans voix. Je ne sais pas. Coupe je vais chercher.
M : je coupe l’enregistrement afin de lui permettre de se concentrer. Il y a tant de moments qu’elle a du mal à en choisir un en particulier. Puis je rebranche l’appareil, prêt à recueillir ses propos :
O : C’est une excellente question, peut-on passer à la suivante ?
M : Raconte-nous ton pire moment dans le cadre du groupe.
O : mon pire moment, je peux le dire quand même, je ne pense pas avoir été la seule dans ce cas là : Mon pire moment a été l’année dernière pour la féria à la bodega de Mathieu D. que nous ne nommerons pas plus. Il se reconnaîtra. Et nous aussi ! Surtout le deuxième soir. Et là j’ai touché le fond, j’aurais presque pleuré. J’étais au bord de la crise de nerfs.
M : Penses tu qu’on puisse jouer à l’eau claire ?
O : Ecoute, oui. Moi je joue à l’eau claire tout le temps. Je joue de mon organe à l’eau claire tout le temps. Je pense que c’est possible. Avec beaucoup de concentration ça doit se faire.
M : Te considères-tu comme un(e) artiste ?
O : Ah ben oui, je veux mon neveu ! Je suis une grande artiste même, l’artiste qui est derrière, qui est là pour soutenir les grands artistes qui sont devant. Oui, je suis une artiste ! (rires).
M : L’amitié, est-ce un moteur ou un frein dans un groupe de rock ?
O : (Elle se répète la question à haute voix). Alors, je pense franchement qu’au départ c’est un moteur, et que par la suite ça peut être un frein, ou vice versa.
M : Vous chantez la vieillesse, les années qui passent, la fatigue, le spleen et les illusions perdues, souhaitez vous poursuivre dans le rock gériatrique et dépressif ; voudriez vous aborder d’autres thèmes ?
O : Oui, moi j’aimerais bien aborder le thème des chansons enfantines, style « au clair de la lune ou «à la claire fontaine m’en allant promener» des trucs comme ça qui sont bien teigneux. Au stade où on en est, on peut aborder ces thèmes là.
M : Quel est celui des membres du groupe que tu détestes le plus ?
O : Tous !
M : Es-tu superstitieuse, as-tu un rituel avant de jouer en répète ou en concert ?
O : je ne suis pas vraiment superstitieuse, je ne vois pas pourquoi je le serais. Parce qu’au sommet de cet art qui est le notre, on n’est plus superstitieux. Pour les rituels, trois rhum coca avant de monter sur scène, et c’est bon.
M : N’est-ce pas contradictoire avec ta réponse sur l’eau claire ?
O : Oui mais le problème, c’est que dans ces cas là, ils me poussent à boire. Moi je ne veux pas. Mais ce sont eux. Eux ce sont des soulographes invétérés. Ils veulent que je sois en phase avec eux donc ils me poussent et je suis obligée.
M : A ton avis, laquelle de tes qualités est indispensable au groupe ?
O : Aucune (rires) Aucune !
M : Comment vois tu le groupe dans 8 ans quand il fêtera son jubilée?
O : Plus vieux de huit ans.
M : Enfin, tu as quartier libre pour déverser ton venin, défoule-toi on est prêt à tout lire !
O : Là il va falloir que je réfléchisse un petit peu. Reviens dans cinq minutes, je te dirai.
M : je suis revenu dans cinq minutes, Odile n’était plus là. Fin de l’interview.
jeudi 19 février 2009
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6 commentaires:
0 commentaire ?!
oui, après la loghorrée fébrile de ces derniers jours, on sent que chacun reprend son souffle avant de se relancer dans la bataille !
A titre perso, j'aime bien l'interview de la choriste. sous des airs de ne pas y toucher, en maniant la dérision, elle dit des choses assez essentielles sur le groupe, si on sait lire entre les lignes, et qui rejoindraient certains avis de fans. quand on en avait encore. sourire.
Mitch, Ze t'attends, toi !
Z
Mitch, Ze t'attends, toi !
Z
non seulement elle zozotte, mais en plus elle est bégue !
non j'déconne ! Valérie t'es charmante !
kéké
A toutes fins utiles : je note un soucis sur l'accès au blog, quand on y accède par le www.undertakers etc.. on n'affiche plus les articles.
par contre si on enlève les www, ça fonctionne correctement.
mystères de l'internet...
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