Avec ces fêtes, on est un peu dévarié comme on dit par ici. Les jeudis ressemblent à des dimanches et on ne sait plus très bien où se situer dans la semaine.
Ainsi je m’aperçois avec stupeur qu’en ce lundi 29 décembre je n’ai toujours par rempli mon devoir de compte-rendu de la dernière répète, qui s’est d’ailleurs déroulée exceptionnellement un mardi pour cause de réveillon le mercredi 24, en l’absence des membres féminins du groupe. L’une, injoignable, vaquait à ses occupations, l’autre préparait le dîner du lendemain. C’est donc entre hommes que s’est effectué le traditionnel marathon musical nocturne de cette répète de noël.
Une fois de plus en pareille circonstance, nous nous sommes sentis seuls et abandonnés sans « nos femmes » -désemparés serait le mot juste-, et un temps d’adaptation a été nécessaire pour faire le deuil de leur absence. La SJM paraissait bien vide sans elles et nous l’arpentions en large et en large (car elle manque un peu de longueur) comme des âmes en peines.
Une fois notre détresse surmontée nous avons tant bien que mal entamé la session, reprenant un a un les divers morceaux du répertoire.
Afin de rendre un hommage posthume (mais nous l’espérons éphémère) aux dames, nous nous sommes appliqués à une interprétation la plus « propre et carrée » possible, chacun d’entre nous faisant assaut de virtuosité.
Elles auraient été fières de nous ! la prestation fut fort correcte avec parfois des instants de qualité.
……………………………………………………………………….
Alors que je fais une pause tandis que je vous écris, regardant par la fenêtre le paysage éclairée hivernalement aux couleurs froides d’un ciel que le canal perdu de Jacques Brel n’aurait pas renié, j’essais d’extraire de ma mémoire défaillante quelque temps fort dont j’aurais pu développer les instants. Las il ne m’en revient aucun dont l’intérêt soit digne d’être consigné ici.
Si, cependant, en y réfléchissant… Une analogie amusante avec le repas provençal du réveillon de noël s’impose à moi : à l’instar des treize desserts d’icelui, ce sont autant de chansons que nous affichons désormais en routine à notre répertoire. Deux ou trois autres peuvent le cas échéant en compléter la richesse, moyennant quelques petits arrangements avec notre rigueur proverbiale. Il en est d’ailleurs ainsi avec les treize desserts dont la composition varie d’une tradition à l’autre.
Espérons que la digestion des nôtres soit plus aisée que leurs homologues alimentaires !
En poussant la comparaison dans ses derniers retranchements, on aurait pu aussi voir en ce rassemblement de musiciens, une métaphore de la crèche. Autour de Jésou, le bien nommé, on pouvait apercevoir le bœuf, l’âne et le tambourinaire contemplant, extatiques, l’étoile de Bethléem, dont j’ai la modestie d’imaginer que j’aurais pu l’incarner : étoile montante du rock gériatrique, scintillant au firmament de la Scène locale. Mais j’en conviens, ce rapprochement est peut-être un peu alambiqué.
En tous cas, les rois mages, de source sure, seront vraisemblablement au rendez vous ; qui en sus de l’or, la myrrhe et l’encens pourraient apporter à notre tambourinaire quelque satisfaction musicale. Mais je ne peux en dire plus, mes lèvres sont scellées et le dôme du silence doit encore protéger de son enceinte hermétique toute information à ce sujet.
Les artistes sont superstitieux et répugnent à annoncer trop prématurément tel ou tel bonheur futur, je laisserai donc au temps faire son œuvre et vous engage à demeurer fidèles à ces colonnes afin d’en apprendre plus prochainement.
Mardi 30 doit se dérouler la répète de pré-jour-de-l’an à laquelle je ne pourrai hélas assister. En effet tel l’homme-lige, vassal dévoué à son seigneur le Leader Maximo, la sentinelle, le pathfinder comme le nomment nos amis anglais, bravant les intempéries je ferai le chemin menant au Chambon afin d’en reconnaître les dangers en prévision de la venue du groupe en Haute Loire pour le 31. Je pourrai ainsi vérifier que toutes dispositions sont prises afin que chacun bénéficie d’un accueil personnalisé au long de ce court exode festif. Je serai le licteur de l’Imperium, précédant ces hommes de pouvoir que sont devenus la plupart d’entre nous. Je serai chargé de faire appliquer toute décision coercitive grâce au faisceau de verges, attribut de ma fonction, en cas de manquement aux règles de l’hospitalité.
Le licteur précède les magistrats. Et pour une fois l’antique loi rejoint l’actualité puisque j’aurai la mission de préparer la venue de Philou, qui ne pourra monter que mercredi.
Philou, conseiller prud’homal.
Craignez mes verges cinglantes, et ma hache tranchantes, craignez son courroux si la perfection n'est pas au rendez-vous
Pour en savoir plus sur les licteurs, et leur relation avec le fascisme, je vous renvois à ce passionnant article
lundi 29 décembre 2008
mercredi 24 décembre 2008
le Merveilleux Esprit de Noël
Préparons, ou prolongeons cet instant mâgique, en regardant ces jolies images de Noêl, que vous pourrez découper et accrocher aux branches du sapin traditionnel, au milieu de la famille rassemblée...
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mardi 23 décembre 2008
En Attendant Noël 8
Avec le recul, je pense avoir été injuste avec Pierrot. Je fais amande honorable, le voici en Rocker. Quand il jouera sur scène pour le Noël du 20ème annniversaire des Fossoyeurs. Toujours aussi beau, et pêchu, le Guitar Hero.
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l'Humilité du Ténor
J’écoute tous les soirs France Inter, en rentrant du travail, dans ma studiomobile 107. Notamment une émission d’Yves Calvi, qui s’appelle Nonobstant. C’est un moment passionnant car très souvent il donne la parole à des artistes de toutes expressions. Yves Calvi est intéressé par les motivations de l’invité, mais aussi par des détails très pragmatiques : comment on compose, comment on écrit ou dirige, comment se façonne l’expression artistique quelle qu’elle soit, en bref comment se fabrique l’œuvre ou l’interprétation, et quels sont les ressorts de leur genèse et les difficultés qui ont accompagné leur conception.
Ainsi ai-je suivi avec passion les interviews de Patricia Petitbon et Roberto Alagna. Deux chanteurs lyriques. Je me suis surpris à ralentir afin de mieux entendre et de pouvoir suivre l’entretien jusqu’au bout. Ils font partie de cette catégorie d’interprètes qui n’érigent pas leur art en oriflamme, ni leur personne en Icône, et ont su garder une simplicité rafraîchissante. Bien loin des mondanités et des propos convenus d’une certaine catégorie de saltimbanques élitistes, ils savent retranscrire en paroles simple ce qu’ils ressentent et le partagent sans circonlocutions superfétatoires à type flyfucking. En bref : on comprend ce qu’ils racontent dans le poste !
A quelques semaines de distance ces deux monstres sacrés du Répertoire ont le même regard passionné, humble et presque émerveillé sur leur travail et leur parcourt. Ce qui m’a frappé c’est, en tant que solistes, leur analyse du travail en groupe. Pour eux c’est un bonheur, ils n’envisageraient pas de travailler hors de la présence chaleureuse de l’orchestre. Patricia, à qui Calvi demandait si pour elle l’orchestre était un ami ou un ennemi, a répondu que ce dernier était, définitivement, un ami. Elle n’adore rien tant que jouer au milieu de celui-ci et partager ce qu’elle considère comme une communion. Peu de conflits, un bonheur toujours. Elle a un commentaire amusant concernant la cohabitation avec les musiciens. Elle dit : Parfois, l’orchestre, emporté par sa fougue, joue trop fort. Il ne faut pas oublier, poursuit-elle malicieuse, que nous ne sommes pas sonorisés. Une voix, même celle d’une cantatrice est incapable de lutter contre le flot de décibels que peut dégager un orchestre. Alors quand je vois que je ne m’entends plus, je ne m’énerve pas. Je joue de moins en moins fort. Je ne me fais pas violence, je ne fais pas violence à ma voix. Au bout d’un moment l’orchestre comprend, et joue plus doucement. J’ai aimé cette modestie, et cette sérénité, et cette approche simplissime. Pas de caprices de Diva, du simple bon sens.
Alagna, interrogé de même sur ses rapports avec l’orchestre, explique qu’en tant que chanteur, son but est de servir le texte, et qu’il a pour unique préoccupation que les paroles restent compréhensibles. Pas de ton emphatique, un style minimaliste, qui d’ailleurs fait école, en rupture totale avec les ténors d’antan. Juste faire passer le texte et l’émotion. Et puis parfois on perçoit que l’orchestre, ce qui est compréhensible, joue pour la performance, le morceau de bravoure. Il a tendance à s’emballer. Lui aussi a envie de se faire plaisir et oublie le chanteur. Alors il faut le recentrer sur le fait qu’il joue pour le public, qui doit comprendre l’interprète. L’orchestre est l’écrin, la voix en est le bijou, formule-t-il élégamment. Puisque après tout, s’il y a un chanteur c’est pour faire passer un message. Autant que les gens le reçoivent de manière intelligible.
J’aime assez ces paroles de bon sens.
Mais surtout j'ai été surpris de constater que parvenus à ce niveau de talent, d'expertise, de notoriété, ces deux artistes aient les mêmes préoccupations que moi, à savoir "est-ce qu'on m'entend ? Quelle est ma place dans l'orchestre ? en suis-je un membre, ou bien suis-je extérieur à celui-ci ? et puis au delà de ça, que représente l'orchestre : une entité, un tout supérieur à la somme de ses parties, ou bien un ensemble d'individualités ?" A cette dernière question tous deux répondent catégoriquement que l'orchestre est un organisme vivant, qui a son identité propre, une couleur qui se reconnaît entre mille.
Je faisais tourner ces idées dans ma tête en allant ce dernier mercredi au studio Morrison. En mon fort intérieur je me disais en souriant que si je tentais d’expliquer ces choses simples, mais teintées du regard de l’interprète, je me ferais renvoyer dans mes cordes. "Joue avec une plume dans le cul m'aurait dit Jésou, ça te soulagera !"
Après tout je sais bien que si le Band joue fort, c’est dans l’unique but qu’on n’entende pas trop ma voix. De même que le cuisinier cherche à napper de sauce le produit pas trop frais afin d’en masquer le goût. Il ne le fait pas de gaîté de cœur, ni dans le but de se faire plaisir, mais simplement pour sauver ce qui peut l’être. Par bonté d’âme, par charité chrétienne. Après tout, la solution la plus radicale aurait été tout simplement de me virer et de prendre un vrai chanteur. Ça n’est pas ça qui manque. Mais on est des amis, et ils font avec ce qu’ils ont.
Et je leur suis reconnaissant pour cette sollicitude. D’ailleurs si au début j’avais du mal à « dealer » avec cette réalité, désormais j’ai acquis une certaine philosophie. L’orchestre est mon ami. Je ne lutte plus contre lui. Je fais selon mes capacités. Et puis, contrairement à l’opéra, où la compréhension du texte est primordiale pour suivre l’action souvent complexe de situations antiques et alambiquées ou l’invraisemblable le dispute à l’outrance, nos textes n’ont pas un intérêt suffisant pour qu’on cherche à les comprendre. Surtout dans un contexte rock. Après tout, qui se soucie de ce que raconte Proud Mary ? Ce n’est pas du Bob Dylan. Et encore, CCR c’est du texte classique à coté de Status Quo. Et je ne parle même pas de nos propres productions littéraires !
Ça m’évoque par association d’idée la première partie du concert des SQ : Michael Jones. On ne l’entendait pas. Qui s’en souciait (à part moi) ? De toute façon l’ensemble était mauvais.
C’est fort de ces réflexions apaisantes que je me suis plongé dans l’univers sonore des UFR. Nous avons passé avec un plaisir sans cesse renouvelé notre répertoire en revue, progressant dans nos nouvelles compos, consolidant les vieilles, et rafraîchissant les reprises.
Je regardais Odile à coté de moi, pliée de douleurs auriculaires, sa voix ballottée par les flots jaillissants des watts impétueux dont l’intensité augmentait à mesure que la séance progressait. J’avais de la peine pour elle : Elle n’avait pas écouté Yves Calvi, elle n’avait pas atteint la sérénité qui permet d’entendre la musique des sphères par delà le brouhaha de hall de gare, ni acquis l’humilité nécessaire à un apaisement salvateur dans une ambiance tourmentée. Elle est encore dans l’illusion que le chant puisse avoir une quelconque importance pour les rockers.
Moi j’ai atteint la sagesse. Je fais mon petit truc, je m’abstrais, je m’extrais, je feins, je m’efface, j’esquive, je me mets entre parenthèses. Je me laisse porter, je plie, je me glisse entre deux riffs, entre deux relances, je profite des opportunités qui se présentent, récupérant sous les ponts musicaux, j’évite le son, je l’occulte, je le trie et le sélectionne, n’en retiens que la partie qui me plaît. Je ne l’affronte plus, je le contourne, je prends appuis, je me sers de sa force, Je ne force pas. Je suis bien. Je ne suis pas en souffrance, j’ai intégré les watts, ils s’écoulent à travers mon corps, fluides, ils le traversent, le font rentrer en résonance. Il vibre à l’unisson, je ressens les harmoniques, le boutoir puissant de la basse, les pulsations rassurantes des drums. Sur les berges du fleuve, le long des accords liquides du piano, l’écoulement des cordes de la rythmique, et les cascades bouillonnantes du solo, je participe à l’infini des possibles musicaux. Au bord de l’horizon des évènements, là où un gigantesque trou noir dont la guitare de Pierrot est le centre absorbe et piège les ondes sonores, puis les recrache en un maelström de fréquences hystériques, Jim Morrison se tient à coté de moi et tournant son visage me dit : C’est bien.
Le Groupe est mon ami.
Ainsi ai-je suivi avec passion les interviews de Patricia Petitbon et Roberto Alagna. Deux chanteurs lyriques. Je me suis surpris à ralentir afin de mieux entendre et de pouvoir suivre l’entretien jusqu’au bout. Ils font partie de cette catégorie d’interprètes qui n’érigent pas leur art en oriflamme, ni leur personne en Icône, et ont su garder une simplicité rafraîchissante. Bien loin des mondanités et des propos convenus d’une certaine catégorie de saltimbanques élitistes, ils savent retranscrire en paroles simple ce qu’ils ressentent et le partagent sans circonlocutions superfétatoires à type flyfucking. En bref : on comprend ce qu’ils racontent dans le poste !
A quelques semaines de distance ces deux monstres sacrés du Répertoire ont le même regard passionné, humble et presque émerveillé sur leur travail et leur parcourt. Ce qui m’a frappé c’est, en tant que solistes, leur analyse du travail en groupe. Pour eux c’est un bonheur, ils n’envisageraient pas de travailler hors de la présence chaleureuse de l’orchestre. Patricia, à qui Calvi demandait si pour elle l’orchestre était un ami ou un ennemi, a répondu que ce dernier était, définitivement, un ami. Elle n’adore rien tant que jouer au milieu de celui-ci et partager ce qu’elle considère comme une communion. Peu de conflits, un bonheur toujours. Elle a un commentaire amusant concernant la cohabitation avec les musiciens. Elle dit : Parfois, l’orchestre, emporté par sa fougue, joue trop fort. Il ne faut pas oublier, poursuit-elle malicieuse, que nous ne sommes pas sonorisés. Une voix, même celle d’une cantatrice est incapable de lutter contre le flot de décibels que peut dégager un orchestre. Alors quand je vois que je ne m’entends plus, je ne m’énerve pas. Je joue de moins en moins fort. Je ne me fais pas violence, je ne fais pas violence à ma voix. Au bout d’un moment l’orchestre comprend, et joue plus doucement. J’ai aimé cette modestie, et cette sérénité, et cette approche simplissime. Pas de caprices de Diva, du simple bon sens.
Alagna, interrogé de même sur ses rapports avec l’orchestre, explique qu’en tant que chanteur, son but est de servir le texte, et qu’il a pour unique préoccupation que les paroles restent compréhensibles. Pas de ton emphatique, un style minimaliste, qui d’ailleurs fait école, en rupture totale avec les ténors d’antan. Juste faire passer le texte et l’émotion. Et puis parfois on perçoit que l’orchestre, ce qui est compréhensible, joue pour la performance, le morceau de bravoure. Il a tendance à s’emballer. Lui aussi a envie de se faire plaisir et oublie le chanteur. Alors il faut le recentrer sur le fait qu’il joue pour le public, qui doit comprendre l’interprète. L’orchestre est l’écrin, la voix en est le bijou, formule-t-il élégamment. Puisque après tout, s’il y a un chanteur c’est pour faire passer un message. Autant que les gens le reçoivent de manière intelligible.
J’aime assez ces paroles de bon sens.
Mais surtout j'ai été surpris de constater que parvenus à ce niveau de talent, d'expertise, de notoriété, ces deux artistes aient les mêmes préoccupations que moi, à savoir "est-ce qu'on m'entend ? Quelle est ma place dans l'orchestre ? en suis-je un membre, ou bien suis-je extérieur à celui-ci ? et puis au delà de ça, que représente l'orchestre : une entité, un tout supérieur à la somme de ses parties, ou bien un ensemble d'individualités ?" A cette dernière question tous deux répondent catégoriquement que l'orchestre est un organisme vivant, qui a son identité propre, une couleur qui se reconnaît entre mille.
Je faisais tourner ces idées dans ma tête en allant ce dernier mercredi au studio Morrison. En mon fort intérieur je me disais en souriant que si je tentais d’expliquer ces choses simples, mais teintées du regard de l’interprète, je me ferais renvoyer dans mes cordes. "Joue avec une plume dans le cul m'aurait dit Jésou, ça te soulagera !"
Après tout je sais bien que si le Band joue fort, c’est dans l’unique but qu’on n’entende pas trop ma voix. De même que le cuisinier cherche à napper de sauce le produit pas trop frais afin d’en masquer le goût. Il ne le fait pas de gaîté de cœur, ni dans le but de se faire plaisir, mais simplement pour sauver ce qui peut l’être. Par bonté d’âme, par charité chrétienne. Après tout, la solution la plus radicale aurait été tout simplement de me virer et de prendre un vrai chanteur. Ça n’est pas ça qui manque. Mais on est des amis, et ils font avec ce qu’ils ont.
Et je leur suis reconnaissant pour cette sollicitude. D’ailleurs si au début j’avais du mal à « dealer » avec cette réalité, désormais j’ai acquis une certaine philosophie. L’orchestre est mon ami. Je ne lutte plus contre lui. Je fais selon mes capacités. Et puis, contrairement à l’opéra, où la compréhension du texte est primordiale pour suivre l’action souvent complexe de situations antiques et alambiquées ou l’invraisemblable le dispute à l’outrance, nos textes n’ont pas un intérêt suffisant pour qu’on cherche à les comprendre. Surtout dans un contexte rock. Après tout, qui se soucie de ce que raconte Proud Mary ? Ce n’est pas du Bob Dylan. Et encore, CCR c’est du texte classique à coté de Status Quo. Et je ne parle même pas de nos propres productions littéraires !
Ça m’évoque par association d’idée la première partie du concert des SQ : Michael Jones. On ne l’entendait pas. Qui s’en souciait (à part moi) ? De toute façon l’ensemble était mauvais.
C’est fort de ces réflexions apaisantes que je me suis plongé dans l’univers sonore des UFR. Nous avons passé avec un plaisir sans cesse renouvelé notre répertoire en revue, progressant dans nos nouvelles compos, consolidant les vieilles, et rafraîchissant les reprises.
Je regardais Odile à coté de moi, pliée de douleurs auriculaires, sa voix ballottée par les flots jaillissants des watts impétueux dont l’intensité augmentait à mesure que la séance progressait. J’avais de la peine pour elle : Elle n’avait pas écouté Yves Calvi, elle n’avait pas atteint la sérénité qui permet d’entendre la musique des sphères par delà le brouhaha de hall de gare, ni acquis l’humilité nécessaire à un apaisement salvateur dans une ambiance tourmentée. Elle est encore dans l’illusion que le chant puisse avoir une quelconque importance pour les rockers.
Moi j’ai atteint la sagesse. Je fais mon petit truc, je m’abstrais, je m’extrais, je feins, je m’efface, j’esquive, je me mets entre parenthèses. Je me laisse porter, je plie, je me glisse entre deux riffs, entre deux relances, je profite des opportunités qui se présentent, récupérant sous les ponts musicaux, j’évite le son, je l’occulte, je le trie et le sélectionne, n’en retiens que la partie qui me plaît. Je ne l’affronte plus, je le contourne, je prends appuis, je me sers de sa force, Je ne force pas. Je suis bien. Je ne suis pas en souffrance, j’ai intégré les watts, ils s’écoulent à travers mon corps, fluides, ils le traversent, le font rentrer en résonance. Il vibre à l’unisson, je ressens les harmoniques, le boutoir puissant de la basse, les pulsations rassurantes des drums. Sur les berges du fleuve, le long des accords liquides du piano, l’écoulement des cordes de la rythmique, et les cascades bouillonnantes du solo, je participe à l’infini des possibles musicaux. Au bord de l’horizon des évènements, là où un gigantesque trou noir dont la guitare de Pierrot est le centre absorbe et piège les ondes sonores, puis les recrache en un maelström de fréquences hystériques, Jim Morrison se tient à coté de moi et tournant son visage me dit : C’est bien.
Le Groupe est mon ami.
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lundi 22 décembre 2008
En Attendant Noël 7
Il ne peut pas s'en empêcher ! Incorrigible comptable, notre choriste-batteur honoraire, qui épluche à deux jours de Noël, la compta des forfait téléphoniques de Laura et Cédric.
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dimanche 21 décembre 2008
En Attendant Noël 6
Quand le Photographe passe devant l'objectif, il ne le fait pas pour rien."Allez mes poulettes, venez voir Papa Noël.
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En Attendant Noël 5
Déguisé en Père Noël, Poun écrit les chansons de la nouvelle année des UFR, et répond aux nombreux couriers de son fan-club
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En Attendant Noël 4
En attendant Noël, Phil s'entraîne dans un band : les "New Orlean's Santas". derrière lui, le visage caché, son copain Jérôme.
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En Attendant Noël 2
Chacun des membres du groupe attend Noël selon son inclination. C'est ça aussi le merveilleux esprit de Noël.
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mardi 16 décembre 2008
samedi 13 décembre 2008
Brève de Comptoir, pour Poun
Dans mon enfance, mes parents aimaient la musique, et sur leur Teppaz , le dimanche matin, ma mère passait les disques de l’époque : Sacha Distel, les Frères Jacques, Pascal Danel, Jean Ferrat, François Deguelt, Marcel Amon, Henri Salvador et même de la musique yéyé : Richard Anthony, Sheila, et Joe Dassin.
Toute ma culture musicale Rock vient de ces années.
Je pense souvent à Joe Dassin, qui nous aura quitté il y a trente ans dans deux ans. Joe Dassin, a illuminé ma jeunesse, au même titre que Claude François ou Dalida.
Joe était un visionnaire. Outre des ritournelles sans prétention comme « Là haut sur la colline », ou « les petits pains au chocolat », il a écrit un texte fulgurant de clairvoyance, comme s’il regardait directement au travers des battants ouverts d’une fenêtre sur l’avenir, qui le définit comme le Nostradamus de la fin du XXème siècle.
Ainsi dans cette chanson il prédit :
La loi sur le travail du dimanche dans les grandes surfaces,
Les agitations lycéennes sous le coup des lois introduites par Xav Darcos.
Dont on retrouve les thèmes dans le célèbre refrain « Auchan'z et Lycées ».
Souvenez vous :
Auchan'z et Lycées (lala, lala,la)
Auchan'z et Lycées (lala, lala,la)
On fait la gêve
On casse du flic
A midi ou à minuit
Vous cassez tout ce que vous voulez
(Dans les) Auchan'z et Lycées
Il fallait le souligner.
Toute ma culture musicale Rock vient de ces années.
Je pense souvent à Joe Dassin, qui nous aura quitté il y a trente ans dans deux ans. Joe Dassin, a illuminé ma jeunesse, au même titre que Claude François ou Dalida.
Joe était un visionnaire. Outre des ritournelles sans prétention comme « Là haut sur la colline », ou « les petits pains au chocolat », il a écrit un texte fulgurant de clairvoyance, comme s’il regardait directement au travers des battants ouverts d’une fenêtre sur l’avenir, qui le définit comme le Nostradamus de la fin du XXème siècle.
Ainsi dans cette chanson il prédit :
La loi sur le travail du dimanche dans les grandes surfaces,
Les agitations lycéennes sous le coup des lois introduites par Xav Darcos.
Dont on retrouve les thèmes dans le célèbre refrain « Auchan'z et Lycées ».
Souvenez vous :
Auchan'z et Lycées (lala, lala,la)
Auchan'z et Lycées (lala, lala,la)
On fait la gêve
On casse du flic
A midi ou à minuit
Vous cassez tout ce que vous voulez
(Dans les) Auchan'z et Lycées
Il fallait le souligner.
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vendredi 12 décembre 2008
Un Compte-Rendu Probabiliste
Je suis un peu en retard ce soir pour la répète mercredique. Les autres sont attablés. Ils me questionnent sur Odile. Elle est restée au logis afin de récupérer un peu d’un début de semaine fatiguant. La vie n’est pas facile en général, pour nous autres petites gens, surtout par les temps qui courent, avec son cortège de nouvelles financières contradictoires et les bourses européennes qui jouent aux dés avec les matières premières et les fonds de pensions des vieux américains qui se croyaient à l’abri dans leur fort chabrol étazunien.
Eh oui, ils coulaient des jours peinards entre eux, à l’abris des enfants en général, et des gosses en bas âge en particulier, tolérant les chiens pourvu qu’il ne dépassent pas la taille d’un Espincher, vivant en circuit fermé dans leur citadelle sécurisée à grands renforts d‘électronique et de kilomètres de barrières, s’affairant, sous le regard attentif des vigiles afro-américains et des personnels de maison latinos (mixité sociale oblige), à tondre leur gazon parfait que nulle clôture ne limite… à l’intérieur de l’enceinte, circulant dans ce havre hors de la réalité, dans des voiturettes électriques jusqu’au parcours de golf proche.
Tout en réfléchissant aux bienfaits redécouverts de l’économie Keynésienne, Je vais saluer Sylvie. Elle est souffrante, une angine sans doute. Elle est somnolente, et le délire de la fièvre rend ses yeux brillants. Ca lui va bien ; je remarque à peine son tshirt « I CŒUR NY » à l’encolure trop large qui dénude sa gorge et colle à son corps au milieu des draps défaits. Je m’approche d’elle et lui baise le front avec toute l’amicale tendresse dont je suis capable. Ses paupières s’entrouvrent, elle me reconnaît. « Tu es venu Michel, ça me fait plaisir », murmure-t-elle faiblement. Ses lèvres craquelées et sèches remuent à peine, et je perçois sa douleur alors qu’elle avale péniblement sa salive. Son regard se tourne vers la table de chevet. J’en suis la direction : il y a un verre posé. Je le saisis et le lui tends, lui soutenant la nuque afin qu’elle puisse boire plus facilement. A nouveau ses yeux rencontrent les miens. Elle bat faiblement des cils, en un remerciement muet. A coté il y a une bassine remplie d’eau. J’y trempe un linge que j’essore avant de le détordre et de l’appliquer sur son front lumineux après avoir écartés quelques mèches collées par la transpiration. J'apprends plus tard par Jésou que ce que je prenais pour une bassine d'eau était en fait un saladier de soupe de champagne. Chez les Chapoton, de mère en fille, on connaît les vertus curatives miraculeuses de la soupe de champagne, surtout dans les cas d'angine.
Ignorant ce détail, aveugle au regard désespéré de Sylvie, je remonte l’escalier. On n’entend pas les jumeaux : respectant le repos de leur maman, chacun est dans sa chambre, terminant ses devoirs avant d’aller se coucher tandis qu’Alexis, vêtu de son uniforme s’apprête à rejoindre la gendarmerie. En Grèce les émeutes estudiantines font rage, le pays est au bord du chaos, à la suite de la bavure policière dont a été victime un jeune homme. On craint des flambées de violence dans les zones sensibles nîmoises. Les jeunes des quartiers défavorisée des quais de la Fontaine, de Camplanier et de la Tour Magne pourraient à leur tour se révolter contre les conditions difficiles qu’on leur impose en cette période de crise. Déjà, devant le portail de d’Alzon, les jeunes de Lasalle, de Daudet et Lamour ont appelé à une manif pour réclamer un assouplissement des conditions de sortie entre midi et deux, le droit de fumer dans la cour, et plus de frites au repas, par solidarité avec le combat des jeunes Hellènes.
Ca rappelle à Jésou la blague sur les Hellènes et les Helvètes, ce qui détend un peu l’atmosphère. Cette blague est à se rouler par terre, je vous la raconterais volontiers, mais hélas j’ai perdu la chute, ce qui en briderait l’effet comique dans ces lignes. Je profite de l’hilarité générale pour brancher la nespresso et faire passer les cafés à la ronde alors que Pierrot salue la compagnie. Il a fini sa double tournée, il n’en peut plus, il est au bord du burn out ainsi que l’a théorisé jadis Florence Nightingale, la Pasionaria des Infirmiers. En l’occurrence, être en « burn out » c’est en avoir plein le cul. Rien d’exceptionnel donc, si l’on considère que 80% des cinquantenaires qui travaillent encore, doivent être dans cet état psychologique à l’heure où je vous parle. En fumant la « cigarette avant la répète », je me souviens soudain d’une partie de la fin de la blague de Jésou : « Ah, ben tu as vu les pyramides alors ! ». Je concède que sorti du contexte c’est moins percutant, mais raconté par Jésou, ça devient du Audiard. Je suis pris d’un fou-rire inextinguible, un peu à contre-temps je le concède, surtout que Pierrot parle à cet instant précis d’une personne en phase terminale qu’il a visitée avant de venir, il vit seul depuis que sa femme l’a quitté, dans un appartement dont il ne paye plus le loyer à la suite d’un licenciement abusif qui doit passer prochainement devant les prud’hommes. Pierrot ça le mine ce genre d’histoire, et il confesse que ces deux heures hebdomadaires de récréation musicale sont pour lui une soupape de sécurité dont il ne saurait plus se passer. Il dit cela avec retenue et pudeur, mais tout d’un coup l’ambiance joyeuse du début tend à retomber, comme le soufflet qu’on a sorti trop tôt avant le repas. Lolo avec compassion, promet qu’elle glissera à Philou, Président de la Cour Prud’hommale, un mot sur ce type.
On descend. On installe le fourbi, on met le jus. On fume la « première cigarette de pendant la répète ». Lolo nous présente son travail sur la chanson inchantable « chanson de geste » composée il y a quelques temps par Pierrot. Il faut dire que je lui ai tendu le bâton pour me faire battre, avec mes textes alambiqués. Je le soupçonne d’ s’être vengé, sur cette compo ! Les doigts de notre pianiste courent sur le clavier, avec la virtuosité qu’on lui connaît. Je tente d’y placer ma voix. Ca n’est pas extraordinaire. Il est vrai que j’ai la gorge très sèche, et puis débuter par ce morceau que je n’ai pas préparé, sans avoir pu chauffer ma voix ni décontracter mes buccinateurs ça n’est pas l’idéal.
On enchaîne par la compo du Leader Maximo « cent balles dans le juke box ». Ca se passe beaucoup mieux, bien sûr si l’on fait l’impasse sur la totale impréparation du guitariste rythmique et du bassiste. Quant à moi j’ai travaillé durant toute la semaine écoulée, dans ma studiomobile Peugeot, cette chanson que je connais désormais suffisamment pour ne pas ralentir le groupe. C’est très prometteur. Ca peut faire un bon rock. Il fait la part belle au solo de guitare. Celui-ci est pour l’instant peu formalisé, mais gamme pentatonique aidant, je ne doute pas que pour la prochaine séance, jailliront des doigts experts du Leader, des accents violents et rageurs qui enflammeront l’auditoire.
Sylvaine et Pascale nous ont rejoint pendant ce temps. Afin de ne pas déranger nos travaux, elles se sont tant bien que mal glissées entre les praticables et se sont assises dans un coin. Attentives, elles ne perdent pas une miette du dialogue technique entre les musiciens. « On assiste à l’accouchement d’une chanson » commente, impressionnée, Pascale. « Oui, voir le génie à l’œuvre, ça me tire les larmes du corps » complète Sylvaine, lyrique.
Après la pause on remet le couvert sur « Oublie » les automatismes commencent à se mettre en place. Mais il manque encore quelque chose. Je ne saurais pas définir quoi, peut-être l’absence d’Odile se fait elle cruellement sentir sur les chœurs, son timbre particulier, et le petit mot de conclusion qu’elle lance à la fin de la chanson : « trouduc !» apportant un contrepoint indispensable au misogyne discours du chanteur.
Pour ne pas perdre la main, nous passons en revue le reste des compos. Nous jouons depuis plus d’une heure, et je ne suis pas très en voix ce soir. J’ai dû recommencer une dizaine de fois « Oublie » par manque de préparation de certains, et ma gorge s’en ressent à présent. Je m’attelle vaillamment à la tâche, comme un bon petit soldat du Rock en essayant de compenser ma faiblesse vocale passagère par une plus grande émotion. Ainsi sur « EcoloSong, les accents pathétiques du plaidoyer de Pascou pour une gestion plus responsable de la planète, que j’interprète avec mes tripes, finissent-ils par embuer légèrement les yeux de notre batteur qui rate une mesure tant est à son comble la tension émotionnelle.
Il aura suffi de quelques mesures pour éclairer cette soirée. Nous y avons tous contribué, chacun avec ses moyens, peut être en hommage sincère à notre hôtesse, clouée sur son lit de douleurs, dont nous espérons que la répétition de ce soir, pour laquelle intentionnellement nous avions monté le son afin qu’elle puisse mieux nous entendre, aura été un baume apaisant.
C’est ainsi que s’est passée la répétition du mercredi 10 décembre. J’espère n’avoir rien oublié. Dans le cas contraire merci de m’en faire part dans vos commentaires.
Eh oui, ils coulaient des jours peinards entre eux, à l’abris des enfants en général, et des gosses en bas âge en particulier, tolérant les chiens pourvu qu’il ne dépassent pas la taille d’un Espincher, vivant en circuit fermé dans leur citadelle sécurisée à grands renforts d‘électronique et de kilomètres de barrières, s’affairant, sous le regard attentif des vigiles afro-américains et des personnels de maison latinos (mixité sociale oblige), à tondre leur gazon parfait que nulle clôture ne limite… à l’intérieur de l’enceinte, circulant dans ce havre hors de la réalité, dans des voiturettes électriques jusqu’au parcours de golf proche.
Tout en réfléchissant aux bienfaits redécouverts de l’économie Keynésienne, Je vais saluer Sylvie. Elle est souffrante, une angine sans doute. Elle est somnolente, et le délire de la fièvre rend ses yeux brillants. Ca lui va bien ; je remarque à peine son tshirt « I CŒUR NY » à l’encolure trop large qui dénude sa gorge et colle à son corps au milieu des draps défaits. Je m’approche d’elle et lui baise le front avec toute l’amicale tendresse dont je suis capable. Ses paupières s’entrouvrent, elle me reconnaît. « Tu es venu Michel, ça me fait plaisir », murmure-t-elle faiblement. Ses lèvres craquelées et sèches remuent à peine, et je perçois sa douleur alors qu’elle avale péniblement sa salive. Son regard se tourne vers la table de chevet. J’en suis la direction : il y a un verre posé. Je le saisis et le lui tends, lui soutenant la nuque afin qu’elle puisse boire plus facilement. A nouveau ses yeux rencontrent les miens. Elle bat faiblement des cils, en un remerciement muet. A coté il y a une bassine remplie d’eau. J’y trempe un linge que j’essore avant de le détordre et de l’appliquer sur son front lumineux après avoir écartés quelques mèches collées par la transpiration. J'apprends plus tard par Jésou que ce que je prenais pour une bassine d'eau était en fait un saladier de soupe de champagne. Chez les Chapoton, de mère en fille, on connaît les vertus curatives miraculeuses de la soupe de champagne, surtout dans les cas d'angine.
Ignorant ce détail, aveugle au regard désespéré de Sylvie, je remonte l’escalier. On n’entend pas les jumeaux : respectant le repos de leur maman, chacun est dans sa chambre, terminant ses devoirs avant d’aller se coucher tandis qu’Alexis, vêtu de son uniforme s’apprête à rejoindre la gendarmerie. En Grèce les émeutes estudiantines font rage, le pays est au bord du chaos, à la suite de la bavure policière dont a été victime un jeune homme. On craint des flambées de violence dans les zones sensibles nîmoises. Les jeunes des quartiers défavorisée des quais de la Fontaine, de Camplanier et de la Tour Magne pourraient à leur tour se révolter contre les conditions difficiles qu’on leur impose en cette période de crise. Déjà, devant le portail de d’Alzon, les jeunes de Lasalle, de Daudet et Lamour ont appelé à une manif pour réclamer un assouplissement des conditions de sortie entre midi et deux, le droit de fumer dans la cour, et plus de frites au repas, par solidarité avec le combat des jeunes Hellènes.
Ca rappelle à Jésou la blague sur les Hellènes et les Helvètes, ce qui détend un peu l’atmosphère. Cette blague est à se rouler par terre, je vous la raconterais volontiers, mais hélas j’ai perdu la chute, ce qui en briderait l’effet comique dans ces lignes. Je profite de l’hilarité générale pour brancher la nespresso et faire passer les cafés à la ronde alors que Pierrot salue la compagnie. Il a fini sa double tournée, il n’en peut plus, il est au bord du burn out ainsi que l’a théorisé jadis Florence Nightingale, la Pasionaria des Infirmiers. En l’occurrence, être en « burn out » c’est en avoir plein le cul. Rien d’exceptionnel donc, si l’on considère que 80% des cinquantenaires qui travaillent encore, doivent être dans cet état psychologique à l’heure où je vous parle. En fumant la « cigarette avant la répète », je me souviens soudain d’une partie de la fin de la blague de Jésou : « Ah, ben tu as vu les pyramides alors ! ». Je concède que sorti du contexte c’est moins percutant, mais raconté par Jésou, ça devient du Audiard. Je suis pris d’un fou-rire inextinguible, un peu à contre-temps je le concède, surtout que Pierrot parle à cet instant précis d’une personne en phase terminale qu’il a visitée avant de venir, il vit seul depuis que sa femme l’a quitté, dans un appartement dont il ne paye plus le loyer à la suite d’un licenciement abusif qui doit passer prochainement devant les prud’hommes. Pierrot ça le mine ce genre d’histoire, et il confesse que ces deux heures hebdomadaires de récréation musicale sont pour lui une soupape de sécurité dont il ne saurait plus se passer. Il dit cela avec retenue et pudeur, mais tout d’un coup l’ambiance joyeuse du début tend à retomber, comme le soufflet qu’on a sorti trop tôt avant le repas. Lolo avec compassion, promet qu’elle glissera à Philou, Président de la Cour Prud’hommale, un mot sur ce type.
On descend. On installe le fourbi, on met le jus. On fume la « première cigarette de pendant la répète ». Lolo nous présente son travail sur la chanson inchantable « chanson de geste » composée il y a quelques temps par Pierrot. Il faut dire que je lui ai tendu le bâton pour me faire battre, avec mes textes alambiqués. Je le soupçonne d’ s’être vengé, sur cette compo ! Les doigts de notre pianiste courent sur le clavier, avec la virtuosité qu’on lui connaît. Je tente d’y placer ma voix. Ca n’est pas extraordinaire. Il est vrai que j’ai la gorge très sèche, et puis débuter par ce morceau que je n’ai pas préparé, sans avoir pu chauffer ma voix ni décontracter mes buccinateurs ça n’est pas l’idéal.
On enchaîne par la compo du Leader Maximo « cent balles dans le juke box ». Ca se passe beaucoup mieux, bien sûr si l’on fait l’impasse sur la totale impréparation du guitariste rythmique et du bassiste. Quant à moi j’ai travaillé durant toute la semaine écoulée, dans ma studiomobile Peugeot, cette chanson que je connais désormais suffisamment pour ne pas ralentir le groupe. C’est très prometteur. Ca peut faire un bon rock. Il fait la part belle au solo de guitare. Celui-ci est pour l’instant peu formalisé, mais gamme pentatonique aidant, je ne doute pas que pour la prochaine séance, jailliront des doigts experts du Leader, des accents violents et rageurs qui enflammeront l’auditoire.
Sylvaine et Pascale nous ont rejoint pendant ce temps. Afin de ne pas déranger nos travaux, elles se sont tant bien que mal glissées entre les praticables et se sont assises dans un coin. Attentives, elles ne perdent pas une miette du dialogue technique entre les musiciens. « On assiste à l’accouchement d’une chanson » commente, impressionnée, Pascale. « Oui, voir le génie à l’œuvre, ça me tire les larmes du corps » complète Sylvaine, lyrique.
Après la pause on remet le couvert sur « Oublie » les automatismes commencent à se mettre en place. Mais il manque encore quelque chose. Je ne saurais pas définir quoi, peut-être l’absence d’Odile se fait elle cruellement sentir sur les chœurs, son timbre particulier, et le petit mot de conclusion qu’elle lance à la fin de la chanson : « trouduc !» apportant un contrepoint indispensable au misogyne discours du chanteur.
Pour ne pas perdre la main, nous passons en revue le reste des compos. Nous jouons depuis plus d’une heure, et je ne suis pas très en voix ce soir. J’ai dû recommencer une dizaine de fois « Oublie » par manque de préparation de certains, et ma gorge s’en ressent à présent. Je m’attelle vaillamment à la tâche, comme un bon petit soldat du Rock en essayant de compenser ma faiblesse vocale passagère par une plus grande émotion. Ainsi sur « EcoloSong, les accents pathétiques du plaidoyer de Pascou pour une gestion plus responsable de la planète, que j’interprète avec mes tripes, finissent-ils par embuer légèrement les yeux de notre batteur qui rate une mesure tant est à son comble la tension émotionnelle.
Il aura suffi de quelques mesures pour éclairer cette soirée. Nous y avons tous contribué, chacun avec ses moyens, peut être en hommage sincère à notre hôtesse, clouée sur son lit de douleurs, dont nous espérons que la répétition de ce soir, pour laquelle intentionnellement nous avions monté le son afin qu’elle puisse mieux nous entendre, aura été un baume apaisant.
C’est ainsi que s’est passée la répétition du mercredi 10 décembre. J’espère n’avoir rien oublié. Dans le cas contraire merci de m’en faire part dans vos commentaires.
Libellés :
compte-rendu
mardi 9 décembre 2008
Karma
Quoique tu dises
Quoique tu fasses
Quoique tu veuilles
Que tu fasses à ta guise
Qu’tu joues à pile ou face
Ou bien fasses ton deuil
Tu as toujours le choix
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois
Toujours tu cours
Toujours tu roules
Toujours tu glisses
Que tu glisses sur l’amour
Ou bien qu’il déboule
Ou bien qu’il s’immisce
Tu as toujours le choix
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois
Que Tu te démènes
Que tu te débattes
Et que tu t’agites
Tu n’as plus d’antennes
T’es un automate
Un bernard-l’hermite
Mais tu as toujours le choix
De casser tout ça
Enfin c’est c’que tu crois
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois
Quoique tu fasses
Quoique tu veuilles
Que tu fasses à ta guise
Qu’tu joues à pile ou face
Ou bien fasses ton deuil
Tu as toujours le choix
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois
Toujours tu cours
Toujours tu roules
Toujours tu glisses
Que tu glisses sur l’amour
Ou bien qu’il déboule
Ou bien qu’il s’immisce
Tu as toujours le choix
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois
Que Tu te démènes
Que tu te débattes
Et que tu t’agites
Tu n’as plus d’antennes
T’es un automate
Un bernard-l’hermite
Mais tu as toujours le choix
De casser tout ça
Enfin c’est c’que tu crois
De changer ton Karma
Enfin c’est c’que tu crois
dimanche 7 décembre 2008
Bleu
Inexplicablement, ce mercredi soir, je me sentais un peu dolent. Peut-être était-ce le froid extérieur qui n’incitait pas à l’expédition nocturne. Je parcouru dans ma tête les raisons plus ou moins fumeuses que j’aurais pu invoquer pour décliner l’invitation hebdomadaire au chant. L’enfant malade, la gastro fulgurante, la fuite d’eau massive, quelque intempérie soudain et local…
Hélas j’avais épuisé mon stock. Il est des moments où il faut se rendre à l’évidence : Quand faut y aller, faut y aller ! Un motif beaucoup plus impérieux me dictait de surcroît cette sage décision : notre chatte, Coca. Une chatte pas banale, ceci dit. D’ailleurs nous avons pris l’habitude de parler d’elle en son absence en disant « coca pas banale ». Coca pas banale, Copacabana, la baie de Rio… La simple évocation de ma chatte m’entraîne à des rêveries exotiques et érotiques peuplées de créatures de rêves sur des plages paradisiaques. Mais le fil de mes pensés, déjà, m’écarte de l’objectif du présent rapport.
Notre chatte bien que très fine, ce félin gracile et désinvolte au comportement délicat, se double d’un carnivore au solide appétit. Ca mange ces petites bêtes, c’en est incroyable. Comment peu-on on ingurgiter une fois et demi son poids dans un journée et garder cette ligne de top modèle ? Ca se chiffre en dizaines de kilos par an. C’est un budget. Le moindre sachet de 500 grammes coûte une fortune : nous avons payé le dernier, dans une jardinerie, 5€80. Les croquettes de notre chatte chérie coûtent plus cher que les crackers de l’apéritif ! Et elles ont meilleur goût. D’ailleurs certains d’entre mes lecteurs, invités à la maison récemment n’ont pas dit le contraire, qui ne se sont aperçus de rien lorsqu’ils ont mangé ces délicieux toasts « au saumon » ainsi que ces très colorées verrines « à la betterave » que nous leur avons proposés en amuse-bouche. Forte de cette constatation, et désireuse d’équilibrer les dépenses du ménage, ce qui est un soucis constant chez les Mazet, Odile s’est rappelée que nous connaissions une éleveuse parmi nos proches.
Elodie remporte régulièrement des compétitions internationales canines avec ses deux chiens : le Corso fleuri, et l’Espincher nain. Le dessus du frigo, dans la cuisine, est le témoin éclatant de cette réussite, il en constitue le réceptacle et la vitrine. Comme autant de Grool, (un graal : des grool), les coupes finement ouvragées dans les métaux les plus précieux, arborent sur des plaques d'or scellées dans des socles en marbre, les élogieux palmarès glanés aux quatre coins de l'hexagone, et même au delà. Quand on manoeuvre la porte du conservateur, ou bien quand le thermostat intime au compresseur l'ordre de se mettre en branle, c'est un joyeux tintinnabuli de ciboires s'entrechoquant qui accueille le consommateur occasionnel ou régulier.
Ces succès sont dus à une sélection génétique rigoureuse, un entraînement intensif, un dressage constant, mais surtout à des repas diététiques amoureusement préparés. La fringale de ces bestioles, soumises à des cadences soutenues nécessite une alimentation équilibrée et quantitativement importante. En tant qu’éleveur, Elo bénéficie d’importantes ristournes pour l’achat en gros de nourriture. Ainsi se fait-elle livrer une palette de graines pour chien tous les trois jours. Elle a accepté de nous faire profiter des prix de gros qu’elle a négocié avec les fournisseurs. C’est donc pour cette raison surtout que nous ne pouvions manquer la répétition du mercredi, notre chatte criant famine devant sa gamelle vide depuis quelques jours, et recevant quant à nous d’autres amis prochainement.
Je plaisante, bien sûr. C’est l’enthousiasme sans cesse renouvelé, et l’attrait de la Salle des Possibles Musicaux, la « rythmythique » SJM, qui nous pousse chaque semaine à nous rendre chez les Fabre, comme les pèlerins font le voyage de Compostelle afin d’y rencontrer l’Indicible.
Nous arrivâmes vers 21 heures, le temps d’attendre Pierrot, d’admirer la coupe gagnée par Kayak la chienne, en championnat, et de caresser sa fille* (Canoë) qui arbore un très joli pelage gris. Dans le milieu canin, il faut le savoir, « gris » se prononce « bleu ». C’est en tout cas ainsi qu’Elodie, de passage avec le chiot nous l’a présentée : « Un cane corso bleu ». A ce compte-là me dis-je sur l’instant, comment qualifier la couleur des Schtroumpfs ?! Sans doute une teinte au-delà de l’indigo, non encore répertoriée dans le nuancier Pantone. Il est vrai que sous un certain éclairage, riche en ultraviolets, et en plissant fortement les yeux, à la lumière rasante, on distingue assez nettement des reflets tirant plutôt sur le bleu en mobilisant cette partie du cerveau qui, très sensible aux agents psychotropes, libère l'imagination et encourage à la rêverie hallucinatoire colorée. En la circonstance, un soupçon de daltonisme peut aider. Et pourquoi pas un doigt de cette boisson au tartan écossais dont on sait qu’elle a contribuée à asseoir la légende du Loch Ness en son temps, et donc tout à fait capable d’habiller en bleu n’importe quel animal.
Quand je parle plus haut de « caresser sa fille » bien sûr il fallait comprendre « la fille de kayak » pas celles de Pierrot. Comme je citai l’un et l’autre dans la même phrase et que j’ai une fâcheuse propension à multiplier les digressions, je voulais m’assurer qu’aucun amalgame, aucune confusion, et partant, nulle controverse ne puisse prendre corps à la lecture de mes propos. Plut au ciel que notre guitariste ne lise ces lignes ambiguës, ce dernier est d'une intransigeance maladive en ce qui concerne l'éducation de ses filles, sans doute sous le double joug d'une éducation judéochrétienne amendée par le rigorisme de Luther et Calvin et une enfance inscrite dans une multi-fratrie au chiffre honi par les superstitieux dirigée par une main maternelle affectueuse mais ferme toute entière acquise aux principes de Françoise Dolto qui la première affirma que « d'accord l'enfant est une personne, mais ce n'est pas une raison pour se laisser déborder sur les ailes » même si ces dernières sont protectrices.
Je reviendrai peut-être dans un autre billet sur l'âme tourmentée de notre soli(psi)ste.
Nous abordâmes sobrement notre training musical par « mâle entendu », que certains d'entre nous connaissent sous le titre de « Trouduc », bien que Pascou préfère le nommer « Oublie ». C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il entama sa partie avec l'intro de « Marre » (j'aime pas les épinards), en pensant à « Docteur Bonheur » que nous intitulons volontiers « psychotrope » à l'occasion.
Peut-être faudra-t-il un soir qu'on normalise tout ça. Là encore ça passe. Mais sur scène, ça peut faire désordre.
En parlant de scène, une perspective de concert privé semble se découper sur l'horizon des possibles musicaux. Sylvaine, la soeur de Catou, souhaite pendre sa craie maillère, vraisemblablement au début de février prochain. Nous pourrions être de l'aventure.
Forts de cette info, nous consacrâmes une bonne heure au travail sur « Oublie ». Comme d'habitude sur un titre nouveau, nous testâmes plusieurs formules. Nous dûmes la reprendre une dizaine de fois.
Bien que des progrès fussent notés, nous ne sommes pas satisfaits. Cependant comme le pied qui marque le tempo, façonne la Santiag à mesure qu'on la porte et lui imprime sa forme, nous prendrons possession de cette chanson.
Après un rapide marathon parcourant l'ensemble de nos oeuvres, nous déchiffrâmes la nouvelle production de Pierrot, dont le texte a été publié précédemment (cent balles, ou juke box).
Parmi l'éventail de versions proposées par le Leader Maximo, c'est la plus rock qui a recueilli nos suffrages (bien que j’aie eu un petit faible pour celle où le type se suicide à la fin), c'est donc celle-là que nous allons désormais développer.
En l’état, plutôt que de déchiffrage, il serait plus approprié de parler de défrichage. Et pour faire dans l’analogie bétépèsque, le chantier n’en est même pas au stade de la stabilisation du terrain : tout reste à faire.
Nous nous séparâmes à 23h17 pétantes.
* Alors que je faisais la lecture du présent compte-rendu à Odile, celle-ci m’apprit qu’il n’y avait aucun lien de parenté entre Kayak et Canoë.
Canoë a été achetée quelque part en normandie. Et Kayak n’a pas encore connu le (chien) loup.
Hélas j’avais épuisé mon stock. Il est des moments où il faut se rendre à l’évidence : Quand faut y aller, faut y aller ! Un motif beaucoup plus impérieux me dictait de surcroît cette sage décision : notre chatte, Coca. Une chatte pas banale, ceci dit. D’ailleurs nous avons pris l’habitude de parler d’elle en son absence en disant « coca pas banale ». Coca pas banale, Copacabana, la baie de Rio… La simple évocation de ma chatte m’entraîne à des rêveries exotiques et érotiques peuplées de créatures de rêves sur des plages paradisiaques. Mais le fil de mes pensés, déjà, m’écarte de l’objectif du présent rapport.
Notre chatte bien que très fine, ce félin gracile et désinvolte au comportement délicat, se double d’un carnivore au solide appétit. Ca mange ces petites bêtes, c’en est incroyable. Comment peu-on on ingurgiter une fois et demi son poids dans un journée et garder cette ligne de top modèle ? Ca se chiffre en dizaines de kilos par an. C’est un budget. Le moindre sachet de 500 grammes coûte une fortune : nous avons payé le dernier, dans une jardinerie, 5€80. Les croquettes de notre chatte chérie coûtent plus cher que les crackers de l’apéritif ! Et elles ont meilleur goût. D’ailleurs certains d’entre mes lecteurs, invités à la maison récemment n’ont pas dit le contraire, qui ne se sont aperçus de rien lorsqu’ils ont mangé ces délicieux toasts « au saumon » ainsi que ces très colorées verrines « à la betterave » que nous leur avons proposés en amuse-bouche. Forte de cette constatation, et désireuse d’équilibrer les dépenses du ménage, ce qui est un soucis constant chez les Mazet, Odile s’est rappelée que nous connaissions une éleveuse parmi nos proches.
Elodie remporte régulièrement des compétitions internationales canines avec ses deux chiens : le Corso fleuri, et l’Espincher nain. Le dessus du frigo, dans la cuisine, est le témoin éclatant de cette réussite, il en constitue le réceptacle et la vitrine. Comme autant de Grool, (un graal : des grool), les coupes finement ouvragées dans les métaux les plus précieux, arborent sur des plaques d'or scellées dans des socles en marbre, les élogieux palmarès glanés aux quatre coins de l'hexagone, et même au delà. Quand on manoeuvre la porte du conservateur, ou bien quand le thermostat intime au compresseur l'ordre de se mettre en branle, c'est un joyeux tintinnabuli de ciboires s'entrechoquant qui accueille le consommateur occasionnel ou régulier.
Ces succès sont dus à une sélection génétique rigoureuse, un entraînement intensif, un dressage constant, mais surtout à des repas diététiques amoureusement préparés. La fringale de ces bestioles, soumises à des cadences soutenues nécessite une alimentation équilibrée et quantitativement importante. En tant qu’éleveur, Elo bénéficie d’importantes ristournes pour l’achat en gros de nourriture. Ainsi se fait-elle livrer une palette de graines pour chien tous les trois jours. Elle a accepté de nous faire profiter des prix de gros qu’elle a négocié avec les fournisseurs. C’est donc pour cette raison surtout que nous ne pouvions manquer la répétition du mercredi, notre chatte criant famine devant sa gamelle vide depuis quelques jours, et recevant quant à nous d’autres amis prochainement.
Je plaisante, bien sûr. C’est l’enthousiasme sans cesse renouvelé, et l’attrait de la Salle des Possibles Musicaux, la « rythmythique » SJM, qui nous pousse chaque semaine à nous rendre chez les Fabre, comme les pèlerins font le voyage de Compostelle afin d’y rencontrer l’Indicible.
Nous arrivâmes vers 21 heures, le temps d’attendre Pierrot, d’admirer la coupe gagnée par Kayak la chienne, en championnat, et de caresser sa fille* (Canoë) qui arbore un très joli pelage gris. Dans le milieu canin, il faut le savoir, « gris » se prononce « bleu ». C’est en tout cas ainsi qu’Elodie, de passage avec le chiot nous l’a présentée : « Un cane corso bleu ». A ce compte-là me dis-je sur l’instant, comment qualifier la couleur des Schtroumpfs ?! Sans doute une teinte au-delà de l’indigo, non encore répertoriée dans le nuancier Pantone. Il est vrai que sous un certain éclairage, riche en ultraviolets, et en plissant fortement les yeux, à la lumière rasante, on distingue assez nettement des reflets tirant plutôt sur le bleu en mobilisant cette partie du cerveau qui, très sensible aux agents psychotropes, libère l'imagination et encourage à la rêverie hallucinatoire colorée. En la circonstance, un soupçon de daltonisme peut aider. Et pourquoi pas un doigt de cette boisson au tartan écossais dont on sait qu’elle a contribuée à asseoir la légende du Loch Ness en son temps, et donc tout à fait capable d’habiller en bleu n’importe quel animal.
Quand je parle plus haut de « caresser sa fille » bien sûr il fallait comprendre « la fille de kayak » pas celles de Pierrot. Comme je citai l’un et l’autre dans la même phrase et que j’ai une fâcheuse propension à multiplier les digressions, je voulais m’assurer qu’aucun amalgame, aucune confusion, et partant, nulle controverse ne puisse prendre corps à la lecture de mes propos. Plut au ciel que notre guitariste ne lise ces lignes ambiguës, ce dernier est d'une intransigeance maladive en ce qui concerne l'éducation de ses filles, sans doute sous le double joug d'une éducation judéochrétienne amendée par le rigorisme de Luther et Calvin et une enfance inscrite dans une multi-fratrie au chiffre honi par les superstitieux dirigée par une main maternelle affectueuse mais ferme toute entière acquise aux principes de Françoise Dolto qui la première affirma que « d'accord l'enfant est une personne, mais ce n'est pas une raison pour se laisser déborder sur les ailes » même si ces dernières sont protectrices.
Je reviendrai peut-être dans un autre billet sur l'âme tourmentée de notre soli(psi)ste.
Nous abordâmes sobrement notre training musical par « mâle entendu », que certains d'entre nous connaissent sous le titre de « Trouduc », bien que Pascou préfère le nommer « Oublie ». C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il entama sa partie avec l'intro de « Marre » (j'aime pas les épinards), en pensant à « Docteur Bonheur » que nous intitulons volontiers « psychotrope » à l'occasion.
Peut-être faudra-t-il un soir qu'on normalise tout ça. Là encore ça passe. Mais sur scène, ça peut faire désordre.
En parlant de scène, une perspective de concert privé semble se découper sur l'horizon des possibles musicaux. Sylvaine, la soeur de Catou, souhaite pendre sa craie maillère, vraisemblablement au début de février prochain. Nous pourrions être de l'aventure.
Forts de cette info, nous consacrâmes une bonne heure au travail sur « Oublie ». Comme d'habitude sur un titre nouveau, nous testâmes plusieurs formules. Nous dûmes la reprendre une dizaine de fois.
Bien que des progrès fussent notés, nous ne sommes pas satisfaits. Cependant comme le pied qui marque le tempo, façonne la Santiag à mesure qu'on la porte et lui imprime sa forme, nous prendrons possession de cette chanson.
Après un rapide marathon parcourant l'ensemble de nos oeuvres, nous déchiffrâmes la nouvelle production de Pierrot, dont le texte a été publié précédemment (cent balles, ou juke box).
Parmi l'éventail de versions proposées par le Leader Maximo, c'est la plus rock qui a recueilli nos suffrages (bien que j’aie eu un petit faible pour celle où le type se suicide à la fin), c'est donc celle-là que nous allons désormais développer.
En l’état, plutôt que de déchiffrage, il serait plus approprié de parler de défrichage. Et pour faire dans l’analogie bétépèsque, le chantier n’en est même pas au stade de la stabilisation du terrain : tout reste à faire.
Nous nous séparâmes à 23h17 pétantes.
* Alors que je faisais la lecture du présent compte-rendu à Odile, celle-ci m’apprit qu’il n’y avait aucun lien de parenté entre Kayak et Canoë.
Canoë a été achetée quelque part en normandie. Et Kayak n’a pas encore connu le (chien) loup.
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compte-rendu
samedi 6 décembre 2008
T'As Pas Cent Balles ?!
Nouvelle compo, sur un texte de Pierrot.
on voit déjà que ça n'aurait pas pu etre écrit par les BB Brunes par exemple,
pour parler de "cent balle" faut avoir été vieux avant 2001.Quant au juke box, tout le monde à son ipod perso..
Mettre cent balles dans le juke-box
Et danser comme un jobard
Sur le comptoir en inox
De ce bar
Faut que j’emballe avec finesse
Cette fille cachée sous son fard
J’dois en avoir fait des caisses
Elle se barre
Refrain
Débloquer le compteur
Ressentir mon corps vibrer
Entendre s’agiter mon corps
Fatigué
C’est maintenant où jamais
C’est maintenant où jamais
C’est maintenant où jamais
Je le sais
(bis)
Mettre les voiles, border l’écoute
Suivre les vagues et le vent
Faut quej’détale coûte que coûte
Droit devant
Faut que j’emballe façon malin
Cette sirène perchée sur son phare
J’dois pas avoir l’air marin
Elle se barre
Ref
Pont
Ref
on voit déjà que ça n'aurait pas pu etre écrit par les BB Brunes par exemple,
pour parler de "cent balle" faut avoir été vieux avant 2001.Quant au juke box, tout le monde à son ipod perso..
Mettre cent balles dans le juke-box
Et danser comme un jobard
Sur le comptoir en inox
De ce bar
Faut que j’emballe avec finesse
Cette fille cachée sous son fard
J’dois en avoir fait des caisses
Elle se barre
Refrain
Débloquer le compteur
Ressentir mon corps vibrer
Entendre s’agiter mon corps
Fatigué
C’est maintenant où jamais
C’est maintenant où jamais
C’est maintenant où jamais
Je le sais
(bis)
Mettre les voiles, border l’écoute
Suivre les vagues et le vent
Faut quej’détale coûte que coûte
Droit devant
Faut que j’emballe façon malin
Cette sirène perchée sur son phare
J’dois pas avoir l’air marin
Elle se barre
Ref
Pont
Ref
jeudi 4 décembre 2008
Demain J'Arrête !
"Voici une chanson qui parle de coeur brisé, de douleur et d'amour perdu, que j'ai écrite tandis-que je tentais d'arrêter de fumer.."
Depuis quelques temps je caresse l'idée peut-être un jour, à l'occasion, si l'opportunité se présente, si une fenêtre de tir se dégage, d'éventuellement arrêter de fumer. enfin il m'arrive parfois, vous voyez, dans des moments d'exaltation intense, notamment après un bon cycle cinéclub consacré à Bergman, d'envisager sur un coup de tête cette éventualité.
Le plus souvent d'ailleurs quand j'y réfléchis, c'est devant le buraliste avide qui me regarde d'un oeil hilare tapoter fébrilement et à contre-coeur le mange-carte afin de l'amener à creuser un peu plus un découvert aux profondeurs abyssales, que je ressens ce genre de pulsion vertigineuse.
Je ne sais pas si c'est une bonne idée, surtout compte-tenu de ma production littéraire notoirement revigorante de par une coloration où l'espoir le dispute à la franche poilade, notamment au niveau des textes hilarants que je propose au groupe alors que mes systèmes - le nerveux et le sanguin- sont bourrés de nicotine.
Je me mets à la place du lecteur inquiet en droit de se demander ce que serait ma prose si j'étais tout soudain confronté à un état de manque -même volontaire-.
Je vais peut être temporiser un peu. le temps d'analyser tout ça.
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photomontage
mercredi 3 décembre 2008
In Extremis (CR du Mercredi 27)
J'étais de garde à hôpital ce mercredi dernier. Régulièrement dans le cadre de ma mission de service public, telle que gravée au frontispice du temple que constitue pour moi l'Institution Hospitalière au coté des mots "égalité", "fraternité", et euh... "santé" je crois, je consacre à titre quasiment bénévole une partie de mon temps à la prise en charge de la souffrance et la détresse de mes concitoyens vauclusiens. Terminant à 21h je n'ai pu me présenter dans les locaux de la SJM que vers 22h.
Phil le K était absent. Un décès dans sa famille l'ayant retenu auprès des siens.
Odile également manquait à l'appel. de retour dans la soirée d'un stage sur Lyon, elle ne se sentait pas, après la journée de travail et le retour en train, de pousser la chansonnette.
Pierrot s'est mis à la batterie, son énergie échevelée aux conséquences aléatoires mais toujours passionnantes, compensant une rigueur plus approximative que celle de PleK. Nous avons passé en revue l'ensemble de notre répertoire, profitant de l'absence de Phil et Odile pour improviser et expérimenter un peu. Rien de rare n'est sorti de la session, aucune raison de s'emballer, donc ; Mais c'était globalement plaisant. Comme à chaque fois qu'il manque un musicien, c'est toujours un peu déroutant. Surtout lorsqu'il s'agit d'un membre de la section rythmique. D'autant que du coup la guitare solo manquait aussi à l'appel. Cependant il y a un coté positif : ça nous a obligé à prendre en compte des conditions différentes d'interprétation. Pouvoir jouer dans n'importe quelles conditions, que celles-ci soient modifiées par l'environnement, le matériel ou les musiciens est très formateur. Il est toujours mieux de galérer pendant une répétition que plus tard sur les planches d'un concert ! et plus nous aurons rencontré d'écueils, et trouvé la solution qu'il convient, mieux nous serons armés pour la suite.
Le son était plutôt bon ce soir. Incontestablement Pierrot tape moins fort que Plek. Mais comme dans le paradoxe de l'œuf et de la poule, on s'est demandé si Phil le K joue fort pour couvrir le son de la guitare de Pierrot, ou bien si Pierrot, n'ayant pas à eu à couvrir le son de sa guitare (puisqu'il ne jouait pas) n'a pas eu besoin de taper plus fort.
Est-ce Pierrot qui oblige PHil à taper comme un sonneur, ou bien Pierrot monte-t-il son ampli à des sommets insoupçonnés pour entendre sa guitare sous les coups de boutoir des caisses du batteur ?
Un jour, des scientifiques théoriseront sur ce sujet complexe et tenteront d'y apporter une réponse documentée. Pour l'heure je me suis réjoui : je m'entendais !
En résumé nous avons plutôt travaillé les nouveaux morceaux, mais nous n'avons pas fait l'impasse, comme souvent faute de temps, sur les "morceaux connus" que nous nous remettons systématiquement en tête et en doigts depuis une ou deux séances.
A la fin de la répète, vers 23h, nous avons écouté plusieurs version du très jamesbondien "demain ou jamais" -paroles et musique de Pierrot- dont nous avons pu apprécier les variations, allant de la ballade mélancolique au rock quasiment guerrier.
Chaque version a son charme, ses atouts, l'idéal serait d'en faire un mix. J'ai encore récemment trouvé dans ma boite mail d'autres essais de notre Leader Maximo, qui vont encore ajouter à notre indécision, tant l'imagination de notre Guitar Héros est grande.
Pour changer de sujet : à ce jour, aucune proposition concrète d'engagement.
Philou a bien émis l'idée que nous jouions pour une soirée Foncia, mais désormais nous avons placé la barre haut : passé le simple plaisir de se produire en public, notre niveau d'exigence s'est élevé : il nous faut une rémunération. Et décemment, on ne peut pas faire payer Philou ! Le type de Sainte Anastasie ne semble pas vouloir renouveler l'expérience champêtre de l'année dernière (du moins, pas avec nous). ll n'y a pas d'anniversaire en vue, ni de fête de la musique imminente, encore moins de bodega demandeuse. Par conséquent nous voila libres de nous plonger dans la création musicale sans l'épée de Damoclès d'un engagement prochain à honorer.
Phil le K était absent. Un décès dans sa famille l'ayant retenu auprès des siens.
Odile également manquait à l'appel. de retour dans la soirée d'un stage sur Lyon, elle ne se sentait pas, après la journée de travail et le retour en train, de pousser la chansonnette.
Pierrot s'est mis à la batterie, son énergie échevelée aux conséquences aléatoires mais toujours passionnantes, compensant une rigueur plus approximative que celle de PleK. Nous avons passé en revue l'ensemble de notre répertoire, profitant de l'absence de Phil et Odile pour improviser et expérimenter un peu. Rien de rare n'est sorti de la session, aucune raison de s'emballer, donc ; Mais c'était globalement plaisant. Comme à chaque fois qu'il manque un musicien, c'est toujours un peu déroutant. Surtout lorsqu'il s'agit d'un membre de la section rythmique. D'autant que du coup la guitare solo manquait aussi à l'appel. Cependant il y a un coté positif : ça nous a obligé à prendre en compte des conditions différentes d'interprétation. Pouvoir jouer dans n'importe quelles conditions, que celles-ci soient modifiées par l'environnement, le matériel ou les musiciens est très formateur. Il est toujours mieux de galérer pendant une répétition que plus tard sur les planches d'un concert ! et plus nous aurons rencontré d'écueils, et trouvé la solution qu'il convient, mieux nous serons armés pour la suite.
Le son était plutôt bon ce soir. Incontestablement Pierrot tape moins fort que Plek. Mais comme dans le paradoxe de l'œuf et de la poule, on s'est demandé si Phil le K joue fort pour couvrir le son de la guitare de Pierrot, ou bien si Pierrot, n'ayant pas à eu à couvrir le son de sa guitare (puisqu'il ne jouait pas) n'a pas eu besoin de taper plus fort.
Est-ce Pierrot qui oblige PHil à taper comme un sonneur, ou bien Pierrot monte-t-il son ampli à des sommets insoupçonnés pour entendre sa guitare sous les coups de boutoir des caisses du batteur ?
Un jour, des scientifiques théoriseront sur ce sujet complexe et tenteront d'y apporter une réponse documentée. Pour l'heure je me suis réjoui : je m'entendais !
En résumé nous avons plutôt travaillé les nouveaux morceaux, mais nous n'avons pas fait l'impasse, comme souvent faute de temps, sur les "morceaux connus" que nous nous remettons systématiquement en tête et en doigts depuis une ou deux séances.
A la fin de la répète, vers 23h, nous avons écouté plusieurs version du très jamesbondien "demain ou jamais" -paroles et musique de Pierrot- dont nous avons pu apprécier les variations, allant de la ballade mélancolique au rock quasiment guerrier.
Chaque version a son charme, ses atouts, l'idéal serait d'en faire un mix. J'ai encore récemment trouvé dans ma boite mail d'autres essais de notre Leader Maximo, qui vont encore ajouter à notre indécision, tant l'imagination de notre Guitar Héros est grande.
Pour changer de sujet : à ce jour, aucune proposition concrète d'engagement.
Philou a bien émis l'idée que nous jouions pour une soirée Foncia, mais désormais nous avons placé la barre haut : passé le simple plaisir de se produire en public, notre niveau d'exigence s'est élevé : il nous faut une rémunération. Et décemment, on ne peut pas faire payer Philou ! Le type de Sainte Anastasie ne semble pas vouloir renouveler l'expérience champêtre de l'année dernière (du moins, pas avec nous). ll n'y a pas d'anniversaire en vue, ni de fête de la musique imminente, encore moins de bodega demandeuse. Par conséquent nous voila libres de nous plonger dans la création musicale sans l'épée de Damoclès d'un engagement prochain à honorer.
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