Si on ne le savait pas encore, les médias se sont chargés de nous le rappeler, à grands renforts de reportages-marronniers, et de pubs diverses et variées : C’est donc la Saint Valentin. Fête éminemment stratégique pour nous les hommes en ce qu’il est indispensable de ne pas se démarquer de la concurrence masculine et de proposer à nos tendres blondes leur content de sucreries enamourées « just in time » comme on dit dans le milieu de la logistique industrielle. D’ailleurs le « juste à temps » envahit même le marché ô combien romantique de la fleur coupée, puisque c’est en Hollande que se trouve le plus grand marché européen du genre et que la gageure est précisément d’en livrer au fleuriste juste la bonne quantité, juste au bon moment.
Au-delà des incontournables de ce segment -citons au hasard la pièce de lingerie friponne, le parfum enivrant, le sextoy branché, la gourmandise aguicheuse-, j’ai décidé d’offrir à mon aimée, en gage d’un indéfectible attachement, ce qui pouvait en être la plus précieuse expression : Le tout nouveau remix de notre CD-d’il-y-a-un-an, enfin de trois des titres de notre CD-d’il-y-a-un-an. Et par avance je me réjouis au spectacle de sa surprise, puis de sa joie difficilement contenue quand après avoir défait la jolie ganse du ruban cramoisi puis déchiré le papier doré, elle brandira tel un trophée des victoires de la musique, la glorieuse galette aux reflets irisés. Dans ma tête se répandent déjà les mélodies de Bête de Scène, Docteur Bonheur, Le Train de la Vie. Avec cette attente impatiente et enthousiaste des deux autres CD de trois titres qui ne vont pas manquer de compléter l’édition 2011 de ce projet 2009. Notre répertoire musical d’il y a deux ans en trois volumes : j’en ai rêvé, Jako l’a fait ! Sourire.
Mais foin des reliques du passé, notre Pierrot est passé à la vitesse supérieure. A la dernière répétition, nous avions travaillé avec Lolo « Chuppa Chups », qui se chante comme on suce une friandise, et puis dans sa version crépusculaire et désespérée le « Reviens » aux refrains lancinants et amers façon blues. Ce dernier a du mal à s’imposer sous cette forme, et le débat fait rage entre P., Lolo et moi. Il est vrai que je suis un peu de parti pris quand je manifeste ma préférence pour Ma composition. Après tout même si on aime tous les enfants, on a quand même une petite attirance particulière pour les siens. Lolo aime bien cette version aussi, à tel point que la mélodie s’est imprimée dans sa tête et qu’elle n’arrête pas de la fredonner. Pour un morceau qui s’accompagne sur deux notes, ce n’est pas si mal en définitive. Rappelons pour mémoire Whatever You Want des SQ dont on se rappelle qu’il avait été choisi par notre Leader précisément parce qu’il se jouait sur deux notes. Pierrot quant à lui nous a fourni les deux variations qu’on sait. Pour la forme, il a aussi travaillé ma « partition ». Il est arrivé à en extraire une espèce d’ovni boursoufflé et grandiloquent, volontairement outrancier dans le bling bling, clinquant et Sarkosyen à grands renforts de cuivres synthétiques et de percussions appuyées. Très disco années quatre vingt. Il aurait voulu me saboter le truc qu’il ne s’y serait pas pris autrement ! Mais là c’est mon coté parano qui se manifeste, Ce n’était tout simplement pas bon et point barre.
Du coup mercredi dernier c’est sans plus de prétention créatrice qu’en toute humilité je rejoignis les rescapés du groupe. Le batteur était au ski, la pianiste en RTT, c’est donc le quartet des origines qui se rassembla autour de la table dont la rondeur et la noblesse de ses hôtes m’en rappela une autre, médiévale, magique, contemporaine du roi Arthur, de Merlin et de chevaliers de légende. Je me pris à imaginer quelle Geste un ménestrel de l’époque aurait pu conter à partir de la fabuleuse aventure des Fossoyeurs du Rock.
Mais en matière de légende ce furent les Blues Brothers que convoqua notre Guitar Héro à la SJM en me donnant les paroles de « Everybody Needs Somebody To Love » un des titres phares du célèbre duo de cinéma Ayckroyd/Belushi. Nous peinâmes un bon moment sur le morceau, tentant pour ma part de négocier l’entame récitée puis les phrases syncopées entrecoupées des répons sporadiques de mes partenaires en déchiffrant les paroles dans le texte, à mesure que je les découvrais sur le méchant bout de papier que m’avait tendu un Pierrot enthousiaste : « Vous verrez, c’est pas compliqué, suffit de suivre son instinct ! ». Au bout de cinq ou six tentatives tout le monde convint que c’était bien, « mais qu’il allait falloir se l’approprier » ce qui en langage UFR voulait dire que c’était loin d’être gagné et qu’il allait sacrément falloir en mettre un coup si on voulait dépasser le stade de l’intention surtout compte-tenu de notre assiduité et notre acharnement tout relatif au travail entre deux répètes.
Fort heureusement, et dans une lucide manifestation d’un surprenant pragmatisme, l’UltraMachin-à-Lunettes avait de son coté apporté le texte de « La Fille du Père Noël » sur une recommandation de Catou. Ayant reçu l’aval de P. le titre fut proposé aux présents et pour le coup on se l’appropria en un rien de temps. Il ne fallu que quelques minutes à Poun et Jésou pour intégrer les accords et la rythmiques particulière de ce titre, et de mon coté je n’eus pas besoin de plus d’une tentative pour placer à peu près correctement la scansion, ce que l’on appelle aussi chez les professionnels « L'analyse prosodique en métrique quantitative » ; en gros je m’arrangeai pour tout faire rentrer comme il faut bien dans le tempo comme l’avait fait Dutronc en son temps. On ne se lassa pas de le jouer et le rejouer avec un bonheur sans cesse intact. Surtout notre Pierrot qui tenait les baguettes pour l’occasion et qui nous gratifia d’un délire percussif joyeux et roboratif qui a lui seul justifia le choix de ce titre dont j’ai ouï dire que d’aucun le qualifia de « chansonnette » comparable aux commerciales abominations commises par Dalida et Cloclo.
On conclut cette séance en reprenant « Reviens » dans son interprétation blues, et je mis un point d’honneur à sortir mes tripes sur ce titre, à la façon d’un Bill Deraime déjanté et vociférant qui aurait emprunté les intonations d’une Janis Joplin en pleine défonce interprétant Summertime. Un grand moment d’UFR !
mardi 15 février 2011
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