C’est donc la fin de la saison des concerts. Sainte Anastasie est le huitième de la série, ce qui nous donne tout de même une certaine expérience en la matière. L’amateurisme inconscient du début, fait place à une vision plus précise des contraintes de ce genre d’exercice. Si cela ne nous confère pas plus de talent, au moins savons nous désormais ce que nous devons éviter absolument !
Quoi qu’il en soit, si ce festival veut devenir pérenne, il a sérieusement intérêt à étoffer son offre musicale. Je ne parle pas des groupes qui se sont succédés dans l’après-midi ; les accordéons, la musique celtique, les chorales les penas, le chanteur à voix et même les UFR, qui à mon sens ont plutôt relevé l’ensemble, sont bien sympathiques et méritants, mais à ce niveau, le « festival » relève plutôt de la fête champêtre que d’une manifestation artistique. On est encore à des années lumières des Vieilles Charrues. Les saxos en folie étaient attrayants, mais sans grand relief aux dire de Jésou et Phil. Il faut dire à la décharge de la formation, que le batteur a eu un empêchement de dernière minute et qu’il a été remplacé au pied levé par un mercenaire qui a du s’adapter sans préparation aux us et coutumes en vigueur dans le groupe. Même les spectacles du soir qui bénéficiaient d’une infrastructure plus étoffée, n’ont semble-t-il pas suscité l’enthousiasme des reporters.
E n effet, la seule trace de cette manifestation dans le Midi Libre reste la présence de Miss Europe. Pas un mot, pas une image des différents participants. Aucun compte-rendu à ma connaissance sur la fréquentation ou l’organisation de ce samedi à Russan. Exit le spectacle de cabaret des Frenchie Follies, silence radio sur le feu d’artifice de Ruggieri qui pourtant avait l’intention de faire des étincelles. Je ne sais pas quelle a été l’action marketing des Richard en la matière, mais je leur conseillerai de revoir en profondeur leur plan média, et peut-être aussi leur programmation musicale. Il est méritoire de vouloir monter de toute pièce un rendez-vous artistique annuel, encore faut-il appâter le chaland avec des attractions de qualité. Vouloir mettre le paquet sur l’organisation, payer une miss et un spectacle et faire l’impasse sur tout autre artiste d’envergure, c’est prendre un risque important au vu de la quantité industrielle de festivals qui se montent chaque année. La concurrence est rude, et je ne suis pas sur que c’était la meilleure méthode pour gagner une notoriété. A l’inverse, il est très facile d’acquérir une image négative et de plomber ainsi les perspectives d’avenir.
Nous n’avons pas encore de retour sur notre prestation. J’aimerais bien savoir ce que les organisateurs en ont pensé. Laurent Richard n’est pas du type extraverti, ça risque de ne pas être facile de connaître son ressenti. Si même il nous a écoutés chanter d’ailleurs ! En tous cas je n’ai pas eu l’impression d’aller au casse-pipe. Bien sûr comme je l’ai déjà dit, ça n’était pas la foule en délire. Mais les quatre ou cinq dizaines de spectateurs présents, ont au moins témoigné une silencieuse attention. Certains avaient même les yeux fermés, montrant ainsi une capacité de concentration forçant l’admiration. Ce fut le cas des gens du quatrième âge et autres seniors assis sur des pliants, et de quelques personnes à mobilité réduite, ou mal comprenantes, qui ne quittèrent le douillet confort de leur fauteuil roulant que pour glisser doucement à mesure que les vibrations de nos watts les déplaçaient inexorablement. Certains terminèrent le concert à demi vautrés, les genoux plus hauts que la tête, dans la position du spectateur de foot moyen sur son canapé. La canette en moins. Les yeux révulsés de l’une d’entre elle me conforta dans la certitude que ma voix avait le pouvoir de mettre en transe, fut-elle cataleptique. Les pompiers accourus pour pratiquer un massage flash accompagné d’une seringue d’adrénaline plantée directement dans le muscle cardiaque, eurent le tact de prodiguer leurs soins en silence. Le brancard porté à bras d’hommes s’éloigna dans le couchant, entre deux titres, pour ne pas déranger, tandis que je reprenais, « s’il faut mourir, que ce soit sur scène » ce vers inoubliable de Poune, en dédiant la chanson à cette sympathique spectatrice. Nous apprîmes plus tard que les célèbres infrasons de la basse du Pascou étaient entrés en résonance avec le pace maker de cette patiente des Capitelles, maison de retraite bien connue de l’Uzège et en avaient dessoudés les composants pourtant issus de la recherche spatiale et à l’épreuve des neutrinos et autres rayons cosmiques, provoquant une salve d’extrasystoles fatales.
Je me réjouis d’avoir au moins fait œuvre utile en accompagnant nos chers vieillards durant une petite heure. Ça leur aura facilité l’attente joyeuse de l’heure de la soupe aux vermicelles et sa biscotte sans sel et de la compote de pomme. Nos amis déficients cérébraux auront pu éveiller leur esprit aux accents toniques de mélodies simples, qui auront peut-être fait ressurgir chez les Altzheimer des souvenirs enfouis. Le rythme binaire aura permis aux Parkinsoniens de trembler en mesure, et aux handicapés moteurs d’exercer leurs aires temporospatiales à la frappe des mains. Également nous aurons initié au rock de l’époque héroïque tout une population paysanne nourrie à Daniel Guichard et Michèle Thor.
C’est ça le spectacle vivant !
Désormais, nous allons pouvoir nous consacrer à la création et à terme retourner en studio chez Jako, pour produire, déjà, notre deuxième opus.
mardi 3 juin 2008
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5 commentaires:
Super, c'est la quille! Je vais enfin pouvoir passer des week-ends sans me faire 300 noeuds à l'estomac.
Odile
J'ai l'impression que le sort s'acharne sur moi. Chaque fois que je regarde "Taratata", et vu notre emploi du temps surbouqué je n'en ai guère l'occasion, Lenny K. est invité et devinez quel morceau il chante? I'll be waiting et mon moral qui, lui, n'attend pas, descend à -50°C. A l'aide, sauvez moi.
La choriste congelée
bonsoir à tous,
Je suis en formation pour deux jours.
Un truc passionnant : l'accompagnement au changement.
de la terrasse de ma chambre de l'hotel le Provençal, je contemple la baie, et juste devant, porquerolle.
C'est dur les formations de cadre.
a bientôt
"L'accompagnement au changement"... Je ne sais pas pourquoi, mais je serais toi, je profiterais bien de ma vue sur Porquerolle...
;)
Bien vu Pascale. En fait, Michel n'a pas lu l'intitulé jusqu'au bout. Il s'agit bien d'accompagnement au changement "à la maison". Bonjour les surprises au retour de la formation,lol.
Odile
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