Au Menu du Réveillon : Murge flash et Meumeumage

Quel réveillon, et quel bon cru surtout que cet opus 2007/2008 ! Une partie des UFR étaient réunis ce lundi soir chez Françoise et Jean Paul Thévenon. Les Desimeur et les Mezzasssallma (rayer les consones inutiles) s’étaient joints à la soirée qui rassemblait en outre l’Ultrabassiste du XXIème siècle et le Barge (pardon, Le BarDe) immobile, leurs moitiés, ainsi que votre serviteur et son adorable épouse. Bernard, électron désormais libre de la famille Fabre fermait le ban et confirmait notre totale imperméabilité à toute superstition.

L’autre partie du groupe avait répondue à l’invitation des Isambert. Souvenez vous : Jérôme le batteur que nous allâmes applaudir il y a quelques mois pour la féria.

Une soupe de champagne concoctée comme à l’habitude par Sylvie, accueillait les arrivants, tandis que des feuilletés délicieusement fourrés de tapenade, fromage et snacks égayaient leurs papilles en préambule au choc gustatif de la soirée.

Quant à moi, vous imaginez que je ne pouvais faire autrement que de sacrifier à mon breuvage favori : La boisson ambrée, dont j’avais opportunément apporté un exemplaire pour la circonstance. Vous êtes désormais au courant de ma théorie sur la question : Le whisky (puisqu’il faut appeler les choses par leur nom) est un produit sain, surtout lorsqu’il est « pure & single malt ».

Issu de l’agriculture biologique, préparé en proportion d’une moitié, d’eau des sources qui ruissellent au travers des Highlands écossais, distillé selon des valeurs traditionnelles, et vieilli en fûts de chênes, on ne peut que saluer le peuple fier qui en a découvert le principe de fermentation et d’élevage. A mon sens, la tourbe ajoute encore à ses vertus apéritives,dont les bienfaits ne m’ont jamais fait défaut, sauf dans certaines circonstances où j’avais eu l’outrecuidance d’étancher ma soif conjointement avec d’autre boissons notamment le redoutable champagne.

Alors que parcimonieusement je sirotait mon apéritif, en bon gestionnaire de soirée que je suis, les autres convives s’abreuvaient à la fontaine de soupe de champagne, sans modération aucune. Les fous.

Quant à moi, j’avais établi un plan de bataille, dont je vous livrerai le secret plus loin, qui m’a permis de traverser cette soirée sans encombre et dans un état de fraîcheur que tous m’envièrent.

Foie gras frais au sel et au torchon sur canapés, timbale de gaspacho glacé aux microcrevettes, saumon fumé des balkans et sauce acidulée à la ciboulette et son cube de nougat, rumsteck aux morilles avec ses gratins dauphinois et de courgettes furent les jalons de ce repas vespéral et Sylvestre.
A minuit la liesse éclata, alors que 2007 moribonde cédait la place à la jeune 2008. On sortit cotillons et sarbacanes, on s’embrassa à pleine bouche, dans une atmosphère joyeuse et fraternelle. On appela les familles et les proches, on fit sauter les bouchons de champagne..

C’est un peu plus tard que je décidai de faire un break et m’allongeai sur le canapé du salon. La fatigue accumulée des jours passés, la tension nerveuse que j’évacuai ce soir-là après tant de jours à préparer mon concours, l’échec de ce dernier, sont je pense les éléments objectifs d’un assoupissement passager. C’était là ma botte secrète pour vaincre la lassitude et « tenir » jusqu’au bout de la nuit.

D’aucun, peu attentif à ma stratégie, aurait pu penser qu’une légère ébriété puisse être la cause de cette pause de mi-parcours. Il n’en était rien bien sur, tout cela étant mûrement réfléchi, planifié, élaboré, et ne devant rien au hasard. Je préfère tout de même le mentionner dans ces colonnes afin de lever toute ambiguïté sur mon geste, que je qualifierai de « rebelle » en ce qu’il va à l’encontre d’un ordre petit-bourgeois qui voudrait qu’on ne puisse faire une sieste au milieu d’un réveillon. Je ne supporte pas les diktats, fussent-ils de la mode, ou en l’occurrence festifs. Je revendique le droit de m’amuser quand je le désire, et de prendre du repos quand mon corps l’appelle.

Vous vous en doutez la charité chrétienne n’est pas le point fort de mes amis. Ils ne se privèrent pas de troubler mon sommeil salvateur par mille farces et facéties dont je fus la cible malheureuse et impuissante. Je passerai sur le traditionnel « Oh mon Bateau » avec tangage de canapé, les quolibets moqueurs, l’enfouissement sous divers objets, l’arrachage de ma ceinture et la captation au micro de ce qu’il a paru être des ronflements (grossier trucage : les ronflements, Philou me l’a avoué plus tard, avaient été enregistrés la veille alors que Lolo dormait).

On parla de « murge flash » pour qualifier mon repos. Je voudrais ajouter que tout ceci se passa dans la dignité, et avec le sourire, car je ne conçois pas d’infliger, outre un petit passage à vide, les effets délétères d’une mauvaise humeur.

Toujours est-il qu’au bout de deux heures, tandis que les autres s’empriffraient de fromages et de bûches de Noël (l’une à la pomme verte et à l’ananas, l’autre à la châtaigne, confectionnée par le plombier de Sylvie), je me levai comme un seul homme (d’ailleurs j’étais seul à me lever, ça tombait bien).
Je gratifiai l’assistance d’un concert impromptu de quelques morceaux des Undertakers pour prouver s’il était besoin que j’avais conservé toutes mes facultés intellectuelles, puis nous entamâmes une partie de meumeumage, jeu qui consiste à raconter puis meumeumer une histoire inventée pour l’occasion.

La première histoire, haletante, concernait je crois un type qui faisait du vélo et qui crevait (le pneu du vélo), la seconde, plus pipole, mettait en scène Sarkosy et Carla Bruni lors de leur voyage en Egypte.
Inutile de dire que comme à l’accoutumée, ces sketches furent amplement déformés et enrichis, pour le plaisir de tous.
Avec Philou, entre deux meumeumages, nous battîmes même Alain et Valérie au baby-foot. La modestie m’empêche de révéler le score, il suffit de dire que la déception, la détresse se lisaient en fin de partie sur le visage de nos deux perdants.

Las le temps finit par passer ; Il était un peu plus de 5 heures lorsque la coterie se dispersa dans le froid matinal, comme une volée de moineaux s’envole dans la cour de l’école au sortir des élèves bruyants.