Ce dimanche matin, après cette très jolie soirée de mousson aoûtienne et son repas aux couleurs de l’été, offerts à notre plaisir par les Fabre, Odile et moi, en quelque sorte au moment où l’aube blanchit la campagne, dès potron minet, au point du jour –vers midi-, allâmes aux Halles acheter quelques moules originaires d’un bouchot atlantique et une poignée de patates sélectionnées, afin de sacrifier à notre petit pécher dominical : moules-frites. Nous fîmes, pour suivre, comme de coutume halte chez l’ancien Capdepon pour y acheter deux gardians « à la feuille » poivrés à souhait, lorgnant avec envie sur la grande jatte de chantilly que venait de remplir le maître du lieu.
Puis passant devant l’étal « la Ferme du Cantal » nous reconnûmes l’établissement du fils de Jean-Marc, « l’homme à la Gordini » qui fut notre hôte durant l’inoubliable week-end cochon de mai dernier dans le Cantal. Repérant une très belle et orpheline côte de bœuf parmi les morceaux de choix de bovins exposés, nous stoppâmes et attendîmes notre tour.
Le jeune patron s’étant enquis de nos souhaits, nous désignâmes la côte. Je précisai que je n’étais pas en terrain inconnu en la matière puisque j’en avais déjà apprécié la saveur et la tendreté « à la ferme ». je me fis lyrique en décrivant les prairies en pentes bordées par la sylve où s'ébattaient les génisses de Salers, puis englobait dans ma louange les porcs nourris scientifiquement. Emporté par l'élan, et un rien flagorneur, j'associai même les daims à ma dithyrambe. Surpris le commerçant me demanda un complément d’information. Je lui confirmai que nous avions fait un séjour chez son père quelques semaines plut tôt avec les D. et quelques autres amis.
Son visage s’éclaira soudain : « Aaah oui ! » S’exclama-t-il, puis me désignant : « vous êtes le chanteur, sur la vidéo ! » Bouche bée, je ne pus que confirmer. J'avais en effet appris que Philippe avait donné l'adresse du blog afin que nos fermiers puissent écouter notre inoubliable ode au cochon écrite un soir de délire par le Leader.« C’était vous sur la vidéo du cochon appuya le boucher ». Le rose aux joues, je ne pus qu'acquiescer, humble, mais fier, ne manquant pas de citer chacun des membres du groupe « sans lesquels rien de tout cela n’aurait été possible, associant au mérite de cette reconnaissance notre avocat et notre manager, ainsi que ma mère à qui je devais tout et mon épouse (ici présente) qui m’avait soutenu dans les moments de doute, sans compter mes enfants dont je ne me lassai pas de contempler dans leurs yeux admiratifs le reflet de ma réussite».
« Et bien, écoutez », poursuivit-il, « votre clip est la meilleure publicité que nous ayons eue depuis des années. Et pourtant depuis la vache folle, tous les fils de pubs s'y sont cassé les dents dessus. mais là, c'est de l'authentique, la vérité ne peut mentir, Le bouche à oreille a fonctionné, le lyrisme porcin des Undertakers a fait merveille, et grâce à vous mes ventes ont décollé de 30% ! Soyez béni : et tiens, cette côte de bœuf, c’est pour moi : je vous l’offre ! Et aussi, si vous pouviez mettre un petit autographe sur le double de la facturette, ça ferait tellement plaisir à ma mère qui est fan ;
Confus, mais fier, je le remerciai et nous priment congé dans la plus totale allégresse.
Bon, d’accord, j’enjolive un peu l’histoire… il ne nous a pas donné la côte de bœuf, et pour la pub, l’incidence sur les ventes et l’autographe, ce ne sont que les fruits de mon délire autocentré. Mais il m’a bel et bien reconnu !
La notoriété, ce n’est pas lucratif, mais ça fait toujours plaisir.
C’est aussi pour ça que je fais ce métier !