« Lolo, Si tu te baisses de ton coté, moi du mien je pourrai te monter ! »
J'étais en train de trafiquer dans mon road book, passant en revue les différents titres de notre sélection rock. Je n'étais pas très attentif au capharnaüm environnant, et pourtant là, je relevai la tête.
Il faut dire que la soirée avait déjà été riche en évènements. Après avoir cueilli Lololalolo chez elle et fait la bise au père modèle de son fils Toto, nous étions arrivés chez les Fabre dans une cuisine en pleine effervescence (ce qui avait un certain cachet). Evitant de justesse un bond prodigieux de la lévrière des Carpates, et une glissade pataude d'un Nino blasé, manquant d'écraser le chat, j'opérai un rétablissement après un rapide salto arrière devant Sylvie afin de lui faire la bise tandis qu’elle me tendait une tasse de café fumant en un geste parfait de coordination.
La table était difficilement accessible, la foule des grands jours étant rassemblée autour. Jésou m'accueillit avec un mutisme bon enfant, ne s'exprimant que par mimiques et gestes. Tout d'abord je ne compris pas, et puis tout s'éclaira : il avait décidé d'observer une minute de silence par solidarité, à la suite des rires dont j'avais été l'objet au cours de la séance précédente.
Puis Bruno sortit d'un sac un document que venait de lui donner son professeur de guitare. Il apparut de ses explications enthousiastes mais un peu désordonnées, d'autant qu’elles avaient tendance à se noyer un peu dans le brouhaha général, que c'était là l'affiche de « notre » spectacles à Sainte Anastasie.
Le silence se fit, religieux. Sur la page, dissimulé dans le tiers inférieur, au milieu d'un fouillis d'information jetées en vrac en une typographie brouillonne, qui me fit penser que parfois il est bon de ne pas se passer des services d'un bon imprimeur, figurait le nom de notre groupe. (Voir message précédent).Avec les précautions d'un moine qui aurait retrouvé le parchemin perdu de l'évangile selon Jésus, nous le passâmes de mains en mains, certains se signant respectueusement, d'autres le caressant puis portant les doigts à leurs lèvres d'un geste craintif ainsi que le prêtre baise l’étole avant que de s’en ceindre.
La consécration, enfin. Nous n'étions pas encore en haut de l'affiche, mais au moins nous figurions dessus, entre les violons celtes et le saxo en folie.
S'ensuivit une descente euphorique à la salle Jim Morrison où des changements nous attendaient. En effet l'imposant bodybuilder qui encombrait un bon tiers de la pièce avait été déménagé, laissant une place libre pour les claviers de Lolo. Mais bien sûr, étant une femme, il était évident que cet emplacement n'aurait su lui convenir. Nous dûmes donc satisfaire à ses exigences en opérant une noria de matériels divers et variés encombrés de câbles enchevêtrés, qui se transforma rapidement en une monstrueuse mêlée ouverte avant que notre encadreuse ne détermine le bon positionnement de ses synthétiseurs. Je la soupçonne d’être une adepte de la géomancie chinoise et d’avoir voulu ainsi positionner son matériel selon une orientation est-ouest afin que des auspices favorables étendent leurs bienfaits dessus et que les premiers rayons du soleil de mars s’y posent, dans leur course céleste de ce début de printemps.
Non contente de cela, une fois qu'elle eût trouvé sa place, nous dûmes de nouveau la déplacer car le câble qu'elle s'était procuré afin d’animer la bête nipponne était trop court. Puis nous subîmes une longue et pénible séance de réglage de son bazar baissant le son sur le clavier, augmentant le volume sur l'ampli, trafiquant ici, adaptant là... d'où le rappel à la phrase liminaire du présent billet : « Lolo, Si tu te baisses (le son) de ton coté, moi du mien je pourrai te monter (le son) ! »
Au passage un petit aparté : Lolo contribue avec bonheur aux arrangements des compos perso ; cependant tout bien observé, Lolo cantonne son jeu à l'octave du milieu, délaissant par là-même une grande partie de son instrument. Peut-être serait-il avantageux, pour gagner de la place, et aussi pour augmenter la portabilité de son encombrant machin, ceci dans une approche écologique qui nous est chère, de trouver un mini-clavier qui ne comporterait que sept touches (un piano heptaclave*). On a bien pensé à attaquer l'objet à la scie sauteuse, ce qui aurait élégamment résolu le problème, mais notre pianiste n'était pas chaude.
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Un premier marathon nous permit de retrouver les bonnes sensations. Coincé entre une planche d'aggloméré, la baffle de la sono et la boite de Lego (dans laquelle Jésou, perfide, m’accusa de dissimuler une bouteille personnelle), je pus tout de même honorablement tenir ma place, d'autant qu'à chacune de mes prestations mes amis musiciens ne manquaient pas de me manifester leur soutien par des applaudissement et des vivats qui me firent chaud au cœur de par leur évidente sincérité. Après les déchaînements de rires de la séance précédente, cet élans spontané de solidarité était très rafraîchissant.
Mais c'est le deuxième marathon, effectué un peu à contrecœur à la demande de Pierre vers 23h après la dernière pause qui nous donna le plus de satisfaction. Nous effectuâmes ce tour dans des conditions exceptionnelles, tant chacun produisit son effort avec concentration. Nous étions en phase, tout semblait fluide et facile, avec un son parfait. Nous-nous regardions, et dans les yeux de chacun, je pouvais lire que c'était probablement la meilleure répétition que nous ayons jamais faite.
L’accord Parfait.
Extrait du dictionnaire Gallica Français-Latin
*Pour composer ce néologisme, j’ai utilisé la racine « hepta » : comme dans heptathlon. Et puis ensuite j’ai recherché quelque chose pour « touche ». J’ai trouvé « tactum » qui traduit l’action de toucher. Ce qui donnait un truc du style « heptotactile ». Ca me plaisait moyennement toutefois.. J’ai alors utilisé la racine anglosaxonne : Key, clé. Et la j’ai déniché l’origine « clavis » que l’on retrouve dans clavicule, clavette, clavier, clavecin, et dans autoclave (qui se ferme tout seul), ou enclave, épave, pauvre nave, tu me gaves, d’où : « kéké » où l’on retrouve, abâtardie, la racine « Key ».. Ce qui me conforta dans mon choix.
lundi 10 mars 2008
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10 commentaires:
Merci, merci, merci ! Le premier fou-rire du mois de mars, et peut-être même de l'année !
J'attends le prochain néologisme, et surtout son explication par le menu, avec impatience.
Merci Mitch !
je me suis toujours demandé l'origine de ce joli surname
pauv'naze, va !
keykey
grand moment ce soir, Alexis me fait écouter trés fier, une de ces compositions à la guitare séche, il me dit comment tu trouves, je lui dis c'est génial avec ca on va se faire du fric, je prends la guitare et sur son morceau je chante "Let it be", et oui alexis beau morceau mais trop tard c'est déjà fait
Jésou
bah tu sais, sur le truc de neil youg on peut chanter hotel california et aussi angie.. bon, il sont quand même arrivés à faire trois tubes avec ça !
donc : faut creuser, on ne sait jamais !
garde quand même la mélodie.
samedi j'ai acheté un super tissu gris pour vous faire des photos de stars
le studio est prêt, c'est quand vous voulez...
kéké
on pensait à mercredi soir : y a pas répète. c est bon pour toi ?
c'est bon pour moi, le seul hic, c'est que le studio est dans mon cabinet !
et, là-bas, pas de boisson ambrée, que du pastis fait maison par un patient et de la liqueur de sureau (beurk)
j'ai aussi du limoncello, mais il est réservé aux patientes qui acceptent de poser sexy
cléclé
y faut venir avec nos instruments ?
poun
évidemment et avec le tee-shirt
kéké
bon, alors je vous fais un petit briefing pour savoir ce qu’il va se passer pendant cette séance de pose
c’est pas une photo de groupe, on passe un par un et on ne se moque pas du petit copain qui est devant l’objectif, c’est du sérieux, on n’est pas là pour déconner
tee-shirt noir-fond gris, ça claque au niveau couleur, donc vous pouvez, les garçons, mettre un petit rouge aux lèvres pour donner le look un peu gay qui vous va si bien au teint
tout ce travail, c’est pour faire des cartons pour les dédicaces pour les fans, un peu comme celle de Clara Morgan qu’on a tous conservée religieusement (« pour kéké, tendrement, Clara »... que du bonheur !)
la différence, c’est qu’il ne faudrait peut-être pas, les garçons, mettre de porte-jarretelles (alors que pour les filles, ce serait pas mal, si si, moi ça me plaît bien...)
aprés, pour les dédicaces, c’est votre boulot, mais je peux vous donner des idées :
pour kéké, le plus beau, le plus fort
à pascal, que je l’aime
à la hyène, le roi des bêtes (c’lui là, il est moyen)
et vous avez tout intérêt à devenir très gentils avec la hyène, sous peine de vous retrouver avec un nez de pébron, des boutons plein la tronche ou des oreilles en chou fleur...
kéké
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